Marc-Antoine de Beauregard, « Regard chrétien sur l’homosexualité »,Éditions de L’Œuvre, Paris, 2013, 127 p.
Tout en restant très minoritaire, l’homosexualité, devient de plus en plus voyante, se répand et se banalise dans nos sociétés occidentales depuis plusieurs décennies, par l’effet 1) de l’active propagande des associations et lobbies homosexuels, 2) de la volonté de l’idéologie libérale (de droite et surtout de gauche), au nom d’une certaine conception de la liberté et de l’égalité, d’en faire une institution bénéficiant de toutes les possibilités et de tous les avantages assurés par la loi au couple marié et à la famille, 3) de l’appui des médias, surtout télévisuels, qui, pour des raisons d’audience, mettent en valeur les minorités déviantes tant dans des reportages que dans des séries télévisées) et donnent l’illusion de leur représentativité, 4) d’une idéologie philosophique (la « théorie du gender » ou genre), largement vulgarisée, selon laquelle c’est le choix de l’individu et non sa nature qui définit son sexe. Ce mouvement dans son ensemble entend déculpabiliser les homosexuels, mais en revanche culpabiliser ceux qui n’acceptent pas de reconnaître l’homosexualité comme une forme normale de sexualité, toute critique de l’homosexualité et des revendications propres aux homosexuels se voyant taxer d’« homophobie », selon un type d’amalgame qui a largement fait ses preuves dans d’autres domaines. Déjà du temps du précédent gouvernement en France, des associations homosexuelles ont reçu du ministère de l’Education le privilège de pénétrer dans les écoles primaires pour apprendre aux enfants, à partir de dessins animés mettant en scène des animaux, à considérer comme normales les relations amoureuses entre êtres de même sexe; la « théorie du genre », selon laquelle l’être humain se définit plus par son orientation sexuelle personnelle que par son identité sexuelle naturelle a été introduite officiellement dans les lycées français en 2011 dans les manuels de SVT (Sciences de la vie et de la terre) de la classe de Première, bien qu’en toute rigueur elle n’ait rien à y faire puisqu’elle relève d’une théorie philosophique qui n’a aucun caractère scientifique. Les adolescents, qui sont, de nos jours, dans beaucoup de cas, sans repères religieux et moraux, en viennent à considérer l’homosexualité comme un terme d’une alternative dont l’autre terme est l’hétérosexualité, ces deux termes étant également possibles et légitimes et s’offrant tous deux également a priori à leur choix. Le mot « hétéroxexualité », qui désigne la sexualité normale a d’ailleurs été créé pour la faire apparaître comme optionnelle face à l’homosexualité, de même que le mot « hétéroparentalité » commence à se répandre pour faire apparaître la parenté normale (d’une père et d’une mère) comme une simple option, tandis que d’autres changements de vocabulaire sont sciemment introduits pour changer les mentalités (par exemple « les parents » au lieu de « le père et la mère », « les familles » au lieu de « la famille », afin d’inclure dans ces notions les pseudo-parents et les pseudo-familles constituées par les couples homosexuels…). Le mariage homosexuel et la possibilité pour les couples homosexuels d’avoir des enfants (par voie d’adoption, par procréation médicalement assistée ou par le recours à des mères porteuses) sont déjà devenus des institutions dans plusieurs pays et sont en passe de le devenir en France, faisant ainsi courir à la société le risque grave d’une destruction de la cellule familiale sur laquelle elle est fondée, et à une multitude d’enfants acquis artificiellement et élevés par deux parents de même sexe de subir des perturbations psychologiques importantes (faute de bénéficier de la relation psycho-affective et spirituelle liée à la gestation et à la filiation naturelles, et faute de disposer, lors de leur croissance psychologique, des modèles d’identification, masculin et féminin, dont ils ont besoin pour se contruire).
