29 mai / 11 juin
1er
dimanche après la Pentecôte
Fête de tous les Saints
Transfert des reliques de sainte Théodosie de
Tyr, vierge, martyre à Césarée de Palestine (307-308) ; saint Conon et son fils
saint Conon, martyrs à Iconium en Asie Mineure (275) ; sainte Théodosie,
vierge, moniale, martyre à Constantinople (745) ; saint Jean, fol en
Christ à Oustioug (1494) ; saints martyrs et confesseurs de Russie : Jean
(Preobrajensky), diacre et martyr André (Trofimov) (1938) ; saint Luc, archevêque Simferopol,
confesseur (1961).
Lectures : Hébr.
XI, 33 – XII, 2 /Matth. X, 32–33, 37-38 ; XIX, 27-30
L
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es Saints
vivent dans le Christ Jésus et le Christ vit en eux. Dans les Saints, Il répète
inlassablement, jusqu’à la fin du monde, le mystère unique de Sa mort et de Sa
Résurrection, de l’incarnation de Dieu et de la déification de l’homme. Sur les
fresques représentant les Martyrs et les Saints militaires – celles de certains
réfectoires du Mont Athos notamment – on constate que si les Saints ont des
postures, des vêtements et des attributs différents, ils ont à peu près tous le
même visage, et ce visage est celui du Christ. Tels sont en effet les Saints:
identiques en Christ, mais infiniment divers dans leurs caractères personnels
et les conditions dans lesquelles ils ont reproduit l’œuvre du Sauveur, dans un
lieu et à un moment donnés. Chez les Saints toutefois cette reproduction de la
Passion du Seigneur n’est pas morne répétition. Elle est toujours nouvelle,
toujours originale, toujours unique et contribue de manière irremplaçable à
l’édification de l’Église des premiers-nés. Le Seigneur Jésus a ouvert la voie,
Il a sauvé la nature humaine en mettant à mort dans Son propre corps la mort,
mais il faut maintenant que chaque personne participe librement à cette œuvre
de salut. Ce qui manque aux tribulations du Christ, écrit Saint Paul, je le
complète dans ma chair au profit de Son corps qui est l’Église (Col I, 24). Ces
paroles de l’Apôtre ne signifient pas qu’il manque quoi que ce soit à l’œuvre
du Christ et à notre Rédemption, mais seulement que chacun d’entre nous doit
communier volontairement et de manière personnelle à Sa Passion, pour avoir
part à l’héritage des Saints dans la lumière de Dieu (ibid.).
Unis au Christ
par la foi et la grâce, les Saints accomplissent les œuvres du Christ (Jn XIV,
12). Habitant en eux par le Saint-Esprit, c’est le Christ Lui-même qui
accomplit par eux des miracles, convertit les païens, enseigne les secrets de
la science spirituelle, réconcilie les ennemis et donne à leur corps la force
d’affronter avec joie les plus horribles tortures ; de sorte que l’Évangile ne
cesse d’être écrit jusqu’aujourd’hui par les œuvres évangéliques des Saints.
Voilà pourquoi les Saints, proches et lointains, anciens et nouveaux, sont pour
nous des guides sûrs nous conduisant au Christ qui habite en eux. Devenez mes
imitateurs, tout comme je le suis moi-même du Christ (I Cor XI, 1), nous
disent-ils avec saint Paul. Si nous voulons faire resplendir en nous l’image du
Christ, nous devons donc souvent tourner nos regards vers les Saints pour avoir
des exemples vécus et pratiques de la marche à suivre. Le peintre qui désire
faire le portrait d’une personne qu’il ne voit pas devant lui, se sert de
reproductions, les regarde attentivement, les compare pour s’en inspirer, de
même nous faut-il regarder vers les Saints, lire leurs Vies, les comparer, pour
savoir comment progresser dans la vie en Christ.
En lisant
assidûment les Vies des Saints, en vivant avec tous les Saints (Eph III, 18),
en nous promenant chaque jour dans ce jardin spirituel qu’est le Synaxaire,
nous trouverons peu à peu certains Saints qui attirent davantage notre
sympathie, notre émotion, notre affection. Ils deviendront pour nous comme des
amis intimes à qui nous aimerions confier nos joies et nos peines, à qui nous
demanderions plus spécialement le secours de leurs prières, dont nous aimerions
souvent relire la Vie, chanter les tropaires et vénérer l’icône. Ces amis
intimes seront pour nous une puissante consolation et des guides privilégiés
sur la route étroite qui nous mène au Christ (Mt VII, 14). Nous ne sommes pas
seuls sur ce chemin et dans ce combat, nous avons avec nous notre Mère, la
Toute-Sainte Mère de Dieu, notre Ange Gardien, le Saint dont nous portons le
nom et ces quelques amis que nous aurons choisis parmi la grande Assemblée des
témoins de l’Agneau. Et si nous trébuchons sous l’effet du péché, ils nous
relèveront ; lorsque nous serons tentés par le désespoir, ils nous rappelleront
qu’avant nous, et plus que nous, ils ont souffert pour le Christ et goûtent
désormais à la joie éternelle. Ainsi, sur le chemin rocailleux de cette vie,
ces saints amis nous feront voir un peu de la lumière de la Résurrection.
