Le théologien grec et doctorant de l'Université d'Athènes, Vasilios Touloumtsis, a vivement critiqué l'octroi du Tomos sur l'autocéphalie à la soi-disant église orthodoxe d'Ukraine (OCU schismatique). À son avis, les actions du Patriarcat de Constantinople non seulement n'ont pas guéri le schisme de l'église en Ukraine, mais l'ont également aggravé, car elles étaient basées sur une ecclésiologie erronée et hérétique, introduisant un nouveau modèle de structure de l'église à l'image de la primauté papale. Les paroles de Tulumtsis sont rapportées par la chaîne Telegram de Pravblog.
Le principal problème, selon Tulumtsis, n'est pas le fait d'émettre le Tomos, mais le manque de sacerdoce canonique de ceux qui l'ont reçu. Dans sa présentation à la conférence internationale "La crucifixion de l'Orthodoxie au XXIe siècle", il a souligné que l'OCU était composée de groupes qui "n'ont jamais été ordonnés au sein de l'Église". « Il est impossible par un acte administratif, qu'est l'autocéphalie, d'accorder inconditionnellement et, au sens figuré, comme par magie le sacerdoce à des personnes qui ne l'ont jamais reçue », a déclaré le théologien. Le résultat, a-t-il conclu, a été la création d'une structure "possédant le Tomos de l'autocéphalie, mais qui n'est pas l'Église".
Le chercheur a également rejeté les arguments de Constantinople (Phanar), qui faisaient référence à la pratique du septième concile œcuménique d'accepter d'anciens hérétiques iconoclastes. Tulumtsis a souligné une différence fondamentale : les évêques iconoclastes avaient la chirotonie* canonique avant leur hérésie, alors que de nombreux schismatiques ukrainiens ne l'avaient pas du tout. Il a rappelé que le patriarche Bartholomée lui-même avait auparavant reconnu publiquement leur manque d'ordination, ce qui rend les actions ultérieures du Phanar contradictoires en interne.
Selon Vassilios Touloumtsis, derrière la décision sur l'Ukraine se cache une tentative d'introduire un nouveau modèle de structure de l'église - "ecclésiologie de la primauté" empruntée aux enseignements du Concile Vatican II. Dans ce modèle, l'unité de l'Église n'est pas basée sur une foi commune et une tradition canonique, mais sur la communion avec le « premier hiérarque du monde » - le patriarche de Constantinople. Selon le théologien, il s'agit d'un concept étranger à l'Orthodoxie, qui place le lien administratif au-dessus de la réalité sacramentelle.
Touloumtsis relie cette nouvelle doctrine aux idées théologiques de feu le métropolite Jean Zizioulas, qu'il qualifie de « théologie trinitaire hérétique (arienne) ». Selon ce concept, tout comme dans la Sainte Trinité, il y a soi-disant un « premier » - Dieu le Père – ainsi dans l'Église, il doit y avoir un « premier universel » - le Patriarche œcuménique, dont la communion avec lui peut compenser toute déficiences canonique, y compris l'absence de succession apostolique. Ainsi, selon l'érudit grec, la question ukrainienne n'était qu'un « cas pratique » pour l'application pratique de cette nouvelle ecclésiologie, qui n'a pas conduit à l'unité mais à une « division illimitée du corps ecclésiastique ».
Nous tenons à vous rappeler que plus tôt, l'archevêque Silvestr (Stoychev), recteur du séminaire et de l'académie théologique de Kiev, a commenté la validité des ordinations sacerdotales des représentants de l'OCU. Le hiérarque affirme que les ordinations d'une partie importante du clergé de l'OCU ne peuvent pas être reconnues en raison des divergences canoniques et de la pratique canonique de l'Église. En outre, l'évêque est convaincu que l'existence du Tomos d'autocéphalie de l'OCU ne peut en aucun cas être une base pour changer l'attitude à l'égard de cette question.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Note:
*En théologie chrétienne, c'est l'imposition des mains lors de l'ordination des diacres, prêtres ou évêques.
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