Tout en restant très minoritaire, l’homosexualité, devient de plus en plus voyante, se répand et se banalise dans nos sociétés occidentales depuis plusieurs décennies, par l’effet 1) de l’active propagande des associations et lobbies homosexuels, 2) de la volonté de l’idéologie libérale (de droite et surtout de gauche), au nom d’une certaine conception de la liberté et de l’égalité, d’en faire une institution bénéficiant de toutes les possibilités et de tous les avantages assurés par la loi au couple marié et à la famille, 3) de l’appui des médias, surtout télévisuels, qui, pour des raisons d’audience, mettent en valeur les minorités déviantes tant dans des reportages que dans des séries télévisées) et donnent l’illusion de leur représentativité, 4) d’une idéologie philosophique (la « théorie du gender » ou genre), largement vulgarisée, selon laquelle c’est le choix de l’individu et non sa nature qui définit son sexe. Ce mouvement dans son ensemble entend déculpabiliser les homosexuels, mais en revanche culpabiliser ceux qui n’acceptent pas de reconnaître l’homosexualité comme une forme normale de sexualité, toute critique de l’homosexualité et des revendications propres aux homosexuels se voyant taxer d’« homophobie », selon un type d’amalgame qui a largement fait ses preuves dans d’autres domaines. Déjà du temps du précédent gouvernement en France, des associations homosexuelles ont reçu du ministère de l’Education le privilège de pénétrer dans les écoles primaires pour apprendre aux enfants, à partir de dessins animés mettant en scène des animaux, à considérer comme normales les relations amoureuses entre êtres de même sexe; la « théorie du genre », selon laquelle l’être humain se définit plus par son orientation sexuelle personnelle que par son identité sexuelle naturelle a été introduite officiellement dans les lycées français en 2011 dans les manuels de SVT (Sciences de la vie et de la terre) de la classe de Première, bien qu’en toute rigueur elle n’ait rien à y faire puisqu’elle relève d’une théorie philosophique qui n’a aucun caractère scientifique. Les adolescents, qui sont, de nos jours, dans beaucoup de cas, sans repères religieux et moraux, en viennent à considérer l’homosexualité comme un terme d’une alternative dont l’autre terme est l’hétérosexualité, ces deux termes étant également possibles et légitimes et s’offrant tous deux également a priori à leur choix. Le mot « hétéroxexualité », qui désigne la sexualité normale a d’ailleurs été créé pour la faire apparaître comme optionnelle face à l’homosexualité, de même que le mot « hétéroparentalité » commence à se répandre pour faire apparaître la parenté normale (d’une père et d’une mère) comme une simple option, tandis que d’autres changements de vocabulaire sont sciemment introduits pour changer les mentalités (par exemple « les parents » au lieu de « le père et la mère », « les familles » au lieu de « la famille », afin d’inclure dans ces notions les pseudo-parents et les pseudo-familles constituées par les couples homosexuels…). Le mariage homosexuel et la possibilité pour les couples homosexuels d’avoir des enfants (par voie d’adoption, par procréation médicalement assistée ou par le recours à des mères porteuses) sont déjà devenus des institutions dans plusieurs pays et sont en passe de le devenir en France, faisant ainsi courir à la société le risque grave d’une destruction de la cellule familiale sur laquelle elle est fondée, et à une multitude d’enfants acquis artificiellement et élevés par deux parents de même sexe de subir des perturbations psychologiques importantes (faute de bénéficier de la relation psycho-affective et spirituelle liée à la gestation et à la filiation naturelles, et faute de disposer, lors de leur croissance psychologique, des modèles d’identification, masculin et féminin, dont ils ont besoin pour se contruire).
La légitimation de l’homosexualité n’est certes pas nouvelle : elle existait dans la société grecque et romaine de l’Antiquité où l’homosexualité était encore plus répandue et banalisée que dans les sociétés occidentales modernes et où les dieux en offraient même des exemples. Mais cela n’est pas fait pour rassurer : le mouvement actuel représente un retour au paganisme des sociétés préchrétiennes. D’autres faits en témoignent, promus actuellement par le même courant idéologique, lequel dans certaines de ses composantes, ne cache d’ailleurs pas son hostilité au christianisme et aux religions qui ont comme référence l’anthropologie biblique. La légalisation (et donc la légitimation sociale) de l’homosexualité, de l’euthanasie, des drogues douces et de la distribution de substituts de drogues dures ayant les mêmes effets par des organismes agréées par l’État, la facilitation et la banalisation de l’avortement et la promotion de la crémation, font partie d’un même plan, appliqué peu à peu (ses protagonistes parlent à chaque fois d’une « avancée ») non seulement en France mais dans la plupart des pays occidentaux, et avec l’appui des institutions européennes et internationales, qui vise à saper les valeurs chrétiennes qui servent encore de fondements à notre civilisation et à établir à leur place un « nouvel ordre », et même une « nouvelle religion » (comme l’expliquait récemment avec franchise le ministre de l’Education Vincent Peillon), où la liberté de tout faire, le désir et la jouissance individuelles prennent le pas sur toutes les autres valeurs. Il n’y a pas que les chrétiens pour constater cette dérive de la civilisation occidentale moderne : qu’on lise par exemple les analyses du philosophe américain Christopher Lasch dans son ouvrage fondamental « La culture du narcissisme ».