Cherchons donc dans les Vies des Saints ces quelques amis intimes et, avec tous
les Saints, marchons vers le Christ.
Dans notre vie
spirituelle, nous pouvons communiquer quotidiennement avec les saints de trois
façons : en chantant leurs hymnes et leur office liturgique, en vénérant leur
icône et en lisant leur Vie dans le Synaxaire. S’il est difficile à ceux qui
vivent dans le monde de se rendre chaque jour à l’église pour chanter les
louanges des saints, tous les chrétiens peuvent cependant chez eux, seuls ou en
famille, chanter le tropaire des Saints du jour, tous peuvent vénérer leur
icône, tous peuvent consacrer quelques instants à lire ou à relire leur Vie
dans le Synaxaire. Toutefois, la lecture quotidienne de ces résumés des Vies
des Saints ne nous sera vraiment profitable que si nous nous approchons d’eux
avec les mêmes dispositions que lorsque nous vénérons une icône. Si imparfaites
soient-elles, les notices du Synaxaire sont, en effet, dans le domaine du récit
ce que sont les icônes dans le domaine de l’image : elles nous rendent le saint
présent et peuvent nous apporter autant de grâce que les saintes icônes. Tout
dépend de la simplicité de notre cœur. Ainsi, où que nous nous trouvions, quel
que soit l’état de notre avancement spirituel, quel que soit notre désir de
consacrer notre vie à Dieu, nous trouverons dans le Synaxaire un renouvellement
de nos forces et comme un avant-goût de la vie éternelle, où tous les saints
danseront avec les anges autour du trône de Dieu en disant : Saint, Saint,
Saint est le Seigneur le Dieu Tout-Puissant, Celui qui était, qui est et qui
vient ! (Ap IV, 8).
Tropaire
du dimanche du 8ème ton
Съ высоты́ снизше́лъ еси́, Благоyтpóбне, погребе́нiе прiя́лъ ecи́ тридне́вное, да на́съ свободи́ши страсте́й, животе́ и воскресе́нiе на́ше, Го́споди, сла́ва Teбѣ́ !
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Du haut des cieux, Tu es descendu, ô
Miséricordieux ! Tu as accepté les trois jours au Tombeau afin de nous
libérer des passions : ô notre Vie et notre Résurrection, Seigneur,
gloire à Toi !
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Tropaire de tous les
saints, ton 4
И́же во все́мъ мípѣ му́ченикъ Твои́хъ, я́ко багряни́цею и ви́ссомъ, кровьми́ Це́рковь Твоя́ украси́вшися, тѣ́ми вопіе́тъ Ти́́ Xpисте́ Бо́же : лю́демъ Твои́мъ щедро́ты Твоя́ низпосли́, ми́ръ жи́тельству Твоeму́ да́руй, и душа́мъ на́шимъ ве́лію ми́лость.
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Ornée du sang de Tes martyrs du monde entier
comme de pourpre et de lin, Ton Église Te clame par leur intercession, ô
Christ Dieu : étends Ta compassion sur Tes fidèles ; accorde la
paix à Ton peuple et à nos âmes la grande miséricorde.
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Kondakion de tous les Saints, ton 8
Я́ко нача́тки естества́, Насади́телю тва́ри, вселе́нная прино́ситъ Ти́ Го́споди богоно́сныя му́ченики. Тѣ́хъ моли́твами въ ми́рѣ глубо́цѣ Це́рковь Твою́, жи́тельствo Твое́, Богоро́дицею соблюди́ Много-ми́лостиве.
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Comme prémices de la nature, le monde entier
T’offre, Seigneur, les martyrs théophores, à Toi l’Auteur de la
création ; par leurs supplications et les prières de la Mère de Dieu,
garde Ton Église dans une paix profonde, ô Très-miséricordieux.
