Higoumène Xénia
Beaucoup de mes articles ont été
écrits à partir des histoires venant des sœurs de l'Ermitage de La Mère de Dieu
Kazan-Saint Tryphon et de son père spirituel, le Père Savvaty. Aujourd'hui, chers
lecteurs, je voudrais vous présenter, l'higoumène de ce monastère, Xénia (Oschepkova).
Matouchka Xénia parle du contact
avec le monde invisible, du retour à la vie après une mort clinique, de la
manière d'acquérir et de préserver la paix de l'esprit, et bien plus encore.
Comment ma
grand-mère l'a dit sans détour
Mon père naquit quand mon
grand-père eut cinquante ans. Mon père était tout aussi âgé quand je suis née.
Il s'avère donc que mon grand-père et ma grand-mère sont nés au XIXe siècle, et
je vis au XXIe siècle.
Mon grand-père et ma grand-mère furent
élevés dans la foi et la piété, mais ma mère et mon père naquirent à l'époque
soviétique, lorsque les gens étaient découragés de la foi. Ils grandirent en
tant qu'Octobristes, Pionniers, et membres du Komsomol.
"La religion est l'opium des masses." Et ma sœur et moi avons grandi
sans être baptisés et sans croire en Dieu.
Pour ma grand-mère, comme pour
d'autres grand-mères, ce fut un grand chagrin. Elles l'ont toutes enduré avec
une grande douleur de ne pouvoir pas baptiser et faire communier leurs bébés.
Je ne sais pas comment ma vie aurait tourné si, finalement, ma grand-mère
n'avait pas été franche. Elle a dit à ma mère, sa fille: "Je ne pourrai
pas mourir en paix si mes petites-filles restent non-baptisées."
C'était en 1984, et les autorités
surveillaient de près ceux qui baptisaient leurs enfants et les emmenaient même
seulement à l'église. Mes parents travaillaient dans une usine militaire à Perm
et avaient peur de baptiser leurs filles dans la ville. Ma sœur et moi avons
été emmenées dans une autre province, dans un village éloigné, où une église ouverte
avait miraculeusement survécu, et nous avons été baptisées en secret. J'avais
alors treize ans.
Nos grands-mères
Maintenant, en tant qu'higoumène
du monastère, j'ai l'occasion de rencontrer de nombreux pèlerins et d'entendre
diverses histoires. Et les gens admettent souvent : "Je suis venue à Dieu
à un âge avancé. Je ne sais pas pourquoi, sans raison apparente..."
Et si vous demandez : "Y
a-t-il des croyants dans votre famille ?"
Ils répondent généralement :
"Oui, ma grand-mère !"
Les prières de nos grands-mères
sont salvatrices, elles sont vivantes, et elles raniment nos âmes endurcies
pour la vie éternelle. Elles ne sont pas canonisées en tant que saintes, nos
grand-mères. Comment ont-elles pu plaire à Dieu au point qu'Il entende leurs
prières ? Beaucoup d'entre elles sont mortes avant de pouvoir élever leurs
petits-enfants dans la foi. Elles n'étaient elles-mêmes que des croyantes.
Et elles avaient confiance en
Dieu. Il ne suffit pas d'aller à l'église. Vous devez laisser Dieu entrer dans
votre vie et avoir confiance et espoir en Lui. Elles ont supplié Dieu pour
leurs enfants et petits-enfants incroyants. Et le Seigneur n'a pas fait honte à
leur foi, celle des confesseurs.
Moniale mégaloschème
Valentina
Daria et Xénia
Mes deux grands-mères étaient
profondément religieuses. Grand-mère Daria était très pieuse, elle aimait des
pauvres, et elle recevait des pèlerins, donnant même ses miettes. Elle lavait
les vêtements des mendiants, les réchauffait sur le poële.
Grand-mère Xénia était une femme
de prière. Elle est morte quand j'avais seulement trois ans. Mais elle priait
tellement pour moi que lorsqu'on me demandait mon nom avant ma tonsure, je
sentais mystiquement que je voulais son nom.
Je suis tellement reconnaissante
à mes grands-mères ! L'une était miséricordieuse, et l'autre priait pour moi.
Et par leurs prières, je suis la moniale Xénia.
L'audace devant
Dieu
Un jour, ils ont amené une femme
de trente-sept ans dans notre monastère - ils l'ont amenée alors qu'ils conduisaient
une personne malade à l'hôpital. Elle m'a raconté son histoire. Son mari l'avait
trompée, et pour qu'elle ne l’en empêche pas, il a commencé à l’enivrer. Puis
il l'a quittée, et elle a pris des cachets. Elle était aux soins intensifs et avait
connu une mort clinique.
