Ses reliques miraculeuses resposent dans une belle église en pierre construite par le Tzar Ivan le Terrible dans la ville de Rostov - dans laquelle de nombreux étrangers ont récemment déménagé, quittant l'Occident pour des raisons similaires à celles du Saint...
Le bienheureux [titre donné aux Fols-en-Christ] Isidore (Tverdislov) vécut au milieu du XVe siècle. Bien que slave de naissance, il vivait dans le Brandebourg, l'une des villes les plus anciennes de Prusse. Au cours de ces années, les Slaves de cette région furent farouchement persécutés par les Allemands, qui essayaient de convertir toute la population au papisme. Quand il atteignit l'adolescence et perçut la faillite de la foi catholique romaine, Isidore chercha à déménager dans une terre chrétienne orthodoxe.
Appartenant à la riche classe marchande, il renonça volontairement à sa richesse, à ses parents et à son héritage, et, pour l'amour du Christ, il commença à errer d'un endroit à l'autre avec son bâton de pèlerin. Nous ne savons pas exactement quand Isidore se convertit à l'Orthodoxie, ni quand il arriva en Russie, mais il s'installa finalement à Rostov, au nord de Moscou. Il trouva une zone marécageuse dans la ville et choisit un site légèrement au-dessus du niveau de l'eau. Là, il construisit une petite cabane avec des joncs. Cette cabane n'offrait aucune protection de la chaleur ou du froid, car elle n'était couverte de rien ; elle ne faisait que cacher sa grande ascèse aux yeux du monde.
Le saint passait son temps à la manière habituelle des fols-en-Christ Christ. La nuit, il priait sans cesse, ne se permettant qu'un bref temps de sommeil. Ses journées étaient passées dans les rues ou les marchés de la ville avec des actes volontaires de folie. De temps en temps, il reposait son corps fatigué sur un tas de déchets ou de fumier. Il instruisaitt et enseignait à ceux qui le désiraient une direction spirituelle, condamnait l'immoralité et conduisait de nombreuses âmes sur le chemin du salut. La nuit, il priait pour tous ceux qui lui avaient causé des offenses et pour ceux qu'il voyait se vautrer dans le péché. « Oh, Isidore ! » se disait-il souvent en s'écriant : « Tu dois passer par beaucoup de douleurs pour entrer dans le Royaume des Cieux. »
L'amour du saint pour le Seigneur était grand, c'est pourquoi le Seigneur l'aimait et lui accorda le don des miracles et de prophétie.
« Un jour, raconte son biographe, un marchand de Rostov était avec ses camarades en mer pendant une terrible tempête. Le navire, ayant probablement heurté un récif, s'arrêta soudainement et commença à être brisé par les vagues. La force puissant de la mer menaçait de le détruire. « Dans leur désespoir, tous ceux qui étaient à bord commencèrent à se préparer à la mort. Puis, au milieu de leur malheur, imitant le cas du prophète Jonas, les voyageurs décidèrent de tirer au sort [un passager], supposant que le navire s'était arrêté à cause d'un crime commis par l'un des passagers. Le sort tomba sur le marchand de Rostov, qui était également le propriétaire du navire. La foule jeta alors le marchand à la mer avec une planche.
« Jeté par la colère de ses compagnons dans la mer qui faisait rage, le malheureux marchand commença à se résigner à la mort. Soudain, le bienheureux Isidore apparut devant lui, marchant sur la mer comme sur la terre ferme. Le saint prit le marchand par la main et lui demanda : « Sais-tu qui je suis ? » Le malheureux, respirant à peine, dit : « Serviteur de Dieu, Isidore, aide-moi... ». « Le bienheureux Isidore tira le marchand sur le morceau de bois et, comme propulsé par une main invisible, la planche commença à suivre le navire qui était déjà parti. Quand il arriva le long du navire, le marchand se retrouva soudainement sur le pont. Lorsque les autres voyageurs le virent au milieu d'eux, ils furent frappés de terreur et glorifièrent le Dieu miséricordieux, parce qu'ils comprirent qu'un miracle avait eu lieu. Le marchand garda le silence, parce que le saint lui avait strictement interdit de dire exactement ce qui s'était passé.
« Quand il retourna à Rostov, le marchand fit une prosternation au saint chaque fois qu'il le voyait de loin ; et ce dernier, passant près de lui, lui rappelait son interdiction. Ainsi, le marchand disait toujours que Dieu l'avait sauvé par une intervention de Sa Grâce. »
Dans un autre cas, deux amis proches de noble naissance, Savva et Simeon, étaient camarades d'armes dans la bataille avec Vasili Shemyaka. Un troisième camarade, le prince Siméon, avait été blessé et était maintenant alité. Les deux amis décidèrent de lui rendre visite. Là, à son chevet, ils rencontrèrent les parents du soldat blessé, y compris la famille de son frère, le prince Vasili. La fille de Vasili, Daria, était une très belle jeune fille dont Savva était tombé amoureux. Ils se fiancèrent finalement et, peu de temps après, célébrèrent un mariage d'une grandeur inhabituelle. Le jour des noces, qui ont eu lieu chez Siméon, saint Isidore entra soudainement dans la maison. Les serviteurs essayèrent de le chasser, mais il leur échappa et est entra bruyamment dans la salle des fêtes. Dans ses mains, il tenait une coiffe tissée d'herbe et de fleurs sauvages. En atteignant le marié, il posa cette coiffe sur sa tête, en disant : « Voir! Une coiffe épiscopale pour toi! »
Le don mystérieux et les paroles étranges du saint confondirent Savva et ses invités, mais saint Isidore disparut rapidement de la salle et fut entendu [parler] avec les enfants dans les rues. Le don et les paroles prophétiques du bienheureux Fol-en-Christ ne furent pas vains et furent finalement compris plus tard. Daria tomba enceinte et, à son retour à Rostov, donna naissance à un fils. La naissance fut extrêmement difficile et entraîna la mort de la mère. La perte de sa femme bien-aimée ébranla tellement Savva qu'il quitta le monde et devint moine au monastère de saint Théraponte. À sa tonsure, on lui donna le nom de Iosaphe et il fut plus tard ordonné évêque de Rostov (1481-1489).