Dans le cadre du débat actuel sur l’institution du mariage homosexuel et de la possibilité offerte par la loi à des couples homoxexuels d’ « aquérir » et d’élever des enfants, la réflexion proposée par le père Marc-Antoine Costa de Beauregard, doyen des paroisses de France de la métropole orthodoxe roumaine, est particulièrement bienvenue, d’autant que si les catholiques ont produit à ce sujet une abondante littérature, peu d’orthodoxes se sont à ce jour prononcés sur ces questions.
Ce petit livre comporte trois parties. La première étudie « le sens théologique de la différence sexuelle », la deuxième « l’homosexualité et la loi biblique » et la troisième « l’attitude pastorale de l’Église ».
On peut approuver le sens général et l’intention de l’auteur, qui offre une réflexion large, approfondie, à la fois ouverte et ferme, intéressante, souvent originale.
La première partie, qui entend préciser le sens théologique et les fondements anthropologiques de la différence sexuelle est cependant assez confuse. L’auteur se trompe en voulant fonder la dimension sexuelle de l’anthropologie sur la théologie elle-même, car les personnes et la nature divines sont étrangères à la sexuation, et c’est dans le dépassement de la sexuation que l’homme se trouvera pleinement uni à Dieu (voir Ga 3, 28: « En Christ, il n’y a ni homme ni femme »). Dans la formule de la Genèse (1, 27: « Et Dieu fit l’homme, selon l’image de Dieu il le fit, mâle et femelle il les fit », « mâle et femelle il les fit » n’est pas précédé d’un double point (comme le présente l’auteur p. 23) et n’est pas une explicitation de la notion d’image, mais une autre affimation, qui s’ajoute à la précédente et désigne un autre plan, sinon cela signifierait que l’image de Dieu se réduit à la différence sexuelle ce qui serait absurde tant par rapport à Dieu que par rapport à l’homme. Dire que « l’altérité sexuelle, qui suggère l’altérité des personnes, inscrit l’altérité des personnes divines en image dans la nature créée » (p. 23), ou que « dans la diversité ontologique [de la différence sexuelle], nous contemplons le seau de la diversité divine » (p. 24), ou que « l’unité diversité-naturelle est l’image de l’unité-diversité des personnes divines ou humaines » (p. 25), ou que « Dieu a donné la différence sexuelle à l’humanité pour lui révéler les sens de la différence ontologique entre lui-même et elle » (p. 29) n’a guère de sens, car la diversité et l’altérité des personnes divines et humaines se fondent dans l’un et l’autre cas sur d’autres critères que la sexualité et sont connues, se perçoivent ou s’éprouvent sans celle-ci. Dire que dans le mariage le Christ se fait l’hypostase divine des hypostases humaines des époux (p. 31) est tout simplement une erreur dogmatique. Beaucoup d’autres arguments de l’auteur paraissent surfaits et discutables, en raison, surtout, d’un manque de rigueur dans l’utilisation des notions anthropologiques et théologiques chrétiennes de « nature » et d’ « hypostase » ou de « personne », dans leur rapport avec la différenciation sexuelle.
Dans la deuxième partie, l’auteur rappelle à juste titre l’interdiction biblique de l’homosexulité (voir notamment Genèse 19, 7; Lévitique 18, 22 et 20, 13; Romains 1, 18-32; auxquels il aurait fallu ajouter 1 Corinthiens 6, 9-10, 1 Timothée 1, 8-11 et Jude 7) et souligne l’incompatibilité du mode de vie homosexuel avec le mode de vie chrétien.