Elle sentit son âme quitter son
corps, et elle vit son arrière-grand-mère s'agenouiller devant Dieu et Le
supplier en larmes : "Donne-lui plus de temps, Seigneur !" Et elle a
senti son âme retourner dans son corps. Ils avaient déjà prévu de l'emmener à
la morgue de l'unité de soins intensifs. Puis ils ont regardé et ont vu que son
cœur s'était remis à battre.
Nos grands-mères ont de l'audace
devant Dieu...
Prière pour vos
proches
La prière pour vos proches - avec
douleur de cœur, avec amour - porte ses fruits. Notre moniale mégaloschème
Valentina m'a raconté un jour que sa mère croyante priait souvent pour elle, et
qu'elle-même n'allait même pas à l'église.
Lorsque sa mère est morte, elle
est allée à l'église. Puis elle est devenue la moniale Barbara, et plus tard, la
moniale mégaloschème Valentina. C'est un exemple de la foi de confesseur d'une
mère, des fruits abondants des prières d'une mère.
Devenue religieuse, j'ai moi-même
commencé à prier avec ferveur pour mes parents qui étaient alors totalement
incrédules. Au bout de sept ans, ma mère a commencé à lire le Psautier. Puis
elle et mon père ont été couronnés [se sont mariés] dans l'Église.
Première rencontre
avec le monde invisible
Après mon baptême, tout dans ma
vie est apparemment restée comme avant, mais la Grâce a commencé à œuvrer dans
mon âme.
En huitième année, mes parents
m'ont envoyé faire un voyage de Perm à Ples, ville ancienne et tranquille sur
la Volga. J'y ai vu de nombreuses églises délabrées et j'ai soudain voulu y
entrer. J'ai convaincu mes deux amis et nous avons décidé d'y entrer en douce.
Nous avons escaladé la clôture à certains endroits, par une fenêtre à demi
barrée à d'autres ; dans une église, nous avons grimpé à l'échafaudage, et dans
une autre, dans un étroit escalier en colimaçon jusqu'au clocher.
Et de façon tout à fait
inattendue, dans ces églises oubliées, mon âme a éprouvé un étrange frisson -
la caresse de Dieu, la touche de la Grâce divine. Je sais maintenant que chaque
église, même celle qui est en ruine, a un ange gardien, mais à l'époque, je ne
savais pas pourquoi mon cœur était rempli d'une joie tranquille.
Ce fut le premier contact de mon
âme avec le monde invisible, et il est resté dans ma mémoire pendant longtemps,
jusqu'à présent.
L'higoumène Xénia
dans son monastère d'origine
"Puis je me
suis mise à pleurer"
J'aimerais partager mon histoire
sur les bienfaits des voyages dans les lieux saints, même pour les
non-croyants. Je n'étais pas encore religieuse en 1991. Un jour, j'ai acheté un
voyage de plusieurs jours pour aller de Bakhchisarai à Yalta. Ils nous ont
emmenés visiter un monastère de grottes. J'ai vu des icônes sur les rochers, au
centre, en rouge, sur les bords, un motif en damier. Je ne comprenais pas qui
c'était. Mais pour une raison quelconque, j'ai regardé cette image pendant
longtemps comme si je voulais apprendre un secret, comprendre. Il s'est passé
quelque chose dans mon âme, mais quoi, c'était complètement incompréhensible.
Je suis rentrée chez moi, puis je
suis venue à Dieu, et ensuite au monastère. Un jour, j'ai décidé de regarder
quel jour j'avais été tonsurée comme moniale. C'était le 20 mars, le jour des
Sept hiéromartyrs qui étaient évêques à Kherson. Je me suis même énervée, car
le jour de votre tonsure est toujours important pour les moines et moniales, et
pour beaucoup, il tombe lors d'une fête de l'Église, mais à cette époque, je ne
savais absolument rien de ces hiéromartyrs.
Après dix ans, en 2001, déjà en
tant que moniale, je me suis retrouvée à Bakhchisarai, sur les mêmes rochers.
Il y avait là une église de la Dormition, et au-dessus d'elle une image
restaurée de la Très Sainte Génitrice de Dieu en rouge, avec les sept
hiéromartyrs de Kherson.
Alors je me suis mise à pleurer.
Je ne pense pas avoir à expliquer pourquoi j'ai pleuré...
Monastère de la
Sainte Dormition
Vous ne savez pas
quand le Seigneur touchera votre âme
Je suis venue à l'église après un
tour en bus dans ma ville natale de Perm. Je pense que j'étais déjà prête à
commencer ma vie d'Église. Nous passions devant la cathédrale de la
Sainte-Trinité quand le guide a dit "La cathédrale a une école du
dimanche."
J'ai tout de suite eu envie d'y
aller, et donc, grâce à une visite laïque typique, je me suis retrouvée dans
une église.
C'est pourquoi, maintenant, en
tant qu'higoumène du monastère, je soutiens de tels voyages vers les lieux
saints, même s'il ne s'agit pas de pèlerinages mais d'excursions : Nous ne
savons jamais quand le Seigneur touchera l'âme humaine et, peut-être qu’après
avoir visité une demeure monastique, un non-croyant viendra à Dieu.