En général, le saint entrait rarement dans les maisons des gens, et quand il le faisait, il était généralement jeté sans cérémonie. Une de ces occasions, qui eut lieu peu de temps avant sa mort, fut la suivante : le prince Vladimir de Rostov invita un jour l'archevêque local Vassian à bénir sa famille. Ce jour-là, après la Liturgie, saint Isidore se hâta de se rendre à la maison du prince avant les autres. Il entra et demanda à boire à un serviteur, comme s'il voulait étancher sa soif. En réalité, cependant, le saint ne voulait pas boire, mais il désirait plutôt que la bénédiction du Seigneur vienne sur la famille du prince pieux, comme le Seigneur l'a dit : « Quiconque donne une coupe d'eau froide en mon nom ne perdra pas sa récompense ».
Le serviteur refusa non seulement un verre au saint, mais il le chassa même. Le bienheureux fol-en-Christ lui pardonna et quitta la maison sans protester. Mais ce fut le bon plaisir de Dieu de glorifier Son saint et de renforcer la foi du pieux prince. Lorsque l'archevêque arriva et que les personnes présentes s'étaient assises pour le dîner, le moment vint de servir le vin, mais les serviteurs trouvèrent tous les tonneaux vides. Ils allèrent anxieusement en informer le prince.
Ce dernier fut étonné et pressé d'enquêter sur ce qui s'était passé. Il demanda à son majordome qui était venu pendant la journée, et apprit que saint Isidore avait visité la maison avant le repas, demandant une tasse d'eau, mais que les serviteurs l'avaient chassé sans la lui donner. Le prince comprit que le miracle était une punition pour le rejet d'un mendiant par un serviteur impitoyable. Il envoya immédiatement ses serviteurs chez le saint pour le supplier de revenir chez lui. Saint Isidore, cependant, ne se trouva nulle part. Le dîner touchait à sa fin et il n'y avait toujours pas de vin. Le Prince regarda autour de lui, confus et triste.
Alors, Isidore entra soudainement, tenant une prosphore à la main. Il s'approcha de l'archevêque et lui donna la prosphore, en disant qu'il venait de la recevoir du Métropolite de l'église Sainte Sophie de Kiev. Pendant ce temps, le majordome trouva les tonneaux pleins de vin. Il en informa le prince, et toutes les personnes présentes furent étonnées et glorifièrent Dieu, Qui avait fait de tels miracles par l'intermédiaire de Son saint caché.
Le Bienheureux Isidore naquit au Ciel le 14 mai 1474
Il ne quitta pas du tout sa cabane pendant les derniers jours de sa vie terrestre, priant plutôt avec des larmes jusqu'à l'heure de son juste repos.
Au moment de son trépas, un parfum inhabituel se répandit dans toute la ville. Tout le monde s'émerveilla et commença à en chercher la source. Ils découvrirent vite que plus ils s'approchaient de la cabane bénie du fol-en-Christ, plus le parfum devenait fort. Quelqu'un s'aventura à regarder à l'intérieur et vit le Saint allongé sur le sol, le visage vers le haut et les mains croisées sur sa poitrine. Il annonça à tous la mort de l'homme de Dieu. Ils enterrèrent le saint dans sa cabane, à l'endroit exact où il reposait.
Le marchand qui avait été sauvé de la mer était à la sépulture. Enfin libéré de son lien de silence, il commença avec des sanglots à raconter à tous les détails de son sauvetage miraculeux. Avec la bénédiction de l'évêque, ceux qui aimaient et vénéraient saint Isidore construisirent une chapelle en bois près de sa tombe, en l'honneur de l'Ascension du Seigneur, parce que le saint était né au Ciel à la veille de la fête.
En 1566, sur ordre du tzar Ivan le Terrible, la chapelle en bois fut remplacée par une église en pierre. Un prêtre essaya d'ouvrir le tombeau du saint, mais un pouvoir invisible l'en empêcha. Une châsse en argent fut placée sur la tombe en 1815, d'où coula un flot constant de miracles du saint.
La célébration de la commémoration du saint par les fidèles commença le jour même de son repos. Treize ans plus tard, son nom apparut officiellement au calendrier de l'Église russe.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
https://www.youtube.com/watch?v=mGX6u0FTumQ ( Russe avec sous-titres en anglais)
https://www.youtube.com/watch?v=6g9sWza1CCM (anglais)
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