Tout ce qui a trait à la vie spirituelle, tout ce que nous vivons au sein de l'Église, peut être traité de deux façons : l'une consiste à ne pas du tout engager son cœur dans tout cela. Tout est formel, théorique et logique. Le cœur n'est jamais touché, le cœur ne se préoccupe jamais de tout ce qui se passe dans votre vie spirituelle. En d'autres termes, les gens éloignent délibérément leur cœur de ce qui se passe et peuvent ainsi sentir qu'ils ont même le contrôle des choses.
C'est un grand piège, car chaque fois que nous découvrons que notre cœur est à l'extérieur des choses, nous nous rendons compte que nous aussi, nous sommes à l'extérieur, que nous ne participons pas à la vie de l'Église, à la vie de l'esprit.
L'autre façon est de voir son cœur partager les choses, ce qui signifie que tout ce qui se passe à l'extérieur a des répercussions à l'intérieur, dans le cœur. En d'autres termes, tout ce qui se passe à l'extérieur, que ce soit vraiment, dans l'Église, dans le culte de l'Église, ou personnellement dans la lutte de chacun de nous, doit être considéré comme s'infiltrant dans notre existence, dans notre cœur, impliquant notre cœur, concernant notre moi à titre personnel.
Alors tout acquiert un sentiment personnel, une fonction personnelle, tout est maintenant vrai, tout affecte la personne et, en substance, tout reflète ce que nous vivons.
Passer du formel au substantiel, c'est-à-dire passer de la logique des choses à une compréhension personnelle, à la vie du cœur, n'est pas du tout facile. Il faut s'humilier.
Seules les personnes humbles ont une vie de cœur. Les gens fiers pèsent tout logiquement, soutenus comme ils le sont par leur arrogance. Mais quand nous nous humilions, tout ce qui est en nous devient vrai. Le cœur commence alors à avoir des expériences, à avoir des sentiments, des émotions spirituelles, tout dans notre vie commence à devenir vrai. Alors, pour la première fois, nous découvrons que nous avons une vie personnelle, une vie spirituelle, une vie spirituelle personnelle. Et, qui plus est, la Personne de Dieu commence à nous concerner à un niveau personnel, non pas à un niveau interne, utilitaire, mais à un niveau personnel.
Tout résonne en nous. C'est là que nous verrons à quel point Dieu est présent dans notre vie, c'est là que nous verrons à quel point nous sommes ouverts à l'Esprit de Dieu, ou à quel point nos peurs, nos insécurités et la raison humaine se sont établies en nous.
Nous verrons combien il y a de place pour la Présence de Dieu en nous, combien nous ressentons notre péché, combien ce péché s'est profondément enraciné en nous comme une entrave à notre relation avec Dieu et combien la présence de Dieu est mise en danger par notre propre vie personnelle. Tout prend alors une dimension personnelle. La douleur et la repentance sont alors une affaire très personnelle et très authentique.
La prière est quelque chose de très vrai car elle concerne le cri d'une âme vers Dieu - mais un cri sincère - qui provient de l'intérieur de la personne, et non de notre raison. Tout est maintenant vrai. Nous vivons maintenant notre propre vérité devant Dieu. Mais cela a été précédé d'une longue étape au cours de laquelle nous avons dû faire preuve d'humilité, afin d'entendre nous-mêmes notre cœur, afin d'être en contact avec notre cœur.
Je dis tout cela pour que nous puissions comprendre que nos jours sont un peu difficiles, en termes extérieurs, parce que nous sommes sous la pression de circonstances extérieures. Il est temps pour chacun de nous de voir jusqu'où sa personnalité est active et fonctionne dans sa vie personnelle, jusqu'où son identité est active et fonctionne personnellement, son cœur personnellement, jusqu'où il est personnellement affecté par sa relation avec Dieu, jusqu'où il peut lutter en lui-même contre ses peurs et ses difficultés, jusqu'où les pensées souvent hostiles qui se présentent à lui peuvent être tenues à distance par la foi, l'amour et la confiance en Dieu. Dans quelle mesure toutes ces choses sont vraiment véritables dans leur vie.
Il est temps de voir à quoi ressemble la vie spirituelle des chrétiens ? Quelle est notre foi réelle en Dieu ? Dans quelle mesure la peur est-elle diminuée face à la foi ? Dans quelle mesure sommes-nous sincères envers Dieu ? Comment vivons-nous l'expérience de Dieu en nous ? Dans quelle mesure chacun de nous ressent-il son péché comme un obstacle, en souffre et pleure ? Dans quelle mesure ressentons-nous la présence de Dieu en tant que puissance ? Très souvent, il est difficile de remettre notre existence entre Ses mains. Tout cela démontre qui nous sommes vraiment.
Quand de telles épreuves nous arrivent, quand des choses arrivent qui mettent l'existence humaine sous pression, c'est une occasion pour nous tous de voir qui nous sommes vraiment vis-à-vis de Dieu. Qui nous sommes vraiment face à notre conscience. Qui nous sommes face à notre existence. C'est une chance pour nous de voir maintenant à quel point notre prière est pleine de foi. Combien elle est vraie. Combien elle s'ouvre vraiment à Dieu.
[De voir dans quelle mesure] elle repose sur la confiance. Combien elle est reposante devant Dieu, même si, dehors, là, sont les combats et les pressions. C'est une chance pour chacun de nous de voir ce que nous voulons vraiment, vraiment en nous. À quoi ressemble notre personnalité. A quoi ressemble notre vie personnelle par rapport à Dieu.
C'est une grande opportunité que nous avons maintenant. Pourquoi ? Parce que nous lisons souvent dans la vie des saints des récits de leurs œuvres et de leurs luttes, de leurs difficultés, de leurs réalisations et des solutions qu'ils ont trouvées aux pressions qu'ils ressentaient. Mais très souvent, nous comprenons ces choses de manière émotionnelle, logique, pas vraiment existentielle.
Le moment arrive dans notre propre vie où la vérité de la vie frappe à notre porte et veut savoir ce que nous avons fait jusqu'à présent. Qu'avons-nous accompli ? Qui sommes-nous vraiment ? Qui sommes-nous en nous-mêmes ? Quel est le lest moral que nous avons dans notre vie spirituelle ?
J'ai ressenti aujourd'hui, intensément, combien il est important pour nous d'exploiter de tels moments. Non pas pour exorciser une peur, mais pour voir, pour nous sentir révélés, vrais, nus face à la Vérité de Dieu.
Les choses qui nous mettent sous pression vont et viennent. Elles viendront, mais ensuite elles partiront, comme ces choses le font. Mais nous devons tirer un certain profit de tout cela. Nous devons prendre part de la vérité de Dieu et cela doit devenir notre réalité. En bref, nous devrions lutter contre tout ce qui est malade, faible, creux et hypocrite en nous.
Tout d'abord, il faut lutter contre toutes ces choses. Et on les combat dans l'obscurité profonde de notre cellule. C'est là qu'on peut les combattre. C'est là que vous voyez qui vous êtes vraiment.
Je prie de tout mon cœur pour que nous sortions grandement gagnants de ces vicissitudes que notre pays et le monde entier vivent. Plus humblement devant Dieu, plus vrai devant Dieu et devant notre conscience. Et Dieu s'occupera de tout le reste. En tout cas, Il l'a promis. Alors nous trouverons vraiment la paix : quand nous nous soumettrons en confiance au plan de Dieu, à la présence de Dieu.
Je prie de tout mon cœur pour que ces journées soient fructueuses pour nous tous.
(Enregistrement d'une homélie lors de la liturgie présanctifiée, mercredi 11/3/2020.)
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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