Dans son argumentation, l’auteur accorde en revanche trop peu d’importance à ce qui a toujours fait l’essentiel de la critique chrétienne de l’homosexualité depuis les origines : son caractère contre nature au sens le plus immédiat (mais qui ne se limite pas au plan biologique), et le fait qu’elle soit une perversion d’un ordre voulu par Dieu; les théories qui visent à justifier l’homosexualité d’ailleurs ne s’y trompent pas, puisque c’est à cette notion d’un ordre naturel et à son fondement religieux qu’elles s’attaquent en priorité. Il aurait été utile ici de citer les formules nettes de saint Paul et de se référer aux nombreux Pères qui se sont exprimé sur l’homosexualité.
L’auteur par ailleurs n’insiste pas assez sur le rapport premier de la sexualité avec la procréation, qui si elle n’en définit pas exclusivement, chez l’être humain, la finalité, en reste, dans le principe au moins, indissociable.
En outre l’auteur a une vision trop réductrice de l’homosexualité en la fondant psychologiquement sur le narcissisme et spirituellement sur la philautie. II y a certes dans l’homosexualité une dominante narcissique, mais il peut y avoir aussi un amour de l’autre, qui reconnaît sa différence et qui s’accompagne d’une certaine abnégation à son profit. Le reproche principal que l’on peut adresser à cette forme d’amour n’est donc pas qu’elle soit narcissique, ne reconnaisse pas la différence hypostatique de l’autre, etc., mais qu’elle implique un usage pervers de la sexualité et de la sexuation physique, psychique et spirituelle.
Si l’approche anthropologique de l’auteur paraît discutable, son approche pastorale, exposée dans la troisième partie, est en revanche convaincante et a la qualité d’être à la fois délicate et ferme. On peut apprécier en particulier la franchise de son appel à l’égard des homosexuels, à la conversion et à la guérison dont l’Église offre les moyens, un appel cependant exempt de toute condescendance et de tout pharisaïsme, mais empreint de compassion et d’amour fraternel. Les témoignages du père Marc-Antoine, présentés dans sa postface, sur les résultats positifs de son activité pastorale en ce sens sont particulièrement intéressants et émouvants.
Le père Marc-Antoine classe à juste titre l’homosexualité parmi les passions. Il a raison de mettre en parallèle avec cette passion les passions sexuelles qui peuvent aussi affecter une vie conjugale normale, et de noter que dans toutes les passions et pas seulement dans l’homosexualité pèse le poids des déterminismes biologiques, sociaux et psychologiques. Les homosexuels sont donc invités – non dans un esprit de condamnation ou de jugement, mais d’amour fraternel – à la conversion et au combat ascétique de la même manière le sont tous ceux qui ont des comportements en décalage par rapport au mode de vie chrétien idéal (ce qui concerne en fait tous les chrétiens, car nul n’est parfait et chacun a à affrontr des passions liées à la nature déchue). Ils doivent pouvoir trouver dans leurs efforts en ce sens l’appui du clergé et de la communauté, et doivent avoir la certitude que la toute-puissance de la grâce peut vaincre les tendances et les pulsions les plus fortes et les habitudes les mieux ancrées en l’homme, de quelque nature qu’elles soient.
