Pourquoi ne réussissons-nous pas à imiter les saints ? Parce que nous prenons leurs actes les plus élevés et les plus extraordinaires hors contexte, et ces actes peuvent être bien au-delà de notre mesure - en gardant à l'esprit notre force, notre capacité, nos circonstances et nos devoirs quotidiens.
Mais nous pouvons encore tous avoir nos propres pratiques ascétiques quotidiennes. Cela ne doit pas nécessairement être aussi extraordinaire ou attrayant, et cela ne doit pas nécessairement être salué et loué par les hommes. Les saints, avant d'entrer dans ce genre de vie et de pratiques spirituelles, ont d'abord mené de grandes luttes intérieures. C'est la chose la plus difficile - une vie spirituelle quotidienne, stable et digne, et ce, jusqu'à la mort elle-même.
Rappelez-vous comment je vous ai parlé un jour de saint Acace qui, au début, a cru qu'il pouvait être un martyr, mais une fois qu'il s'est agi du martyre réel, il a soudainement perdu cette foi rêveuse en lui-même et a été submergé par la peur.
Si vous voulez jeûner en ne mangeant que du pain et en ne buvant que de l'eau, si vous désirez ne pas dormir toute la nuit ou être un stylite - eh bien, essayez d'abord de faire quelque chose de plus modeste. Ne commencez pas par devenir un stylite, mais dites plutôt : « Que cela soit béni » et faites le travail que l'on vous demande de faire, du début à la fin, alors que vous êtes tellement épuisé que vous vous écroulez. Si nous ne pouvons même pas accomplir cela, pourquoi alors rêvons-nous de grandes choses ?
Il y a de la place pour la lutte spirituelle et le travail acharné pour chaque chrétien chaque jour - ils ne sont peut-être pas aussi extraordinaires que ceux que nous lisons dans la vie des saints. Ou peut-être que le fait que cela ne soit pas aussi attrayant ou majestueux est ce qui les rend extraordinaires.
On m'a cité un jour un proverbe du Mont Athos qui dit ceci : « La vanité rend un vieil homme jeune. » Lorsque vous vous admirez, vous pourriez vraiment déplacer des montagnes. Mais quand il n'y a pas d'admiration extérieure en jeu, mais qu'au lieu de cela, il y a un travail acharné banal, stable, quotidien, peu attrayant, peu inspirant, ce travail acharné qui peut très bien être dépourvu de prière, d'attention, de chaleur, quand il y a des choses grossières qui sortent de votre cœur, mais que vous continuez toujours, quoi qu'il arrive, à appeler Jésus - c'est en effet le martyre, et c'est ce qui rend vénérable et juste. C'est le chemin sûr et moyen - à partir de ce moment jusqu'à la mort, nous sommes là à persévérer, à avancer, à soupirer, parfois même à geindre, mais nous continuons à nous relever et à avancer, maintes et maintes fois encore - c'est cela même le martyre. Ce n'est pas un hasard si les vénérables sont appelés martyrs alors qu'ils ne versent pas leur sang. C'est cela être vénérable.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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