J'ai beaucoup appris à l'école du
dimanche et j'ai commencé à être éduquée dans l’Eglise. Nous avions des
professeurs merveilleux. Ils ne se contentaient pas de nous parler de Dieu,
mais vivaient en Lui. Le père Dimitry, un de nos professeurs, était un enfant
spirituel du staretz Jean (Krestiankine), et quand il nous disait quelque
chose, ses paroles pénétraient dans notre cœur, parce qu'elles avaient la force
d'une expérience spirituelle personnelle.
Maintenant, chaque soir, de
retour chez moi, je lis la Loi de Dieu [Закон божий, catéchisme]. La
littérature profane et la télévision ne m'intéressent plus. J'ai consciemment
communié pour la première fois.
Cathédrale de la
Sainte-Trinité, Perm
Comment choisir le
bon chemin dans la vie
Jeunes et vieux étudiaient dans
notre école du dimanche. Un jour, un servant d'autel de la cathédrale s’adressant
à nous jeunes gens, nous a dit: "Pour choisir le bon chemin dans la vie,
afin que la volonté de Dieu s'accomplisse en nous, nous devons prier la Mère de
Dieu. Lisez-lui quarante acathistes !"
Je n'avais pas de collection d'acathistes,
alors j'ai lu quarante canons à la Très Sainte Génitrice de Dieu pendant
quarante jours. Maintenant, je pense que c'est précisément cette prière sincère
de jeune fille qui m'a conduit au monastère.
Habituellement, les gens ne
connaissent pas ou ne comprennent pas la Providence de Dieu pour eux. Chaque
personne est en accord avec une chose selon sa connaissance et sa
compréhension, mais le Seigneur, a peut-être préparé quelque chose de
complètement différent pour elle. Et, pour comprendre notre appel, nous devons
prier et implorer que notre volonté et la volonté de Dieu pour nous coïncident,
et que nos efforts portent leurs fruits dans notre vie terrestre.
Une église
solitaire au milieu des bois et des champs
Une église solitaire
au milieu des bois et des champs
Par la grâce de Dieu, mon chemin
vers le monachisme a été court. J'ai reçu la tonsure monastique dans ma
jeunesse. C'est ainsi que cela s'est passé :
À la fin de l'année scolaire, les
professeurs de notre école du dimanche ont décidé d'organiser pour nous un
voyage à l'église de Tous les Saints à Verkhnechusovskie Gorodki. Il était
difficile de s'y rendre en 1992, d'abord par train électrique, puis par la
route, puis par ferry à travers Tchousovaya, et enfin à pied jusqu'à la
colline. Nous étions cinq à y aller : notre professeur, trois autres personnes
et moi-même.
Quand nous sommes descendus à la
petite gare, j'ai vu l'église de Tchousovaya sur la rive opposée, et elle m'a
semblé extrêmement belle, simplement merveilleuse - une église solitaire sur la
colline, au milieu des bois et des champs.
Nous sommes arrivés à l'église et
nous avons été accueillis par son recteur, le père Savvaty (Roudakov), mon
futur père spirituel. C'était début août, et il venait de rentrer du fauchage.
Batiouchka avait construit à l'église une maison pour personnes âgées seules et
infirmes, et il y avait déjà une petite communauté de sœurs qui y travaillait
et s'occupait des personnes âgées.
De l'autre côté de Tchousavaya
- l'Ermitage de la Mère de Dieu de Kazan-Saint Tryphon
Remarquables
ascètes
Plus tard, j'ai appris que la
colline sur laquelle se trouve l'église s'appelle Saint ou Miteinaya - d'après
le bienheureux Miteika, qui priait souvent ici la nuit il y a de nombreuses
années. J'ai également appris que saint Tryphon de Vyatka (1546-1612), fondateur
de plusieurs monastères de Vyatka et remarquable ascète qui acquit de nombreux
dons du Saint-Esprit, a œuvré dans ces lieux.
Pendant près d'un quart de siècle
- de 1957 à 1981 - le célèbre archiprêtre et staretz Nicolas Ragozine, qui
acquit les dons de clairvoyance, de discernement spirituel et de guérison des
corps et des âmes humaines, servit dans l'église de Tous les Saints.
À la fin de sa vie, la cabane où
vivait le staretz était en mauvais état, mais c’était un ascète et il s'occupait
de ses paroissiens plus que de lui-même. Lorsque ses enfants spirituels
proposaient à Batiouchka de commencer la construction, il répondait que sa vie
se terminait et que rien d'autre ne serait construit durant sa vie, mais
qu'après sa mort, il y aurait un monastère. Et le père Nicolas parlait à ses
enfants spirituels du futur monastère, en leur montrant où il serait construit.