C’est avec amour et compassion que l’Église doit accueillir les personnes homosexuelles désireuses de se conformer au mode de vie chrétien pour y trouver le véritable accomplissement d’elles-mêmes. « Ce n’est que dans un climat de compassion, écrit le père Marc Antoine, que peuvent être entendus l’appel à la conversion et le projet thérapeutique qui est celui de l’Église, lieu de guérison. Ce n’est que dans un tel climat que la personne peut se reconnaître malade et accéder au repentir. (…) L’évêque et le prêtre seront l’image du Bon Pasteur qu’est le Christ lui-même s’ils se consacrent à cette personne pour l’aider à découvrir l’incompatibilité entre les actes homosexuels et la vie chrétienne, et en quoi l’homosexualité est une impasse spirituellement parlant. »
Ces considérations rejoignent les directives données au clergé par l’Église orthodoxe en Amérique (OCA): « Les hommes et les femmes éprouvant des sentiments ou des émotions homosexuels doivent être traités avec la compréhension, l’accueil, l’amour, la justice et la miséricorde dus à tous les êtres humains. Les personnes ayant des tendances homosexuelles doivent être aidées (…) à découvrir les causes spécifiques de leur orientation homosexuelle et à travailler pour surmonter ses effets néfastes dans leur vie. Les personnes qui luttent contre leur homosexualité, qui acceptent la foi orthodoxe et s’efforcent de mener le mode de vie orthodoxe peuvent être admises comme fidèles dans l’Église aux côtés de toute personne qui croit et lutte spirituellement. Ceux qui, instruits et conseillés sur la doctrine chrétienne orthodoxe et la vie ascétique, veulent néanmoins justifier leur comportement ne peuvent pas participer aux mystères sacramentels de l'Église, puisque cela ne leur serait pas utile, mais nuisible. Une aide doit être accordée à ceux qui sont en relation avec des personnes d'orientation homosexuelle, afin de les aider dans leurs pensées, sentiments et actions vis-à-vis de l’homosexualité. Cette assistance est particulièrement nécessaire pour les parents et amis des personnes ayant des tendances et des sentiments homosexuels, mais elle est nécessaire aussi pour les pasteurs de l'Église. »
Quoi qu’il en soit, selon l’esprit chrétien, toute personne doit être aimée pour elle-même et en Dieu inconditionnellement, quels que soient son mode de vie, ses comportements et ses fautes. Haïr le péché, mais ne pas juger ni condamner la personne qui le commet et la considérer au contraire avec amour, tel est le principe de base du christianisme qui doit être appliqué ici comme ailleurs.
Tout en évitant dans les rapports entre les personnes toute forme de discrimination, les chrétiens ont cependant le droit d’avoir et le devoir d’exprimer (sans craindre les quolibets et les insultes des groupes de pression christianophobes) leurs propres convictions. Lors de sa visite au Conseil de l’Europe le 2 octobre 2007, le patriarche Alexis II déclarait: « L’Eglise orthodoxe éprouve amour et compassion pour le pécheur mais pas pour ses péchés. Tel est l’enseignement moral de la Bible. Le péché, c’est l’adultère, l’infidélité, des relations sexuelles irresponsables et tous les actes qui altèrent la conscience de l’homme. Si certains se livrent à une propagande en faveur de l’homosexualité, il est du devoir de l’Eglise de dire où est le Bien, car l’homosexualité est une maladie qui modifie la personnalité de l’homme, et ce n’est donc pas une pathologie dont on peut parler avec détachement. »
L’ouvrage est préfacé par le métropolite Joseph et comporte, en annexe, l’exposé très pertinent qu’il a fait au nom de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France lors de l’audition des représentants des cultes à l’Assemblée nationale le 29 novembre dernier, et qui souligne les risques que fait courir à la société le projet gouvernemental actuel de légalisation du mariage et de l’adoption en faveur des couples homosexuels.
Ce petit livre comporte trois parties. La première étudie « le sens théologique de la différence sexuelle », la deuxième « l’homosexualité et la loi biblique » et la troisième « l’attitude pastorale de l’Église ».
On peut approuver le sens général et l’intention de l’auteur, qui offre une réflexion large, approfondie, à la fois ouverte et ferme, intéressante, souvent originale.
La première partie, qui entend préciser le sens théologique et les fondements anthropologiques de la différence sexuelle est cependant assez confuse. L’auteur se trompe en voulant fonder la dimension sexuelle de l’anthropologie sur la théologie elle-même, car les personnes et la nature divines sont étrangères à la sexuation, et c’est dans le dépassement de la sexuation que l’homme se trouvera pleinement uni à Dieu (voir Ga 3, 28: « En Christ, il n’y a ni homme ni femme »). Dans la formule de la Genèse (1, 27: « Et Dieu fit l’homme, selon l’image de Dieu il le fit, mâle et femelle il les fit », « mâle et femelle il les fit » n’est pas précédé d’un double point (comme le présente l’auteur p. 23) et n’est pas une explicitation de la notion d’image, mais une autre affimation, qui s’ajoute à la précédente et désigne un autre plan, sinon cela signifierait que l’image de Dieu se réduit à la différence sexuelle ce qui serait absurde tant par rapport à Dieu que par rapport à l’homme. Dire que « l’altérité sexuelle, qui suggère l’altérité des personnes, inscrit l’altérité des personnes divines en image dans la nature créée » (p. 23), ou que « dans la diversité ontologique [de la différence sexuelle], nous contemplons le seau de la diversité divine » (p. 24), ou que « l’unité diversité-naturelle est l’image de l’unité-diversité des personnes divines ou humaines » (p. 25), ou que « Dieu a donné la différence sexuelle à l’humanité pour lui révéler les sens de la différence ontologique entre lui-même et elle » (p. 29) n’a guère de sens, car la diversité et l’altérité des personnes divines et humaines se fondent dans l’un et l’autre cas sur d’autres critères que la sexualité et sont connues, se perçoivent ou s’éprouvent sans celle-ci. Dire que dans le mariage le Christ se fait l’hypostase divine des hypostases humaines des époux (p. 31) est tout simplement une erreur dogmatique. Beaucoup d’autres arguments de l’auteur paraissent surfaits et discutables, en raison, surtout, d’un manque de rigueur dans l’utilisation des notions anthropologiques et théologiques chrétiennes de « nature » et d’ « hypostase » ou de « personne », dans leur rapport avec la différenciation sexuelle.
