"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 14 juin 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville (IV)e

Tombe de Frère Joseph/Ambroise à Jordanville

4. Sous la protection des croix du cimetière ( fin)
Voici une autre histoire à propos d'un russe qui garda la vérité et lui fut loyal jusques à la fin. Allons sur sa tombe: elle est modestement cachée dans l'ombre des arbres tout au coin du cimetière. C'est la tombe du "diacre Grigorievitch". Les exploits ascètiques de sa vie furent cachées aux "vrais soviétiques" et restèrent inconnus, pourtant ils étaient connus de Dieu.
Basil Grigorievitch Chipilov naquit en 1928 dans l'Altaï. Il passa trente-huit ans dans les camps soviétiques pour sa confession de la foi orthodoxe de 1949 à 1987. Il était sur la liste sous le nom de "Diacre Basile" dans le registre des " prisonniers de conscience". Il fut libéré pendant les premiers jours de le péreistroïka en réponse aux pétitions venant de l'Ouest. Pourtant, il se révéla qu'il n'était pas diacre, mais un simple laïc orthodoxe. On l'appela diacre en prison parce qu'il avait copié tout le Nouveau Testament de ses mains. En ces temps là, c'était une action héroïque, car il était dangereux de posséder une copie de l'Ecriture même hors des murs de la prison, et d'autant plus en prison. Evidemment, ils lui confisquèrent la copie du Nouveau Testament, mais ils ajoutèrent des années de prison à sa sentence.
En 1988, Grigorievitch ( c'est le nom qu'il se donnait quand il se présentait) s'installa au monastère de la Sainte Trinité à Jordanville. De braves gens l'amenèrent là alors qu'il était déjà usé, rompu de souffrance et physiquement infirme. Pendant longtemps, il ne pouvait croire qu'il était libre, que ce n'était pas là une nouvelle prison où les conditions auraient été simplement plus favorables. Grigorievitch faisait même ses promenades comme un prisonnier. Il faisait vingt pas en avant, puis il tournait sur lui-même et faisait le même nombre de pas en sens inverse. Grigorievitch se signait sans arrêt. Il avait souvent été battu au péril de sa vie alors qu'il était encore prisonnier ( c'est la raison pour laquelle il était si découragé), mais personne ne put lui faire renoncer à cette ahabitude pieuse de se signer en permanence.
Petit à petit, Grigorievitch se détendit; il commença à sourire et à parler aux habitants de Jordanville. Et bien qu'extérieurement il parût épuisé, intérieurement il était spirituellement concentré et fixé sur son but: le salut. A chaque fois que quelqu'un lui montrait les bienfaits de la civilisation occidentale, il répliquait qu'il n'en avait nul besoin et que la seule chose qu'il voulait était de sauver son âme. Ses exploits ascétiques de prière étaient surnaturels: quelquefois quand les frères qui s'occupaient de lui entraient dans sa cellule, il le trouvaient dans le beau coin d'icônes, le livre de prières à la main. Il était évident alors que Basile était si concentré dans sa prière qu'il n'avait pas remarqué leur venue. Des cals s'étaient formé sur ses genoux à cause de ses longues heures de prière. Le serviteur de Dieu Basile mourut le 3/16 août 1993.
Curieusement , il avait des fablesses, comme tous les hommes, pourtant elles s'estompent devant la grandeur des actions saintes que Basile accomplit dignement. Car il était de ceux qui ont gardé pure la source de la foi orthodoxe et qui n'ont pas laissé les athées la souiller. C'est grâce à lui que des dizaines de milliers de russes, viennent maintenant à l'Eglise et peuvent boire à la source de jouvence de la foi, tout comme des centaines de non orthodoxes comme le Père Isaac et le hiéromoine Séraphim Rose. Cela signifie que Basile et les gens comme lui n'ont pas sacrifié leur bien-être en vain; ils n'ont pas été privés de liberté, n'ont pas perdu leur santé, et certains même leur vie pour rien. Ce ne fut pas en vain, car nous croyons que le Seigneur a pardonné beaucoup de péchés humains, à cause de leurs prières.
A présent, il est temps de retourner au monastère. Il est bien cependant que nous ayons commencé notre connaissance de Jordanville par le cimetière du monastère, car le souvenir de la mort est l'exploit spirituel le plus important de tout moine orthodoxe. Continuons notre voyage sous la protection de la lumière surnaturelle des croix du cimetière. Donc...le monastère!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ (На главную)

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