Pasteur Richard Wurmbrand: le dernier combat
par le hiéromoine Damascène (Christensen)(1)
Notre Fraternité de Saint Germain d’Alaska et le monastère ont depuis longtemps beaucoup de respect et de reconnaissance pour la vie, le témoignage et le travail du pasteur Richard Wurmbrand, juif converti au christianisme qui a souffert pendant quatorze ans dans les prisons communistes en Roumanie en raison de son activité incessante de chrétien. En 1979, notre père co-fondateur, Seraphim Rose a parlé du pasteur Wurmbrand aux séminaristes et aux pèlerins au monastère de la Sainte Trinité à Jordanville, dans l’état de New York. Les années suivantes, nous avons correspondu avec le pasteur Wurmbrand lui-même, lui avons envoyé du matériel orthodoxe, et nous nous sommes entretenus avec lui lors de certaines de ses allocutions.
En 1996, notre Fraternité a établi un contact personnel avec un homme qui avait été dans les prisons communistes en Roumanie, en même temps que le pasteur Wurmbrand, et pour la même raison: le prêtre orthodoxe roumain, le Père Georges Calciu. Le Père Seraphim Rose avait aussi parlé longuement de Père Georges et de sa prédication courageuse du Christ en Roumanie. Nous avons été ravis de le connaître ici en Amérique, d'apprendre de sa foi, et de bénéficier de sa sagesse et de son expérience.
Il est vite devenu connu de nous que le pasteur Wurmbrand et le Père Georges étaient amis. Père Georges nous a dit que le pasteur Wurmbrand s’était confessé à lui à plusieurs reprises aux États-Unis - non pas comme un sacrement, car le pasteur Wurmbrand était luthérien - mais comme devant un prêtre orthodoxe et un ami. Avant ces entretiens, dans lesquels il révélait ses combats, le pasteur Wurmbrand faisait toujours le signe de Croix.
Le pasteur Wurmbrand s’est également confessé à un prêtre orthodoxe de nombreuses années avant de venir en Amérique, quand il était dans les prisons communistes. Il a parlé de cela à Père Georges quand il l’a rencontré en Pennsylvanie en 1989. Dans une lettre récente Père George nous a informé de ce que le pasteur Wurmbrand lui avait dit:
Le pasteur Wurmbrand était dans un hôpital de la prison pour une maladie en phase terminale. La majorité de la population de cette prison devait mourir.
Un jour, un nouveau transport de prisonniers est arrivé à la prison. Parmi eux se trouvait un prêtre orthodoxe très humble venant d'un village. Il semblait si simple que les gardes ont fait toutes sortes de plaisanteries sur lui. Les prisonniers étaient dans la cour – un lieu particulier entouré d'une clôture - et le garde l’a amené, vêtu de lambeaux avec les nouveaux arrivants.
Le garde leur a dit: «Écoutez, les gars, c'est un prêtre. Il a été envoyé ici par l'administration pénitentiaire pour entendre votre dernière confession. A vous tous !» Il faisait allusion au fait qu'ils devaient tous mourir, y compris le prêtre.
Le pasteur Wurmbrand dit: «Il [le gardien] a prophétisé: en moins de six mois, tout le monde est venu vers ce prêtre et s’est confessé. J'ai été parmi les premiers. "
En 1998, le pasteur Wurmbrand était dans un état critique dans un hôpital de Californie du Sud. Il n'avait pas mangé depuis dix jours, et il semblait qu'il allait mourir. On lui a demandé quel pasteur devrait être appelé, et il a demandé le Père Georges Calciu. Père Georges a téléphoné et s’est préparé à venir, mais le danger est passé et le pasteur Wurmbrand est allé mieux. Pourtant, le pasteur Wurmbrand était dans un état tel qu'il devait être maintenu dans un foyer de soins - un foyer de soins catholiques à Torrance, en Californie.
En Juillet 1998 Père Georges est allé voir le pasteur Wurmbrand. Peu de temps après cette visite, il nous a envoyé le message suivant:
Le pasteur Wurmbrand était très exalté de me voir. Il est dans une maison de soins infirmiers, très faible, il ne peut rien avaler, même pas sa propre salive. Je l'ai trouvé dormant, parce qu'il voulait ne pas être fatigué et être en mesure de parler plus longtemps avec moi. Après une demi-heure il se réveilla et on le poussa dans son fauteuil roulant vers une petite cour, où il y avait une statue de la Mère de Dieu. Nous avons parlé quelques minutes tous ensemble: sa femme Sabine, deux dames roumaines, Nicolae Popa et un jeune homme.
Ensuite, tout le monde nous a laissés seuls Richard et moi. Nous avons commencé par nous rappeler le temps dans les prisons, et il se souvint de quelque chose de touchant. Il a dit: «J'ai été en prison avec des gens différents: orthodoxes, catholiques, roumains, hongrois, allemands, etc.… Et j'ai remarqué que l'Hymne à la Mère de Dieu existait dans toutes les langues, sauf en hébreu. Et j'ai décidé de composer cet hymne en hébreu, parce que Marie est une juive et que l'hébreu était sa langue. "Il a commencé à chanter, avec sa voix faible et tremblante, l'hymne en hébreu. La mélodie composée par lui est très juive. J'ai été profondément impressionné. La statue de la Mère de Dieu était là, nous regardant et nous bénissant… Il m'a dit que, dans son cœur, il aimait l'Orthodoxie, mais il a estimé qu'il n'était pas digne d'elle, et que c’était pour cette raison qu'il n'avait pas réussi à devenir pleinement orthodoxe.
Allez voir Richard et parlez-lui, demandez-lui de chanter "Ave Maria". Et soyez prêts à enregistrer l’hymne. Il aime beaucoup la Mère de Dieu, et je suis sûr qu'il sera heureux dans son cœur de laisser cette hymne comme témoignage. Je n'étais pas préparé et j’ai manqué l'occasion [de l’enregistrer].
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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