"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 29 avril 2022

Hiéromartyr Thaddée (Ouspensky): NOUS ENTENDRONS LA VOIX DU CHRIST DANS NOS ÂMES/ homélie pour la Semaine Lumineuse



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« Nous fêtons l'anéantissement de la mort, la destruction de l'enfer, les prémices d'une vie nouvelle et éternelle » (Canon pascal, Ode 7)

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Maintenant, la mort, dernier ennemi de l'humanité, est détruit ; maintenant, la mort est engloutie pour toujours, et nous sommes passés de la mort à la Vie, de la puissance de l'enfer au Royaume de la vie divine. Au lieu d'une vie passée à la recherche de joies terrestres fugaces et illusoires qui laissent nos cœurs insatisfaits même au moment où il semblerait que le frisson de la félicité et du bonheur ait étreint tout notre être, maintenant le début d'une vie remplie de joie spirituelle éternelle et indestructible est exposé. Sans aucun doute, beaucoup d'entre nous ont eu des aperçus, pour ainsi dire, de cette joie céleste au cours de la « nuit festive et salvatrice » (cf. Canon pascal, Ode 7) de la Résurrection du Christ.

Mais pourquoi cette joie, qui brillait un instant dans nos cœurs comme un rayon de lumière vivifiant, a-t-elle bientôt complètement disparu chez certains, alors que chez d'autres, elle n'a laissé qu'un faible souvenir ou une attente lasse jusqu'à ce qu'elle revienne ? Bien sûr, parce qu'au lieu de cette joie pure et céleste, ils sont rapidement revenus à aimer des choses qui semblent plus joyeuses sur Terre ; les nourritures terrestres ont été préférés à la Communion de la Pâque Divine et Très Sainte ; au lieu de la boisson de l'incorruptibilité et de la source de joie divine, ils ont préféré boire la coupe des plaisirs de la chair qui assombrit l'esprit. 

Mais si nous nous sentons faibles et impuissants à vaincre en nous-mêmes et à expulser de nos cœurs ces pensées et désirs séduisants de la chair qui ferment devant nous les portes de la chambre nuptiale bénie du Christ, qui a été ouverte la nuit radieuse de la résurrection du Christ, alors évaluons au moins vraiment ces pensées et ces désirs qui rendent peut-être, peut-être, nos cœurs semblables à des tombeaux qui paraissent beaux extérieurement, mais qui, au dedans sont pleins d'ossements de morts et de toute espèce d'impureté (cf. Mt. 23:27) ! ouvrons à nouveau les portes de notre ouïe, afin que les paroles des hymnes de l'Église, si remplis de triomphe spirituel, puissent entrer à par elles !

Lorsque ces paroles parviendront aux portes intérieures de nos cœurs, nous entendrons à nouveau dans nos âmes la voix du Christ, qui est venu souper avec nous (Apocalypse 3:20) et traîneront les restes de notre vie spirituelle, pourrie par les passions - c'est-à-dire nos cœurs, liés par l'amour du péché - hors des tombes (Ezéchiel. 37:11-14). 

Et si Sa visitation ne nous rend pas cette joie ancienne, qui nous a ravis au point d'oublier toutes choses terrestres, alors nous sentirons au moins une grande puissance en nous-mêmes pour la bataille contre les désirs abusifs de la chair. 

Nos ennemis spirituels disparaîtront comme de la fumée, et nous ferons l'expérience de la puissance de ces paroles que nous entendons si souvent ces jours-ci : « Que Dieu se lève, que ses ennemis soient dispersés ! » Une fois qu'elles seront conquis, nous verrons à nouveau dans nos âmes ce que nous avons vu la nuit de la Résurrection - l'image et le début, pour ainsi dire, de cette vie joyeuse et légère devant laquelle les joies terrestres perdront toute attraction.

Amen.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

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Tropaire du saint hiéromartyr Thaddée,

Fêté le 18/31 décembre

Ton 4

Partageant les voies des Apôtres, / tu devins un successeur sur leur siège. / Par la pratique de la vertu, tu trouvas le chemin de la contemplation divine, ô toi qui fus inspiré par Dieu ; / en enseignant la parole de vérité sans erreur, tu défendis la foi, / jusques à même verser ton sang. / Saint hiéromartyr Thaddée, supplie le Christ Dieu de sauver nos âmes.

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Saint hiéromartyr Thaddée (Ouspensky), archevêque de Tver.

Jour de fête le 18/31 décembre.

Son grand-père l'aimait plus que tous ses petits-enfants, le surnommant l'évêque. Alors qu'il étudiait encore à l'Académie de Théologie, il acquit la prière constante. Elle se disait tranquillement dans son âme, même lors de ses conversations peu fréquentes avec d'autres étudiants. Il était encore dans le monde, mais il vivait déjà comme un moine.

Alors qu'il étudiait à l'Académie théologique de Moscou, il assista à la visite à la Laure du saint et juste Jean de Cronstadt. Cette rencontre le bouleversa, laissant des impressions indélébiles dans son âme. C'est le Père Jean qui résolut les doutes du jeune homme : accepter le sacerdoce dans le monde ou bien accepter le monachisme.