Il a même décrit l'apparition de
son successeur, le Père Savvaty, qui a parlé de la clairvoyance du staretz :
"J'étais encore à l'école et il m'a vu avec son esprit."
L'archiprêtre Nicolas
avec Matouchka Anna
"Que tes
paroles sont douces à mon goût, plus douces que le miel à ma bouche !"
J'ai découvert tout cela plus
tard, mais ensuite, lors de notre premier voyage à la colline de Miteinaya,
nous avons dîné, nous nous sommes reposés et sommes allés le soir à l’office de
minuit. C'était mon premier office de nuit et je m'en souviendrai toute ma vie.
Dans ce lieu, à l'écart de l'agitation du monde, dans le calme de la nuit, les
mots pénétrants du dix-septième cathisme ont retenti : Que tes paroles sont
douces à mon goût ! plus douces que le miel à ma bouche !
L'église de Tous les
Saints dans les années 90
Ces paroles, ont touché dans mon
âme une corde sensible jusqu'alors inconnue. Puis Batiouchka est sorti et a
fait une homélie sur les bienfaits de la prière nocturne. Le sentiment était
indescriptible ! Le lendemain, nous nous sommes rendus aux sources sacrées de
l'icône de la Mère de Dieu de Kazan et de Saint Tryphon de Vyatka. Encore une
fois, de nouvelles impressions !
L'église de Tous les
Saints maintenant
Un acte sans
précédent pour moi
Je dois dire que je suis une
personne calme et timide par nature. Avant le voyage à Verkhnechusovskie
Gorodki, je n'avais même pas osé aller à Moscou pour affaires toute seule, sans
mes parents, bien que je fusse déjà majeure. Et puis, au troisième jour de mon
séjour dans la communauté de l'église de Tous les Saints, je suis allée voir le
père Savvaty et lui ai demandé sa bénédiction pour venir vivre et travailler
avec lui. C'était un acte sans précédent pour moi.
Batiouchka m'a donné le feu vert,
je suis donc retourné à Perm, j'ai quitté mon travail et le 10 octobre 1992, je
suis arrivé à la colline de Miteinaya pour accomplir mon obédience. Je ne
savais pas alors que le 10 octobre est le jour du Saint Sauveur de Solovki, le
protecteur céleste de mon futur père spirituel.
Pour mes parents, cette étape venait
tout à coup, mais ils sacrifièrent leurs désirs et leurs rêves pour mon avenir.
Je leur en suis très reconnaissante ! Plus tard, des parents sont venus vers
plusieurs de nos sœurs, essayant de les convaincre de revenir dans le monde,
mais mes parents eux, m'ont laissé partir, bien qu'il leur ait été très
difficile de supporter mon départ pour le monastère.
Père spirituel et
bâtisseur du monastère
Lorsque je suis arrivé à la
colline de Miteinaya, le recteur de l'église de Tous les Saints, le futur constructeur
et père spirituel de notre monastère, le père Savvaty, y œuvrait déjà depuis
cinq ans. Arrivé de sa ville natale de Perm en 1987, immédiatement après son
ordination, il ne vit sur la colline qu'une vieille église abandonnée et une
cabane en ruine. Le poêle ne gardait rien au chaud, et au matin, tout était
froid et l'eau du lavabo était gelée. Il n'y avait pas de commodités, pas de
gens. Des vieilles femmes venaient à l'office, en traversant sur le ferry.
Quand la navigation s'arrêta, la colline devint presque coupée du reste du
monde. En hiver, elles traversaient la rivière Tchousovaya à pied sur la glace.
Il y a un très vieux cimetière
autour de notre église sur la colline - si vieux que lors des funérailles, les
gens ne remarquaient même pas les vieilles tombes, au niveau du sol, et en
creusant la fosse, ils tombaient sur de vieux os. Parfois, ils étaient simplement
jetés sur le côté, les gens ne se souciant que de leurs propres défunts.
Le père Savvaty nous a raconté
qu'au début de son ministère, il avait l'impression d'être dans un conte de
fées, comme dans "La nuit avant Noël " [Film de Noël qui se passe
dans la campagne d’Ukraine] ou dans un film où "les morts sont debout
avec des faux" [paroles tirées d’un film d’aventure soviétique de 1967].
Lui et ses grand-mères paroissiennes rassemblèrent même ces os pour qu’ils
soient enterrés.
Puis ils lui ont dit qu'il y
avait aussi un mort dans la cave de sa cabane. Alors que les hommes
construisaient une cellule pour le staretz Nicolas Razogine, ils trouvèrent des
os humains. Quel âge avait cette tombe ? 100 ans ? 200 ? Ils enterrèrent
simplement les os dans un coin de la cave et continuèrent calmement à creuser
la cave.
Les gens du coin amenaient leurs
morts, et le père Savvaty leur servait les funérailles et une pannikhide. Des
types effrayants et ébouriffés s'approchèrent de lui et lui demandèrent avec
une voix de basse profonde si c'était effrayant pour le jeune batiouchka. Et il
répondit : "Qu'y a-t-il à craindre des morts ? Je prie pour eux."
