"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 30 septembre 2020

Le Pardon de Dieu

Are There Crimes That Cannot Be Forgiven?

Apollon était un berger, et avait été endurci par sa vie difficile. Un jour, il vit une femme enceinte seule dans les champs, et il fut saisi de curiosité pour savoir comment l'enfant à naître se trouvait dans le ventre de sa mère. Il la tua donc; il n'y avait personne pour l'aider. Il ouvrit son corps et regarda l'enfant mourant.

C'est une histoire sainte, croyez-le ou non. Apollon fut immédiatement accablé de chagrin et d'horreur. Il se rendit chez les moines du désert qui vivaient à Scété (en Égypte) et confessa son terrible péché. Il entendit les moines chanter : Les jours de nos années s'élèvent à soixante-dix ans, Et, pour les plus robustes, à quatre-vingts ans; Et l'orgueil qu'ils en tirent n'est que peine et misère, Car il passe vite, et nous nous envolons (Psaume 90:10). Il dit : "J'ai quarante ans et je n'ai pas fait une seule prière de ma vie. Maintenant, si je vis encore un an, je ne cesserai pas de prier Dieu pour qu'il me pardonne mes péchés".

Apollon rejoignit donc le monastère et passa le reste de sa vie à prier : "Moi, en tant qu'homme, j'ai péché ; mais toi, en tant que Dieu, tu pardonnes." Avec le temps, il en vint à croire que Dieu lui avait pardonné le meurtre de la femme et ses autres péchés, mais il doutait que Dieu puisse jamais pardonner la mort de l'enfant. Un des vieux moines lui dit : "Dieu t'a pardonné même la mort de l'enfant, mais il te laisse en deuil comme ça parce que c'est bon pour ton âme". Saint Apollon est maintenant compté parmi les Pères du désert.

Quand on considère le poids de tout péché, c'est la repentance qui fait la différence, n'est-ce pas ? Le péché d'Apollon est horrible, mais sa pénitence fut profonde, et il passa le reste de sa vie à implorer le pardon de Dieu. Bien que ce soit une histoire troublante, nous reconnaissons dans ses grandes lignes quelque chose de familier à la foi chrétienne. C'est une illustration dramatique de la portée infinie du pardon de Dieu.

Le monde ne pense pas comme l'Église, quand il s'agit de péché et de pardon. Le code juridique fait d'innombrables distinctions fines pour désigner la peine exacte pour chaque nuance de transgression de la loi. Les petits délits ont de petites peines, les grands ont de grandes peines. Ainsi, une personne qui a enfreint une loi terrestre est naturellement disposée à minimiser ce qu'elle a fait ; elle peut blâmer les autres, trouver des excuses ou simplement mentir à ce sujet. Si la loi calcule une peine précise pour chaque transgression, la réponse naturelle de l'homme est la légitime défense.

Mais le "calcul" chrétien fonctionne d'une manière totalement différente. Le pardon est lié au repentir, car ce n'est pas une loi objective que nous devons maintenir, mais plutôt une relation que nous devons guérir. Imaginez que vous ayez accidentellement fait quelque chose qui a blessé quelqu'un qui vous est cher. Si vous réagissez en essayant de déterminer ce que cette blessure coûterait en dollars et en cents, et en envoyant un chèque, cela pourrait bien aggraver les choses. Des excuses sincères, même lorsqu'il n'y a aucun moyen de réparer, c'est ce qui permet de guérir une relation.

Une personne en prison a toutes les raisons de penser comme le monde le pense, et de continuer à nier sa culpabilité et à se défendre. Penser en termes de repentance et de pardon ne vient pas naturellement. C'est une intuition, une intuition spirituelle, et elle doit être enseignée. Qui atteindra ces prisonniers et leur enseignera le chemin du repentir ?

"Comment les hommes peuvent-ils faire appel à Celui en Qui ils n'ont pas cru ? Et comment croiront-ils en Celui dont ils n'ont jamais entendu parler ? Et comment l'entendront-ils sans prédicateur ? Et comment les hommes peuvent-ils prêcher s'ils ne sont pas envoyés ?"  (Rom 10:14-15)


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

PRAVMIR

citant

St Seraphim Prison Fellowship; Winter 2013

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