Eglise du cimetière
4. Sous la protection des croix du cimetière ( suite)
La prière faisait de Père Michael un théologien, pourtant il avait peur d'être appelé ainsi, "l'Eglise ne connaît que trois théologiens" avait-il l'habitude de dire, " saint Jean, saint Grégoire et le Vénérable saint Syméon le Nouveau théologien, et tout le reste est superflu..." S'il arrivait à Père Michael de manquer un office de semaine à l'Eglise, il le lisait dans sa cellule. De plus chaque jour il lisait les Saintes Ecritures de l'Ancien et du Nouveau Testament.
On pourrait écrire beaucoup de choses sur l'humilité et la compassion de Père Michael. Je me souviens au retour d'un travail de creusement de tombe, m'être arrêté pour voir Père Michael. Il trouva alors une raison de se faire des reproches, " Je ne vaux absolument rien, je ne fais rien de bon pour le monastère. je ne suis rien qu'un fardeau pour mes frères, pourtant il faudra qu'ils creusent une tombe pour moi. Pourvu que cela ne soit pas en hiver. Comme il est difficile de creuser en hiver!" Et il répéta ces mots sans cesse pendant un long moment.
Quelquefois, il était difficile de rendre le moindre service à Père Michael. Il était très embarrassé lorsque quelqu'un nettoyait sa cellule ou faisait sa lessive, " Mon cher, mon cher, pardonne-moi, pardonne-moi de te faire t'occuper de ma saleté."
" Peu de gens pourraient vivre dans une communauté monastique et ne pas souffrir de l'amertume des offenses. Pourtant Père Michael était ainsi. Dans son testament, il écrivit, avec grande justesse:" Je n'arriverais pas à retrouver dans ma mémoire le souvenir d'avoir été affligé par un des frères du monastère. Je n'écris pas cela parce que c'en est l'usage ou la tradition comme le font quelquefois certains lorsqu'ils quittent la vie. Je le fais en pleine conscience de l'expérience de ma vie qui a été ainsi. Il y a une distinction claire entre la manifestation extérieure d'affection dans le monde et la sévérité extérieure de la vie quotidienne dans l'Eglise; entre la froideur véritable du monde, riche en bénédictions terrestres et la chaleur de la vie dans l'Eglise cachée et méprisée du monde. A l'intérieur des murs de l'Eglise " la lumière brille dans les ténèbres; et les ténèbres ne l'ont pas reconnue."
Je ne puis me souvenir d'un seul instant où Père Michael ait jugé quelqu'un ou médit de lui. Je ne l'ai jamais vu en colère ou ennuyé de ce que je me sois occupé avec négligence de lui. Si j'oubliais de lui porter à manger ou de faire sa lessive, et que je ne m'en souvenais pas ensuite, il ne me le rappelait jamais.
" Le 22 octobre/4 novembre 1988, pour la fête de l'icône de la Sainte Mère de Dieu de Kazan, je m'arrêtai à la cellule de Père Michael et le trouvai mort, mais son front était encore chaud. Il mourut seul. Père Michael fut toujours pour moi un exemple de douceur, d'humilité, de concentration dans la prière et de sobriété, de ces exploits spirituels monastiques auxquels je ne puis qu'aspirer. Il mourut même comme un moine, sans personne présent." C'est la fin de l'histoire de Père Benjamin. ( Fin de la troisième partie) à suivre...
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ (На главную)
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