Ermitage des femmes
de la Mère de Dieu de Kazan-Saint Tryphon
La présence orante
du staretz
J'ai immédiatement senti la
présence orante de l'archiprêtre Nicolas Razogine à la colline de Miteinaya -
tous ceux qui viennent le sentent. Le père Savvaty nous a parlé de l'aide
spirituelle du staretz.
Après la mort du Père Nicolas,
deux prêtres ont essayé de servir ici, mais ils ne pouvaient pas supporter la
nature sauvage, la peur, le manque de vie normale, les gens, le manque de
commodités - beaucoup de choses. Le père Savvaty eut également peur. Il fut
sauvé par la prière. Quand les choses devenaient très difficiles, il mettait la
soutane du père Nicolas et officiait ainsi.
Batiouchka ressentit l'aide
invisible du père Nicolas de façon particulièrement claire lors de sa première Liturgie
à la colline de Miteinaya, quand lui, jeune prêtre inexpérimenté, fut saisi de
peur et d'inquiétude. Il ressentit le puissant soutien du staretz, qui était
comme présent à ses côtés pendant la Liturgie, l'aidant, le guidant et l’encourageant.
Le sentiment de la présence du staretz était si fort que le père Savvaty s'en
est souvenu toute sa vie.
Notre monastère a
commencé par une maison de retraite
Notre monastère a commencé avec
une maison de repos et des femmes âgées, dont beaucoup étaient des filles
spirituelles de l'archiprêtre Nicolas. Elles vieillissaient toutes
progressivement et avaient besoin d'aide et de soins. Lorsque le Père Savvaty
venait célébrer les offices pour elles, elles le suppliaient toutes, comme si
elles avaient conspiré ensemble: "Prenez-nous pour rester avec vous
!"
Un jour, Batiouchka prit le ferry
pour aller voir une des vieilles femmes. Il vit que sa maison se trouvait près
de la Tchousovaya ; au printemps, la rivière a débordé et il y avait quinze
centimètres d'eau sur le sol de sa cabane. Elle était couchée sur son lit, sa
jambe était enflée, elle ne pouvait pas marcher. Elle était couchée dans une cabane
non chauffée et ne pouvait pas apporter de bois de chauffage. Elle était en
train de mourir, et il n'y avait personne pour lui fermer les yeux...
Communauté monastique
à la colline de Miteinaya
Batiouchka nous a raconté plus
tard comment il a laissé cette femme triste et a pensé : Que dois-je faire ? Il
ne pouvait pas prendre le ferry pour aller la voir, elle et toutes celles qui étaient
dans le besoin, tous les jours. Il n'y avait pas assez de temps. Il marchait,
fatigué - il y avait beaucoup d’offices ce jour-là - et il essayait de trouver
quoi faire, comment aider.
Puis, soudain, la solution est
apparue : En fait, il allait prendre les femmes âgées avec lui et leur
construire une maison - une maison de retraite, juste à côté de sa cabane et de
l'église sur la colline de Miteinaya.
Au fil des événements, Batiouchka
comprit que c'était bien là son obédience et que cela venait de la volonté de Dieu.
Il n'avait pas d'argent pour construire des bains publics, encore moins une cabane.
Et dès qu'il décida d'accueillir les vieilles femmes, quelqu'un lui offrit 2.000
roubles. Il n'avait jamais tenu autant d'argent dans ses mains auparavant !
Le père Savvaty acheta des
matériaux de construction, engagea des ouvriers et commença la construction de
la première maison en bois avec huit cellules : quatre petites pièces/cellules
au premier étage et quatre au deuxième. Selon ses calculs, une ou deux
personnes pouvaient vivre dans chaque cellule. La cabane n'était même pas
encore construite quand il accueillit les mêmes vieilles femmes qui ne
pouvaient pas marcher.
Nos babouchkas
Les matériaux de construction
commençaient à s'épuiser, mais la maison n'avait pas encore de toit. Batiouchka
pensa : "Eh bien, c'est fini... L'argent s'épuise, et la cabane restera
inachevée." Mais dès que l'argent s'était épuisé, plus d’argent arriva, et
cela suffit pour payer les ouvriers et continuer à construire. Lorsque la
maison fut terminée, l'argent cessa d'affluer, et il en resta très peu - assez
pour allumer quelques cierges et acheter de la nourriture.
Le père Savvaty installa donc les
femmes dans cette maison et elles commencèrent à vivre ensemble. Il officiait
dans l'église, faisait des visites pastorales et s'occupait des babouchkas. Une
vieille dame militaire l'aida. Puis le Seigneur lui envoya une babouchka un peu
plus jeune, et un peu plus tard, nous, jeunes sœurs les futures moniales Tamara
et Xénia, sommes arrivées. Puis nous avons commencé à nous occuper des
babouchkas pendant que le Père Savvaty officiait, car les besoins pastoraux ne
cessaient de croître, et de nouveaux paroissiens cherchaient à se nourrir
pastoralement.
