"À Taganrog, dans la résidence
épiscopale se trouvait une icône des quarante martyrs de Sébaste. Étant encore
jeune hiérodiacre et assistant de Mgr Arsène, je passais souvent devant cette
icône, mais je ne manifestais pas la vénération due à ces quarante martyrs, doutant
même un peu de leur existence : ont-ils vraiment existé ou non…
Or, l'hiver 1943, à Ouman, je me trouvai dans la prison de la Gestapo, où les fenêtres
étaient sans cadres, et il gelait fortement dans la rue. J’étais pratiquement
nu, je ne portais qu’une soutane. Alors, dans la cellule, je demandai la
mort: "Seigneur, donne-moi de mourir!" Ce n’était plus
possible, je n’avais plus la force de supporter ce froid glacial.
C’est alors
que je me souvins des 40 martyrs de Sébaste, et je commençai à les prier, à leur
demander pardon de ne pas les avoir vénérés comme il se devait, de ne pas avoir
compris leur exploit dans le martyre.
Je priais ardemment, chaleureusement, et
bientôt le désespoir quitta mon âme, la chaleur se répandit dans mon corps, et
je fus réchauffé. Et alors que le froid et le désespoir m’avaient quitté, la
porte de la cellule s’ouvrit et on m’apporta les Saints Dons, du pain et un vêtement
chaud.
Dans la ville arrivèrent les troupes soviétiques,
et les Allemands commencèrent à fusiller les détenus. Je pris les Saints Dons
dans la paume de ma main et priai devant eux toute la nuit. Les fidèles d’Ouman
collectèrent de l’or et soudoyèrent l’assistant du chef de la prison. Celui-ci donna
sa parole qu’il me laisserait en vie, et effectivement, lorsque les Allemands
emmenèrent certains prisonniers et fusillèrent les autres, je restai
vivant."
Lorsque l’armée rouge arriva, Mgr Joseph fut arrêté à nouveau,
cette fois par le pouvoir soviétique. Il semblait suspect aux yeux de celui-ci
que le métropolite restât vivant dans une prison de la gestapo…
Version française Bernard Le Caro
d'après
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