"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 16 juin 2022

Olga Rojneva: Sœur Paula (suite et fin)


Le couvent de Saint Tryphon de Kazan est situé sur la colline de Miteinaya. De la haute colline, vous pouvez voir la forêt, les champs et la rivière Tchusova, qui est assez large dans ces régions. En été, il y a une profusion de verdure et le grésillement des insectes, le gazouillis des oiseaux, tout est inondé de soleil, de rayons chauds caressants et de chaleur. Dans le jardin du monastère, poussent des légumes, des pommes de terre et des herbes parfumées, débordant de sève estivale. En automne, il y a les forêts dorées et les herbes d'auburn, l'odeur des feuilles mortes, le gel qui craque sous les pieds... La première neige tombe doucement sur la rivière en glissant dans le sommeil hivernal...

En tout, cette terre est belle à chaque saison de l'année. Ludmila ne se  lassa jamais d'admirer les vues et les couleurs toujours changeantes de ce vaste paysage qui s'étend du sommet de la colline.

Elle vécut dans le monastère pendant douze ans, accomplissant consciencieusement ses obédiences, qui étaient : transporter de l'eau sur un joug au bain et à la cuisine, et plus tard travailler à aumônerie pour les personnes âgées. Elle avait pris sur elle la tâche ascétique de prendre soin des femmes âgées alitées. C'est une obédience particulièrement difficile ; vous devez traiter leurs escarres et supporter les odeurs désagréables de la maladie. Sur la colline de Miteynaya, même maintenant, il n'y a pas d'eau courante, aucun confort de la ville, et à cette époque, ils n'avaient pas tous les articles d'hygiène personnelle, les lingettes et ainsi de suite que nous tenons pour acquis. Surtout pendant la chaleur estivale, cette tâche n'était pas facile, et tout le monde n'était pas en mesure de la supporter.

Ludmila n'a jamais murmuré ; elle mettait toute son âme à prendre soin des babouchkas ; et quand l'une d'elle mourait, elle la lavait en préparation de l'enterrement, et lisait le psautier pour elle.

Malgré toutes les difficultés de son monastère, Ludmila trouva la paix et le repos pour son âme, et sentit finalement que c'était l'endroit où elle était destinée à vivre. Ce sont des choses si étranges : la paix et le repos de l'âme. Vous pouvez les perdre dans les circonstances les plus confortables, débordant d'argent et entouré de biens coûteux, en  ayant une carrière réussie et une position importante.

Mais vous pouvez les trouver dans un pauvre monastère, dans la prière et l'obéissance. Vous vous réjouissez à chaque minute de votre vie - les longs et beaux offices monastiques, un repas convivial au réfectoire, les eaux vives de la source sainte qui renouvellent vos forces. Vous vous plongez dans la source, grimpez la colline, et là vous voyez la chapelle, le champ et les forêts, et votre esprit s'envole. Le Seigneur envoie une grâce si abondante qu'il semble que vous pourriez simplement vous envoler à travers les étendues, légers et libres, sans être accablés par le poids du quotidien.


Le cimetière du monastère. 
Photo: Valery Chepkasov/temples.ru

Parfois, elle partageait aspirations avec son père spirituel :

—Batiouchka, eh bien, je prie Dieu et je lui demande : « Seigneur, j'ai tellement peur d'une mort longue et pénible ! Je supporterai tout sans murmurer, mais je Te demande quand même une fin sans honte, irréprochable et pacifique, ayant reçu les Mystères Divins. S'il Te plaît, ne me laisse pas être alité pendant longtemps, ne me laisse pas souffrir trop, afin que les autres n'aient pas à souffrir en prenant soin de moi, laisse-moi mourir facilement, sans escarres... »

Et par ses prières, le Seigneur lui donna une telle mort. Au début, elle eut un accident vasculaire cérébral mineur. Elle reçut la petite tonsure monastique, alla à l'église et pria. Un jour, Sœur Paula était à l'office et reçut la communion. Elle écouta les prières d'action de grâces, ressentit une faiblesse dans ses jambes, s'assit sur le banc de l'église et, cinq minutes plus tard, son âme alla paisiblement vers le  Seigneur.

Que le Seigneur te donne selon ton cœur, et accomplisse tous tes desseins. *

Car toi, Seigneur, Tu es bon et doux, et abondant en miséricorde envers tous ceux qui T'invoquent.**

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



NOTES:
* Psaume 20:4
** Psaume 85:4

 

 


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