Nos babouchkas
Une bénédiction
pour la vie monastique
Un bon nombre de jeunes hommes et
jeunes femmes apparurent progressivement sur la colline. Puis Batiouchka alla
avec nous voir le staretz archimandrite Jean (Krestiankine), qui était son père
spirituel depuis plusieurs années déjà. En chemin, nous nous sommes disputés
jusqu'à être enroués : "Nous allons avoir un monastère de femmes !"
"Non, d’hommes !"
"Ecoutez, demandons au
staretz, et quoi qu'il bénisse, c'est ce qui se fera !"
Le Père Savvaty au travail
Le Père Jean nous reçut avec
gentillesse, mais il ne parlait guère aux jeunes hommes, alors ceux-ci se
tenaient contre le mur. Il s'adressa immédiatement à nous, les femmes, et a
commença à nous instruire. Il parla de la façon dont les moniales devraient
être et de ce que devrait être un vrai monastère. Il nous adressa une parole
d'adieu et une bénédiction pour la vie monastique et pour la fondation d'un
couvent.
Et c'est ce qui s'est passé. Les
jeunes hommes qui nous accompagnaient se sont discrètement dispersés : certains
se sont mariés, d'autres sont devenus diacres, d'autres encore sont devenus
prêtres mariés. Mais les sœurs sont restées.
La communauté
monastique de la colline de Miteinaya ; la moniale Xénia est à la droite du
père Savvaty
Ma première obédience
Au début, tout était instable
dans notre communauté. La maison de retraite avait été construite à partir des
planches de l'ancien centre de loisirs (ils l'avaient démonté et avaient
construit un centre en pierre à Gorodki). Tous ceux qui vivaient dans cette
maison - les babouchkas et les jeunes sœurs - avaient très froid. En hiver,
elles s'allongeaient sous des couvertures, sur une pile de vêtements, et elles
comprenaient qu'elles ne pourraient se lever le matin que grâce à la prière,
qui réchauffe.
Ma première obédience fut de
m'occuper des vieilles femmes. Personne ne m'avait appris cela, mais ma mère
s'était occupée d'un patient alité pendant cinq ans. Ce n'était pas difficile
pour moi de m'occuper d'elles, j'essayais de tout faire consciencieusement.
Beaucoup de babouchkas souffraient
avant de mourir, puis elles reposaient dans leurs cercueils si lumineuses, avec
des visages cireux - transition de la vie corruptible à la vie incorruptible.
Et il était clair que leurs souffrances d'avant la mort facilitaient leur
destin posthume. C'était comme un signe de Dieu qu'elles avaient été jugées
dignes de Sa miséricorde, témoignage qu'elles avaient été pardonnés et qu'elles
n'avaient pas souffert en vain.
Dans le champ de foin
Après tout, nous pleurons ceux
qui partent, et le Seigneur nous donne certains signes par lesquels nous
pouvons comprendre que quelqu'un a été pardonné. Pour moi, il y a aussi des
signes indiquant le jour de sa mort, la fête où tombe son quarantième jour...
Le jugement humain est une chose, tandis que le jugement de Dieu en est une
autre... Les gens ont besoin de soutien et de réconfort.
Je me souviens de la babouchka
Valentina Ogloblina. Elle vivait ses jours dans notre maison de retraite, et
elle devint très faible avant la mort. Batiouchka devait partir en voyage
d'affaires, et sur un pressentiment, il décida de ne pas reporter la Communion
des malades. Le Seigneur l'éclaira pour qu'il aille la voir juste avant son
départ, à 2h30 du matin, et qu'il la fasse communier. Il partit, et
immédiatement après la communion, elle partit elle-même dans l'autre monde.
On nous amena Maria Belyaeva
alors qu'elle était déjà alitée. Elle était très douce et joyeuse, elle avait
un visage rond, et elle riait et plaisantait. Avant sa mort, elle souffrait
beaucoup de fistules qui atteignaient les os. Elle mourut le soir du Grand
Samedi, alors qu'ils ouvraient les portes royales et chantaient "Le Christ
est ressuscité des morts, par la mort Il a vaincu la mort ! "
Une autre matouchka, Valentina,
était en train de mourir alors que le père Savvaty était en route. Nous l'avons
appelé, il s'est précipité et a réussi à lui donner la Communion. Tous ceux qui
ont vécu leurs derniers jours dans notre maison sont partis guidés par les
Saints Mystères. C'étaient des personnes extraordinaires, d'une formation
différente, d'une éducation différente, avec une foi fervente.