À l'âge de 25 ans, il fut tonsuré moine sous le nom de Thaddée.
Professeur au séminaire théologique, il devint une figure éminente de l'Eglise ; par lui, tout prit vie et commença à fonctionner. En même temps, le père Thaddée menait une vie monastique stricte, qui se distinguait par un jeûne incroyable.

Il mena des activités scientifiques. Il créa des « Notes sur la didactique (générale et méthodologiquee de la Loi de Dieu et de la langue slave) », qui devinrent la base de l'enseignement de la Loi de Dieu [catéchisme] dans les écoles.

À l'âge de 30 ans, il fut Archimandrite (1902), inspecteur des écoles de théologie. Il officiait et prêchait souvent. Il se battit pour l'esprit et l'âme des jeunes. Six ans plus tard, il fut évêque. Le rêve chéri de Vladyka Thaddée, né alors qu'il était encore laïc, s'était réalisé - devenir enseignant ; maintenant, il était hiérarque et enseignant et il passa beaucoup de temps et d'efforts pour la cause de l'éducation publique. Et pour la Patrie, un temps terrible fut l'approche de la Première Guerre mondiale.

Le maître fut transféré du diocèse où il était, au diocèse où il fut le plus utile. 1917 trouva l'évêque Thaddée à la cathèdre de Vladikavkaz. 

En 1919, il fut élevé au rang d'archevêque. Les ennemis du pouvoir soviétique voulaient faire de lui leur bannière, mais il s'y opposa :

« Je n'ai pas participé et je ne peux pas participer à la rébellion. Le clergé ne doit pas non plus être entraîné dans la lutte politique. »

Il fut arrêté en 1921, essayant de convaincre les rebelles. Il n'y avait rien contre Vladyka. Après quatre mois de prison, il fut libéré.

En 1922, nouvelle arrestation pour distribution de l'appel du Patriarche Tikhon. En prison, au prisonnier avec lui, le Métropolite dit : « Pour nous, le temps chrétien actuel est venu : non pas la tristesse, mais la joie devrait remplir nos âmes. Maintenant, nos âmes doivent être ouvertes à l'exploit et au sacrifice. Ne t’inquiète pas, le Christ est avec nous. »

Il y eut une autre anecdote. Les dons à la prison pour Vladyka Thaddée étaient collectés par Vera Vasilievna Truks. L'archevêque les donnait entièrement au chef de la cellule, et il les divisait entre tous. Mais un jour, lorsque « le transfert habituel arriva, Vladyka en réserva une petite partie et la mit sous l'oreiller, et donna le reste au chef. On lui laissa entendre prudemment que, disons, il s'était fait une réserve pour lui-même.

- Non, non, pas pour moi. Aujourd'hui, notre frère viendra à nous, il a besoin d'être nourri, et lui donnera-t-on de la nourriture aujourd'hui ?

Dans la soirée, l'évêque Athanase (Sakharov) fut amené à la cellule, et Vladyka Thaddée lui donna de la nourriture de la réserve

L'archevêque fut libéré le 23. Partout où Vladyka vivait, il n'avait rien à lui. On lui donnait du thé ou à déjeuner - il buvait et mangeait, si on ne les lui donnait pas – il ne demandait pas. Il se considéra toujours comme un invité et dépendant de quelqu'un qui le servait et l’aidait.

Le 28, il fut nommé au département de Tver. Il était clair pour lui que Dieu était le Maître de toutes choses. 

En 1936, les rénovateurs, avec l'aide des autorités, occupèrent presque toutes les églises orthodoxes du diocèse. Vladyka servit dans ce dernier. Au cours de l'été 1937, l’archevêque fut arrêté. Il fut courageux pendant l'interrogatoire. Il fut placé dans une cellule avec des criminels. Ils se moquèrent de lui. Il endura tout le tourment et l'humiliation avec douceur et humilité. 

Allongé sous les nasses et priant constamment, lors de ses derniers jours sur terre, il portait humblement une croix, maintenant pesante d'humiliation et d'opprobre. 

La Mère de Dieu prit sa défense. Une nuit, elle apparut au chef des criminels et lui dit:


Ne touchez pas au saint homme, sinon vous mourrez tous d'une mort cruelle.

Le lendemain matin, [le chef des criminels] raconta le rêve à ses camarades, et ils se précipitèrent pour voir si le saint staretz était encore en vie. Sous leurs pieds brilla une lumière éblouissante. Quand ils sortirent, ils demandèrent tous pardon à l'archevêque. À partir de ce jour, toutes les moqueries cessèrent pour lui.

Dix jours plus tard, les autorités condamnèrent l’archevêque à la peine de mort.

Les reliques de saint Thaddée se trouvent maintenant dans la cathédrale de l'Ascension.




Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après



P.S: Un grand merci à Françoise L. qui m'a signalé quelques fautes de frappe corrigées à présent.

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