Un aperçu de la façon dont le cœur du père Seraphim Rose s'adoucissait et s'ouvrait à l'amour de Dieu est révélé dans les écrits de sa fille spirituelle, Solomonia. Peu après sa dormition, elle a écrit :
« L'un des souvenirs les plus précieux que je détiens du père Seraphim remonte au dimanche des Vêpres du Pardon, marquant le début du Grand Carême.
Ce souvenir a une signification particulière pour moi parce que je l'ai vu debout, son âme complètement immergée dans la Présence de Dieu. Comment peut-on vraiment exprimer la profondeur du désir et du chagrin dans le cœur, en aspirant au divin ? Dans ces moments-là, nous ne nous voyons pas ; seul Dieu le sait. Cependant, pendant le dimanche des Vêpres du Pardon, nos cœurs ont collectivement entonné le prokiménon : Ne me cache point ta face, Ne repousse pas avec colère ton serviteur! Tu es mon secours, ne me laisse pas, ne m'abandonne pas, Dieu de mon salut! (Cf. Psaume 69:20-21).
Si c'était possible, j'aurais souhaité ne pas simplement écrire ce verset, mais transmettre à travers sa lecture la façon dont il est chanté, comme un plaidoyer profondément sincère à Dieu. Le souvenir reste vif, comme si c'était arrivé hier : le père Seraphim debout derrière l'autel, et alors que la mélodie inconnue remplissait l'air, seule sa voix pouvait être entendue, remplie de tendresse et d'un humble sentiment de peine. Sa voix n'était pas seulement une démonstration d'émotion, mais quelque chose de beaucoup plus profond - un sentiment tendre qui nous laissé dans l'étonnement. Puis, il a tranquillement tendu la main vers son visage, et je me suis demandé : priait-il Dieu pour sa propre âme ? A-t-il essuyé une larme de sa joue inaperçue des autres ?
Et moi, ainsi que beaucoup d'autres, nous dépendions du Père Seraphim à bien des égards, des petites affaires quotidiennes aux luttes spirituelles plus importantes, et il nous a toujours soutenus avec amour, sans jamais penser à lui-même, au point que je ne me suis jamais arrêté pour considérer la profondeur du désir de son âme pour Dieu.
Année après année, chaque fois qu'il officiait le dimanche des Vêpres du Pardon, j'attendais avec impatience le son précieux de sa voix prononçant cette prière, et chaque fois, je le voyais lever subtilement la main pour essuyer les larmes presque inaperçues de sa joue.
Version française Claude Lopez-GInisty
Extrait de Hieromonk Damascene
The Life and Works of Father Seraphim Rose
"La vie et les œuvres du père Seraphim Rose"
Sophia Publishing House.

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