Moniale mégaloschème
Nikolaya
"Je vous
souhaite d'acquérir et de préserver le silence intérieur"
En 1993, on nous amena la moniale
Agnia et elle fut tonsurée par feu Vladyka Athanase (1927-2002). Elle était
l'une de ces moniales secrètes qui reçurent la tonsure pendant les années de
persécution de l'Église. Elle vivait sous la cathédrale de la Sainte Trinité à
Perm avec plusieurs autres religieuses secrètes, et elles servaient à l'autel
et aidaient dans l'église. Mère Agnia vécut avec nous pendant plusieurs années
jusqu'à sa naissance au Ciel.
Dans la maison de retraite, nos
babouchkas se disputaient parfois entre elles. Que faire ? Avec l'âge, toutes
les infirmités se révèlent et les caractères changent. Mais Mère Agnia ne
criait jamais, ne se battait jamais ; elle se taisait et surtout elle priait.
Elle était très douce et humble. Avant sa mort, elle fut tonsurée mégaloschème sous
le nom d'Ilaria.
Notre père spirituel dit que nous
utilisons les mots "humilité", "douceur" et "longue
souffrance", mais nous ne savons pas ce qu'ils sont vraiment.
J'ai prié le Seigneur de me
permettre de ressentir ce que c'était que d'être aussi humble et douce. Après
ma prière, un moine de l'Athos m'a donné un livre avec des instructions
spirituelles, qu'il a dédicacé : "Je te souhaite d'acquérir et de
préserver le silence intérieur." Je pense que la moniale mégaloschème
Iliaria avait un tel silence intérieur.
Tout comme le mal est matériel,
la vertu est matérielle, et si une personne vit une vie spirituelle, elle
apprend à distinguer l'esprit de douceur ou, à l'inverse, l'esprit d'argumentation
- elle le ressent.
Les gens allaient voir des
ascètes de la piété et ils ne voulaient pas les quitter, parce qu'ils se
sentaient comme dans les rayons de la grâce divine avec eux. Ils ne parlaient
même pas de quoi que ce soit, ils étaient juste avec eux et ils ne voulaient
pas les quitter.
Les enfants spirituels de
l'archiprêtre Nicolas Ragozine ont témoigné que l'esprit d'humilité et de
douceur émanait du staretz. Même en étant simplement proche de ces personnes,
vous changez involontairement - comme si un peu de Grâce était versée dans
votre âme à partir de leur excès de Grâce. Maintenant, je me rends tous les
jours sur la tombe du père Nicolas et je ressens son aide.
Dans la crypte du
Père Nicolas Ragozine
"Soit elle
mourra, soit il y aura un miracle"
Peu après mon arrivée au
monastère, je suis tombée très malade et j'ai passé six mois à l'hôpital, mais
je n'ai pas pu aller mieux. Les médecins m'avaient déjà condamnée à mort et
m'avaient renvoyée chez moi pour y mourir. J'avais peur qu'ils ne me reprennent
pas, si faible, au monastère ; mais le Père Savvaty m'a emmenée et quand j'ai
été autorisée à sortir, les médecins lui ont dit: "Soit elle va mourir,
soit il y aura un miracle."
Quand Batiouchka m'a emmenée sur
la colline de Miteinaya, des amis ont dit : "Pourquoi emmenez-vous une
personne mourante à votre ermitage ? ! Vous n'avez rien à manger là-bas !"
Ma maladie est devenue une école
de prière pour moi - c'est effrayant quand on regarde la mort dans les yeux.
Pendant ce temps, j'ai réalisé que la prière n'est pas une obligation, mais un
cri de l'âme. Chaque personne a ses épreuves, et beaucoup de gens qui étaient
dans les camps ont avoué plus tard qu'ils n'avaient plus jamais eu cette prière
qu'ils avaient eue là-bas. Ainsi, la période de ma maladie a été bénéfique pour
moi.
Lorsque j'ai été amenée au
monastère, Batiouchka m'a bénie pour que je prononce mes vœux monastiques, car
on ne savait pas comment les événements allaient évoluer. Je remercie
sincèrement Dieu, car ma tonsure fut pour moi la naissance à une nouvelle vie.
Je me suis progressivement et miraculeusement remise.
Matouchka Xénia avec
les sœurs du monastère
"Tu es le
Dieu qui fait des miracles"
Les années passent vite, et cela
fait déjà vingt-sept ans que je vis au monastère. En 1998, je suis devenue la moniale
la plus âgée, et en 1999, l'higoumène. J'essaie d’accomplir mon obédience avec
crainte et trépidation.
Sœur du monastère
Quand j'étais petite, je me
sentais parfois triste que les miracles d'enfants aient été laissés dans le
passé, dans des contes de fées pour enfants. Quand je suis venue à Dieu, les
miracles sont devenus partie intégrante de ma vie. Après tout, on peut les voir
même dans les événements de tous les jours ; il suffit de les voir. C'est ce que
disent les sages : "Tu es le Dieu qui fait des prodiges."
