Père Simon
A dix-sept ans, le futur prêtre Simon Kiknavelidzé se tenait sur le
balcon de sa maison à Tbilissi. Soudain, il vit comment un moine en soutane
décolorée par le soleil s'arrêta directement sous son balcon, leva la tête et fit
le Signe de la Croix sur le jeune homme et sur toute sa maison. C'était
l'archimandrite Gabriel (Ourgebadzé), aujourd'hui glorifié. Il traversait
Tbilissi, bénissant la ville avec le Signe de la Croix et priant pour toute la
Géorgie.
Après cela, il y a eu beaucoup de choses surprenantes dans la vie de
Père Simon : Diplômé de l'Université de Tbilissi et homme d'affaires prospère,
il devint étudiant de l'académie de théologie. Père Simon se souvient qu'à
Moscou, dans l'allée Predtechensky, dans l'église Saint-Nicolas le Thaumaturge,
il parlait avec saint Nicolas comme avec les vivants, et l'image du saint se
tient toujours sous ses yeux des décennies plus tard. Maintenant, Père Simon
sert dans l'église Saint-Nicolas au centre de Tbilissi, et il croit que ce
n'est pas un hasard : c'est la miséricorde du grand saint pour lui.
Le prêtre géorgien a gracieusement accepté de répondre à nos questions.
Cher Père Simon, pouvez-vous nous dire comment vous êtes arrivé à la
foi ?
Je suis né à Tbilissi en 1964.
C'était une époque sans Dieu, et les églises et les monastères étaient fermés.
Je m'intéressais à la technologie ; j'ai étudié l'ingénierie électronique, puis
je me suis inscrit au département de physique de l'Université d'État de
Tbilissi. La physique est la nature, et dans toute la nature il y a Dieu, le
Créateur.
J'ai été baptisé à l’âge de dix
ans, quand mon grand-père est mort. Tous les enfants de notre foyer qui
n'avaient pas été baptisés, ont été baptisés à ce moment-là. Quelle pieuse
tradition ! Quand les gens viennent au Christ par les défunts, c'est bon
pour les défunts, et pour ceux qui sont baptisés, c'est une naissance
spirituelle. La mort de l'un conduit à la naissance spirituelle des autres et à
l'augmentation du troupeau.
Je me souviens très bien de
l’année 1977 - j'avais treize ans et j'étais en septième année. Nous, les
garçons, nous courions jusqu'à la cathédrale de Sioni, attirés là par
curiosité. Nous comprenions très peu de choses dans les offices. Sous le régime
athée, tout était fait pour effrayer le peuple et l'éloigner de la foi. Par
exemple, ils montraient les films les plus intéressants qu'ils ne montraient
pas à d'autres moments, à la télévision à Pâques, pour garder les gens à la
maison, afin qu’ils n’aillent pas à l’office pascal.
Je me souviens que Sa Sainteté
Ilia II venait à Sioni pour y officier. Il avait un chauffeur qui était aussi
son garde. Ils allaient aux offices ensemble - ils n'étaient que deux, et il
n'y avait que quelques personnes dans l'église. C'est ainsi que Sa Sainteté a
commencé son ministère : dans des églises vides, avec un très petit nombre de
membres du clergé et le même nombre de paroissiens.
Il n'y avait pas un luxe tel qu'un
prêtre puisse être vu à chaque pas. Il y en avait très peu à l'époque en
Géorgie. Sa Sainteté représentait toute l'Église en sa personne. Je sentais son
inquiétude paternelle.
Je suis allé à l'armée, j'ai
servi, je suis revenu et je me suis marié en 1991. En 1992, ma femme et moi
attendions notre premier enfant, et mon frère est mort en janvier. Il était croyant.
Deux jours après sa mort, sa fille est née. C'était un grand chagrin, et il
n'est toujours pas révolu.
Ma femme et moi sommes allés à
Moscou, et il y a eu une homélie que j'ai entendue dans une église. Le prêtre a
dit : "Quand un homme communie, il est avec le Christ." Et j'ai
commencé à penser : Si je communie, et que le Seigneur est en moi, et que je
suis moi-même en Christ, et mon fidèle frère défunt est avec le Seigneur, cela
signifie que nous sommes ensemble spirituellement. Cette pensée m'a tellement
secoué que tout a changé pour moi à partir de ce moment-là : je me suis
intéressé de plus en plus profondément au christianisme et je me suis rapproché
de l'Église.