Dans la deuxième partie, l’auteur rappelle à juste titre l’interdiction biblique de l’homosexulité (voir notamment Genèse 19, 7; Lévitique 18, 22 et 20, 13; Romains 1, 18-32; auxquels il aurait fallu ajouter 1 Corinthiens 6, 9-10, 1 Timothée 1, 8-11 et Jude 7) et souligne l’incompatibilité du mode de vie homosexuel avec le mode de vie chrétien.
Dans son argumentation, l’auteur accorde en revanche trop peu d’importance à ce qui a toujours fait l’essentiel de la critique chrétienne de l’homosexualité depuis les origines : son caractère contre nature au sens le plus immédiat (mais qui ne se limite pas au plan biologique), et le fait qu’elle soit une perversion d’un ordre voulu par Dieu; les théories qui visent à justifier l’homosexualité d’ailleurs ne s’y trompent pas, puisque c’est à cette notion d’un ordre naturel et à son fondement religieux qu’elles s’attaquent en priorité. Il aurait été utile ici de citer les formules nettes de saint Paul et de se référer aux nombreux Pères qui se sont exprimé sur l’homosexualité.
L’auteur par ailleurs n’insiste pas assez sur le rapport premier de la sexualité avec la procréation, qui si elle n’en définit pas exclusivement, chez l’être humain, la finalité, en reste, dans le principe au moins, indissociable.
En outre l’auteur a une vision trop réductrice de l’homosexualité en la fondant psychologiquement sur le narcissisme et spirituellement sur la philautie. II y a certes dans l’homosexualité une dominante narcissique, mais il peut y avoir aussi un amour de l’autre, qui reconnaît sa différence et qui s’accompagne d’une certaine abnégation à son profit. Le reproche principal que l’on peut adresser à cette forme d’amour n’est donc pas qu’elle soit narcissique, ne reconnaisse pas la différence hypostatique de l’autre, etc., mais qu’elle implique un usage pervers de la sexualité et de la sexuation physique, psychique et spirituelle.
Si l’approche anthropologique de l’auteur paraît discutable, son approche pastorale, exposée dans la troisième partie, est en revanche convaincante et a la qualité d’être à la fois délicate et ferme. On peut apprécier en particulier la franchise de son appel à l’égard des homosexuels, à la conversion et à la guérison dont l’Église offre les moyens, un appel cependant exempt de toute condescendance et de tout pharisaïsme, mais empreint de compassion et d’amour fraternel. Les témoignages du père Marc-Antoine, présentés dans sa postface, sur les résultats positifs de son activité pastorale en ce sens sont particulièrement intéressants et émouvants.
Le père Marc-Antoine classe à juste titre l’homosexualité parmi les passions. Il a raison de mettre en parallèle avec cette passion les passions sexuelles qui peuvent aussi affecter une vie conjugale normale, et de noter que dans toutes les passions et pas seulement dans l’homosexualité pèse le poids des déterminismes biologiques, sociaux et psychologiques. Les homosexuels sont donc invités – non dans un esprit de condamnation ou de jugement, mais d’amour fraternel – à la conversion et au combat ascétique de la même manière le sont tous ceux qui ont des comportements en décalage par rapport au mode de vie chrétien idéal (ce qui concerne en fait tous les chrétiens, car nul n’est parfait et chacun a à affrontr des passions liées à la nature déchue). Ils doivent pouvoir trouver dans leurs efforts en ce sens l’appui du clergé et de la communauté, et doivent avoir la certitude que la toute-puissance de la grâce peut vaincre les tendances et les pulsions les plus fortes et les habitudes les mieux ancrées en l’homme, de quelque nature qu’elles soient.