Sœur du
monastère
Ma vie a donc commencé à être peu à
peu remplie de joie, teintée de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Si vous
essayez de plaire à Dieu, il vous aidera toujours miraculeusement. La Providence
de Dieu sera présente dans votre vie, et vous la verrez et en serez conscient.
Sœurs du
monastère
Sœur du monastère
"Nous
devons approcher les gens avec discernement"
Je voudrais dire encore quelques mots
sur le père spirituel de notre monastère, l’higoumène Savvaty (Roudakov).
L'histoire du monachisme et les leçons de la vie moderne nous montrent que les
couvents qui ont des pères spirituels sont plus forts. Nous voyons maintenant
comment le nouveau monastère de Tikhvin à Ekaterinbourg et de Sainte Elisabeth
à Minsk s'épanouissent. Je pense que c'est grâce aux pères spirituels de ces
monastères, qui non seulement entendent les confessions, mais s’occupent également
des moniales, conversent avec elles et les nourrissent spirituellement.
Sœur du
monastère
Pratiquement toutes nos sœurs ont
trouvé la foi au début des années 1990 et sont arrivées au monastère avec des
idées mondaines qui entravent la vie spirituelle. Il est très difficile pour
ceux d'entre nous qui ont été élevés à l'époque soviétique de percevoir les
vérités spirituelles. Ce qui était inculqué aux enfants dans leur famille -
l'obéissance, la crainte de Dieu, l'amour de la prière, les offices et les
sacrements - nous devons maintenant le rattraper à l'âge adulte.
Et comme l'a dit l'Apôtre Paul, notre
père spirituel, toujours, avec douceur, comme un père pour ses enfants, [...]
nous exhorte, nous réconforte et nous charge [...] de marcher d'une manière
digne de Dieu, qui nous a appelés à Son Royaume et à Sa gloire (1 Thessaloniciens
2 :11-12).
Sœur du
monastère
Batiouchka nous apprend à accomplir
les Commandements de Dieu dans nos vies, en disant : "Autrefois, les
pharmacies ne vendaient pas de pilules prêtes à l'emploi, mais des poudres
spéciales fabriquées selon la recette du médecin. Chaque personne avait sa
propre poudre, son propre remède. De même, les âmes des gens sont différentes.
Ce qui est une vie pour l'un est une mort pour l'autre. Nous devons aborder
cela avec discernement".
Sœur du
monastère
Sœurs du
monastère
"Gardez
le silence dans votre cœur"
Je remercie Dieu que par les prières
et la bénédiction de la Mère de Dieu et de Saint Tryphon de Vyatka, je vis dans
un lieu saint. Nous avons dans notre monastère une icône de la très sainte Mère
de Dieu de Kazan, vénérée localement, le bienheureux staretz Nicolas Ragozine
repose ici dans ses reliques, et l'apôtre de la région de Perm, saint Tryphon
de Vyatka, a œuvré ici. Il y a des sources sacrées miraculeuses près du
monastère. Les gens viennent ici et reçoivent des bienfaits spirituels. Je
voudrais inviter les lecteurs d’OrthoChristian.com [Version anglaise de
Pravoslavie.ru] à venir nous rendre visite.
Sœur du
monastère
Notre monastère est situé au milieu
des bois et des champs. Le village le plus proche est à trois kilomètres, et la
ville la plus proche à plus de quarante. Notre silence a un effet très
bénéfique sur les pèlerins et on dit souvent : "Quand vous quittez
l'église, vous n'êtes pas immédiatement plongé dans l'agitation de la ville, et
vous avez la possibilité de garder le silence dans votre cœur." C'est très
important lorsque vous pouvez faire une pause dans le rythme de la vie moderne
et regarder dans votre cœur.
En hiver, lorsque des vents violents soufflent sur notre montagne, des blizzards et des tempêtes de neige surviennent, peu de pèlerins décident de nous rendre visite et financièrement nous avons du mal. Nous vivons à l'ancienne: nous transportons l'eau d'un puits, nous utilisons toujours des lavabos, nous chauffons des poêles, nous n'avons pas d'égout, toutes les commodités sont dans la rue. Nos sœurs travaillent beaucoup et dur.
Si quelqu'un veut aider notre monastère, veuillez envoyer des noms - nous prierons pour vous, comme pour nos bienfaiteurs. Les noms des prières peuvent être indiqués dans les commentaires de l'article, envoyés par e-mail et courrier postal, ou par téléphone.
Version
française Claude Lopez-Ginisty
d’après
ORTHOCHRISTIAN
Site
Internet du Monastère: http://v-chus.cerkov.ru/
Addresse: 618221, Пермский край, Чусовской р-н, п/о Успенка, деревня
Красная горка 618221 Perm province, Chusovsky Region, P.O. Uspenka,
Krasnaya Gorka Village
E-mail: miteinayagora@yandex.ru
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