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HOMÉLIE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME SUR LA LECTURE DES ACTES DES
APÔTRES DE CE JOUR
« Cependant toutes ces
personnes à qui l'Écriture rend un témoignage si avantageux à cause de leur
foi, n'ont point reçu la récompense promise, Dieu ayant voulu, par une faveur
particulière, qu'ils ne reçussent qu'avec nous l'accomplissement de leur
bonheur ». Quelle est donc la récompense d'une foi si grande? Quel en sera le
prix? Il sera tel qu'aucun discours ne saurait l'exprimer. Car Dieu a préparé
pour ceux qui L'aiment une félicité que l'œil n'a point vue, que l'oreille n'a
point entendue, que le cœur de l'homme ne pourrait comprendre. « Mais ils ne l'ont
pas encore reçue » ; ainsi ils l'attendent encore, après être morts dans des
tribulations si douloureuses. Depuis tant d'années qu'ils ont cessé de vivre,
ils n'ont pas encore reçu; et vous seriez affligés de ne pas recevoir déjà,
vous qui combattez encore ? Représentez-vous cette position étonnante d'Abraham
et de Paul, attendant la consommation de votre bonheur pour recevoir alors leur
pleine récompense. Car le Sauveur leur a dit qu'ils ne l'auraient pas, sans que
nous soyons là pour la recevoir avec eux, comme un père dit à ses enfants qui
ont fini leur travail, qu'ils ne se mettront pas à table avant que leurs frères
soient venus. Et toi, tu t'affliges de n'avoir pas encore touché ton salaire?
Que fera donc Abel qui a vaincu avant nous et n'a pas reçu la couronne? Que
fera Noé, qui a vécu dans ces temps lointains, et qui t'attend, toi et ceux qui
viendront après toi ? Vois-tu bien que nous leur sommes préférés et que notre
condition est plus heureuse que la leur? Dieu, dit saint Paul, a prévu et préparé
pour nous un sort meilleur. Pour qu'ils ne parussent pas, en effet, de
meilleure condition que nous-mêmes, s'ils avaient été couronnés les premiers,
Dieu a déterminé une époque où nous serons couronnés tous ensemble. Le héros
vainqueur tant d'années avant toi, reçoit avec toi la couronne. Admire Sa
sollicitude et Sa bonté. L'apôtre ne dit pas : Afin
qu'ils ne fussent pas couronnés sans nous; mais : « Afin qu'ils ne reçussent
pas sans nous la consommation de leur bonheur ». Ils ne la recevront qu'alors.
Ils nous ont précédés au combat, ils ne nous ont pas devancés pour les
couronnes. Dieu ne leur a fait aucun tort, et il nous fait un grand honneur.
Pour eux, ils nous attendent comme des frères. Si nous ne sommes tous qu'un
seul corps, il y a pour ce corps plus de plaisir à être couronné ensemble que
par parties. En ce point même les justes sont admirables de se réjouir du
bonheur de leurs frères comme s'il leur était propre. C'est donc encore un
désir de leur âme qui se réalise, que d'être ainsi couronnés avec leurs
membres. Être ainsi tous ensemble glorifiés, c'est un plaisir ineffable.
AU SUJET DU CARÊME DES SAINTS APÔTRES
Le lundi 12 juin
commence le carême des saints Apôtres, qui se termine le 12 juillet, jour où
l’on célèbre la mémoire de St Pierre et St Paul. Ce carême n’est pas un geste
arbitraire de l’Église. Il nous fait imiter les saints Apôtres qui, après avoir
reçu l’Esprit Saint et Vivificateur, se sont dispersés depuis Jérusalem, dans
le jeûne et la prière, pour prêcher l’Evangile (cf. Actes XIII, 2). Ce carême
est ancien, son existence étant témoignée dans de nombreux documents des IVème et Vème siècles, notamment dans
les écrits de St Athanase le Grand, St Ambroise de Milan et St Léon le Grand,
pape de Rome. Durant ce carême, le typicon concède l’usage de
poisson le samedi et le dimanche, ainsi que le mardi et le jeudi si l’on fête
un Saint en l’honneur duquel on chante la grande doxologie à matines. S’il n’y
a aucune fête, le lundi, le mercredi et le vendredi, il y a jeûne strict,
tandis qu’il y a dispense d’huile et de vin le mardi et le jeudi. En tout état
de cause, chacun doit jeûner avec discernement, en se souvenant que, selon les
Pères de l’Église, le jeûne a pour but de tuer les passions et non point le
corps.
[1] Introduction au Synaxaire du hiéromoine Macaire de
Simonos Petras (version abrégée)
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