"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 29 août 2021

Alexandre Elopov: Souffrir de la douleur mais guérir les autres : L'histoire de sainte Manéfa (1)


 Saint Seraphim souffrant


Demandez à certaines personnes quelle est leur attitude envers Dieu, et elles seront évasives. Mais il existe un moyen de savoir si quelqu'un est croyant sans jamais le lui demander directement. Observez ce quelle dira à une repas de fête lorsqu'elle proposera son prochain toast. Vous entendrez peut-être de sa bouche : "Mettez la santé à la première place. Restez en bonne santé, et toutes les autres choses vous seront données". Quiconque dit cela est presque certainement un agnostique ou un athée, même s'il est habillé en prêtre.

 

Il est impossible pour une telle personne de croire au Christ Qui a dit quelque chose de très différent : " Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne." (Matthieu 5:29-30).

 

La position chrétienne

Maintenant, certains pourraient nous dire, avec sarcasme : " Pourquoi tous vos membres et parties du corps sont-ils encore à leur place ? Rien ne vous a tenté jusqu'à présent ? " La question de savoir si notre interprétation des paroles du Christ doit être littérale ou symbolique peut être sujette à débat, mais une chose est claire. Les chrétiens ne traitent pas la santé comme un absolu. Bien sûr, nous devons prendre soin de notre santé ; cependant, il peut y avoir des moments où nous devons la sacrifier sans crainte ni hésitation pour une cause plus grande.

 

Quelles causes peuvent être plus grandes que la santé ? Notre foi en Dieu, notre amour pour notre prochain ou la pureté de notre âme en sont quelques exemples. Un chrétien endurera des tourments pour sa foi en Dieu sans renoncer à Lui. Il sauvera une femme de l'emprise d'un violeur et ne tiendra pas compte du risque d'être blessé, humilié, voire tué. Ou lorsque le cancer frappe et que les médecins admettent qu'ils ne peuvent rien faire, un chrétien acceptera que ce soit la volonté de Dieu et Lui rendra grâce.





L'archiprêtre Cyprien de Carthage (vers 200-258) a écrit : "Ce qui nous différencie des incroyants, c'est qu'ils ne cessent de se plaindre de leurs difficultés, alors que les chrétiens voient dans leurs épreuves une source de force, et non un obstacle à la pratique de la vraie foi. Une douleur atroce qui dévore tout notre corps et fait monter le sang aux yeux, la gangrène qui ronge nos membres, l'alitement, toutes ces peines serviront à fortifier notre foi".

 

Saint Cyprien de Carthage n'a jamais souffert de paralysie, de cécité ou de cancer en phase terminale. Mais lorsque les autorités romaines lui ordonnèrent d'offrir un sacrifice aux idoles païennes ou d'être exécuté, il préféra cette dernière solution. En entendant la sentence, Saint Cyprien s'exclama : "Gloire à Dieu !" Il bénit les bourreaux et la foule en pleurs, puis pencha calmement la tête sous l'épée. L'Église a glorifié l'évêque Cyprien de Carthage comme un saint martyr.



 

Saint Manéfa de Gomel

Sainte Manéfa de Gomel (commémorée le 11/24 août) est une sainte vénérée localement par l'Église orthodoxe biélorusse. Elle fut canonisée comme sainte moniale. Ce rang est réservé aux moines et moniales qui ont mené une vie agréable à Dieu et sont morts de mort naturelle. Sa vie fut marquée par de nombreuses douleurs et angoisses, dans l'esprit des enseignements de saint Cyprien.

 

Saint Manéfa (nommée Maria avant la tonsure) naquit le 1er avril 1918 dans le village de Sevrouky près de Gomel et grandit dans une pieuse famille orthodoxe de paysans. À l'âge où la plupart des enfants commencent à marcher, ses parents découvrirent qu'elle souffrait d'une infirmité motrice cérébrale et qu'elle ne pourrait pas marcher normalement pour le reste de sa vie. Elle développa également une infection rénale à force de ramper sur le sol, seule façon qu’elle avait de se déplacer. Cette infection lui causa beaucoup de problèmes à l'âge adulte. Maria n’alla pas à l'école. Elle ne se  maria jamais. En raison de sa mobilité limitée, elle devint obèse. Dès son jeune âge, ses problèmes de santé étaient si nombreux et ses chagrins si graves que seul un dixième d'entre eux rendrait la plupart d'entre nous désespérés et désemparés.

 

Mais Maria grandit dans une famille de gens pieux et craignant Dieu, qui n'étaient pas chrétiens que de nom. Dès son enfance, elle apprit à voir ce monde comme un endroit difficile mais beau. Elle savait que sa vie dans ce monde avait une mission et un but. Elle accepta sa maladie comme la volonté de Dieu, et non comme une malédiction. Elle était convaincue que sa maladie avait un sens. Elle ne le savait peut-être pas, mais il devait être intrinsèquement bon.

 

Adolescente, Maria fit un rêve. Elle se tenait à un carrefour, et une voix lui dit : "Va à droite, et tu auras une vie confortable. Va à gauche, et ta vie sera pleine de peines. Sans hésiter, elle alla à gauche.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d’après

The Catalogue of Good Deeds


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