Et comment s’est passé votre changement de paroissien à prêtre ?
Après cela, j'ai voulu en
apprendre davantage sur le Créateur. J'ai trouvé un guide spirituel – l’archiprêtre
Maxime Tchantouriya - maintenant recteur de notre église. Par ses prières, et les
prières de Sa Sainteté, les pères de l’Ermitage d'Optina m'ont béni pour que
j'étudie à l'académie théologique. J'étais un homme d'affaires à ce moment-là
et je soutenais une famille - une telle décision n'était pas facile pour moi.
Quand je me préparais à aller à
Tbilissi pour entrer à l'académie, j'ai prié saint Spyridon de Trimythonte :
"Je ne sais pas comment cela va se passer, mais si tu le peux, aide-moi! "Et
un jour après cette prière, je me suis retrouvé à Tbilissi.
J'ai quitté mon entreprise et passé
les examens d'entrée à l'académie, mais j'avais de sérieux doutes : comment
pourrais-je y étudier, en ayant une famille ? Comment les labeurs de la vie
seraient-ils résolus ? Mais ma femme m'a soutenu et mes amis m'ont aidé. J'ai
commencé mes études.
Cela a dû être dur pour vous.....
Pendant mes études, ils m'ont
proposé de travailler comme gardien d'église. J'étais aussi servant d'autel. Puis j'ai été ordonné
diacre, et en 2012, prêtre. Le Seigneur m'a pris par la main et m'a conduit.
Puis une nouvelle grande
tristesse est survenue dans ma famille : notre deuxième fils est mort à
Tbilissi des suites d'un virus. C'était les années 1990, la guerre... Ils ont
apporté des génératrices aux hôpitaux parce que l'électricité était coupée.
J'ai dû chercher des médicaments, mais c'était difficile. J'ai vraiment tout essayé
pour mon fils, mais apparemment pas assez. Ce fut un terrible chagrin. Le jour
de l'anniversaire de sa naissance, notre troisième fils est né, alors le
Seigneur nous a réconfortés.
J'ai été très influencé par
l'exemple de Père Séraphim (Rose) - comment il est venu à Dieu. Bien sûr,
personnellement, [c’est] par Sa Sainteté [Ilia II]. Nous sommes tous ses
enfants.
La personne de Père Gabriel
(Ourguébadzé), maintenant glorifié parmi les saints, a eu la plus forte
influence sur moi. Un jour, en 1981, quand j'avais dix-sept ans, je me tenais
sur le balcon de ma maison à Tbilissi, m'appuyant sur la balustrade. Soudain,
j'ai vu comment le Père Gabriel est passé sous mon balcon dans une soutane
délavée par le soleil. Il s'arrêta juste sous mon balcon, leva la tête et fit
le signe de croix sur moi et sur toute ma maison. Plus tard, les gens m'ont dit
que le Père Gabriel marchait à travers Tbilissi et bénissait notre ville du
Signe de la Croix.
Il était souvent emprisonné,
enfermé dans un hôpital psychiatrique, mais il ne craignait rien, confessait
ouvertement la foi et priait ouvertement pour les habitants de Tbilissi.
-Père Simon, vers lequel des saints vous tournez-vous le plus souvent
dans des situations difficiles pour obtenir de l'aide dans la prière ?
Je me tourne vers saint Georges, protecteur
de la Géorgie... L'église Saint-Georges de Moscou est comme ma maison. Elle me
manque.
Sainte Nina et la sainte mégalomartyre
Barbara aident partout et toujours.
Je me tourne vers mon saint patron
pour obtenir une assistance dans la prière - l'apôtre Simon le Cananéen ("
le zélote," selon la
traduction de l'araméen). Selon la tradition, il vivait à Cana et était
l'époux au mariage où le Christ transforma l'eau en vin. Les apôtres Simon le
Cananéen et André le Protoclyte (Premier Appelé) prêchèrent en terre ibérique
(id est en Géorgie). Vers 55 après Jésus-Christ, l'apôtre André alla prêcher
plus loin, le long de la côte de la mer Noire du Caucase, mais l'apôtre Simon
s'installa dans une grotte éloignée, dans une gorge de la rivière Psirtskha. Il
descendit dans cette grotte sur une corde, par une petite entrée naturelle.
L'empreinte du pied de saint Simon est conservée sur un rocher dans la gorge,
et c'est là que l'apôtre a accepté la mort en martyr pour le Christ.