C’est avec amour et compassion que l’Église doit accueillir les personnes homosexuelles désireuses de se conformer au mode de vie chrétien pour y trouver le véritable accomplissement d’elles-mêmes. « Ce n’est que dans un climat de compassion, écrit le père Marc Antoine, que peuvent être entendus l’appel à la conversion et le projet thérapeutique qui est celui de l’Église, lieu de guérison. Ce n’est que dans un tel climat que la personne peut se reconnaître malade et accéder au repentir. (…) L’évêque et le prêtre seront l’image du Bon Pasteur qu’est le Christ lui-même s’ils se consacrent à cette personne pour l’aider à découvrir l’incompatibilité entre les actes homosexuels et la vie chrétienne, et en quoi l’homosexualité est une impasse spirituellement parlant. »
Ces considérations rejoignent les directives données au clergé par l’Église orthodoxe en Amérique (OCA): « Les hommes et les femmes éprouvant des sentiments ou des émotions homosexuels doivent être traités avec la compréhension, l’accueil, l’amour, la justice et la miséricorde dus à tous les êtres humains. Les personnes ayant des tendances homosexuelles doivent être aidées (…) à découvrir les causes spécifiques de leur orientation homosexuelle et à travailler pour surmonter ses effets néfastes dans leur vie. Les personnes qui luttent contre leur homosexualité, qui acceptent la foi orthodoxe et s’efforcent de mener le mode de vie orthodoxe peuvent être admises comme fidèles dans l’Église aux côtés de toute personne qui croit et lutte spirituellement. Ceux qui, instruits et conseillés sur la doctrine chrétienne orthodoxe et la vie ascétique, veulent néanmoins justifier leur comportement ne peuvent pas participer aux mystères sacramentels de l'Église, puisque cela ne leur serait pas utile, mais nuisible. Une aide doit être accordée à ceux qui sont en relation avec des personnes d'orientation homosexuelle, afin de les aider dans leurs pensées, sentiments et actions vis-à-vis de l’homosexualité. Cette assistance est particulièrement nécessaire pour les parents et amis des personnes ayant des tendances et des sentiments homosexuels, mais elle est nécessaire aussi pour les pasteurs de l'Église. »
Quoi qu’il en soit, selon l’esprit chrétien, toute personne doit être aimée pour elle-même et en Dieu inconditionnellement, quels que soient son mode de vie, ses comportements et ses fautes. Haïr le péché, mais ne pas juger ni condamner la personne qui le commet et la considérer au contraire avec amour, tel est le principe de base du christianisme qui doit être appliqué ici comme ailleurs.
Tout en évitant dans les rapports entre les personnes toute forme de discrimination, les chrétiens ont cependant le droit d’avoir et le devoir d’exprimer (sans craindre les quolibets et les insultes des groupes de pression christianophobes) leurs propres convictions. Lors de sa visite au Conseil de l’Europe le 2 octobre 2007, le patriarche Alexis II déclarait: « L’Eglise orthodoxe éprouve amour et compassion pour le pécheur mais pas pour ses péchés. Tel est l’enseignement moral de la Bible. Le péché, c’est l’adultère, l’infidélité, des relations sexuelles irresponsables et tous les actes qui altèrent la conscience de l’homme. Si certains se livrent à une propagande en faveur de l’homosexualité, il est du devoir de l’Eglise de dire où est le Bien, car l’homosexualité est une maladie qui modifie la personnalité de l’homme, et ce n’est donc pas une pathologie dont on peut parler avec détachement. »
L’ouvrage est préfacé par le métropolite Joseph et comporte, en annexe, l’exposé très pertinent qu’il a fait au nom de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France lors de l’audition des représentants des cultes à l’Assemblée nationale le 29 novembre dernier, et qui souligne les risques que fait courir à la société le projet gouvernemental actuel de légalisation du mariage et de l’adoption en faveur des couples homosexuels.
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