Et à Moscou, dans l'allée Predtechensky,
il y a l'église Saint-Nicolas, avec trois autels. Je parlais avec saint Nicolas
là-bas comme avec les vivants... Même maintenant, comme je vous le dis, son
image se tient devant mes yeux comme un homme vivant. Et le fait que je serve
dans l'église de Saint-Nicolas le Thaumaturge n'est pas un hasard- c'est la
miséricorde du grand saint envers moi.
Saint Nicolas
Dans ces occasions où j'ai fait
de bonnes actions agréables à Dieu, j'ai toujours senti l'aide du Seigneur et
de saint Nicolas.
Si nous choisissons le chemin du
salut, alors le Seigneur nous protégera tout au long du chemin. Nous devons
marcher vers notre but par petits pas sobres, et notre but est le Christ. Le
Seigneur nous attend !
Il y a beaucoup de saints qui
nous font penser, "Serions-nous capables de les imiter ?" Après tout,
c’étaient des gens de chair et de sang comme nous, mais ils ont accompli des
exploits ascétiques au Nom du Christ.
Quel est le plus grand miracle de votre vie ?
Je n'ai jamais recherché de
miracle. Le plus grand miracle pour moi est le fait que je suis prêtre et que
je suis dans l'Église orthodoxe comme quelqu'un à qui le Seigneur a confié Son troupeau pour
le nourrir. Je n'y ai jamais pensé, je n'en ai jamais rêvé, me considérant
indigne du titre de prêtre.
Père Simon, quelle est la chose la plus difficile pour vous dans votre
ministère pastoral ?
La chose la plus difficile pour
moi en tant que prêtre est de donner des conseils. J'ai toujours peur de donner
des conseils qui pourraient égarer une personne. Il faut un grand discernement
spirituel ; il faut prier pour que le Seigneur vous éclaire. Vous faites passer
la situation par vous-même - comment respecteriez-vous les conseils que vous
avez l'intention de donner à vos brebis - pour ne pas être comme les pharisiens
qui imposaient un fardeau insupportable aux gens, mais ne voulaient pas lever
le petit doigt.
Nous devons toujours nous
rappeler d'amener nos enfants spirituels non pas à nous-mêmes, mais au Christ.
Ceux qui les amènent à eux-mêmes sont des sectaires.
Quels sont les conseils spirituels que vous donnez le plus souvent à
vos paroissiens ?
Celui qui sait que le Seigneur
est la source de toutes les bénédictions, qu'Il donne tout, vit facilement et bien, parce qu'un tel
homme sera toujours reconnaissant envers Dieu et se comportera d'une manière agréable
à Dieu.
Le staretz Nicolas Guryanov
enseignait : "Un homme au cœur reconnaissant n'a jamais besoin de quoi que
ce soit".
Oui, et nous devons commencer par
la gratitude envers les gens. La gratitude est une qualité nécessaire. L'ingratitude
envers l'homme se transforme ensuite en ingratitude envers Dieu. Un homme
ingrat pense : "J'ai tout fait moi-même, je vais faire ceci et cela !",
mais cette voie ne mène nulle part.
Nous ne pouvons pas être
irréfléchis à notre époque. La vitesse de la vie est très élevée, tout le monde
court, tout le monde est pressé. Souvent, nous n'avons pas le temps de
réfléchir, de nous rendre compte, de comprendre ce que nous faisons et pourquoi
nous le faisons. Si un homme réfléchit avant et après ses actes, s’il contemple
ses actes, ses actions, alors il comprend tout, et il est bien conscient de ses
motivations intérieures.
Il est nécessaire que nos actes
ne soient pas mécaniques, mais spirituels, conscients. Même lorsque nous
prenons de la nourriture, nous devons penser à la raison pour laquelle nous le
faisons, et nous maintenons ainsi notre temple corporel - la demeure de notre
âme.
Et encore : Nous devons
comprendre que le spirituel est plus important que le corps : le spirituel
d'abord, et tout le reste suivra. Nous avons besoin que notre squelette, sur
lequel tout repose, ne soit pas charnel, mais spirituel.
Car votre Père céleste sait que
vous avez besoin de toutes ces choses. Mais cherchez d'abord le royaume de
Dieu, et sa justice ; et toutes ces choses vous seront données de surcroît (Cf.
Matthieu 6:32-33).
Merci pour cet entretien, Père Simon !
Que Dieu bénisse vos lecteurs !
Version française
Claude Lopez-Ginisty
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