"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 28 août 2018

Interview de Père Gabriel ( Bunge): L'ORTHODOXIE A-T-ELLE BESOIN D'ORDRES MONASTIQUES ? (3)


L'Est et l'Ouest sont devenus incompatibles
Le schisme entre l'Orient orthodoxe et l'Occident catholique (d'un point de vue confessionnel, les termes "orthodoxe" et "catholique" ont été introduits relativement récemment !) est une question très complexe parce qu'elle ne s'est pas produite spontanément à cause d'une certaine hérésie. Au contraire, elle s'est développée très lentement au cours de nombreux siècles et à différents niveaux de la vie de l'Église. De plus, cela s'est produit d'une manière telle que bien souvent les gens ne se rendaient même pas compte que l'unité avait été perturbée bien avant la séparation formelle. C'est simplement par notre pensée habituelle que nous croyons rétrospectivement que les événements de 1054 ont joué un rôle important dans la séparation des deux Églises.
Tout le monde connaît probablement les principales raisons du désaccord, comme l'ajout du Filioque ou la papauté romaine. Pendant longtemps, la pneumatologie latine, qui dès le début était très différente de la pneumatologie grecque, n'a pas perturbé l'unité entre l'Orient et l'Occident, car l'Occident pouvait expliquer de quelle manière on pouvait dire que l'Esprit venait aussi du Fils. Par exemple, au septième siècle, saint Maxime le Confesseur, un Grec, expliquait au nom du pape Théodore, également grec, en quel sens les Latins prétendaient que le Saint-Esprit venait aussi du Fils.
Anastasius Bibliothecarius (de Rome) croyait que "d'une certaine manière l'Esprit vient aussi du Fils, mais qu'il ne va pas dans une autre direction", même si cela contredisait le Pape Nicolas et le Patriarche Photius. En d'autres termes, au niveau de l'économie, cela sonne comme un "oui", mais au niveau théologique, il ne vient pas du Fils. 
Le Filioque devint la raison du schisme seulement en 1014, lorsque l'Église romaine, sous la pression de l'empereur Henrich II, introduisit le Credo dans la Divine Liturgie, rejetant ainsi l'ancienne version latine du Credo qui fut approuvée par le Conseil de Chalcédoine (451) et la remplaçant par la version de Paulin I, Patriarche d'Aquilée, approuvée à l'époque de Charlemagne et utilisée par les Francs pendant deux siècles.
Cette nouvelle version, très élégante et, contrairement à l'ancienne version, même lue d'une voix chantée, est toujours utilisée par l'Église catholique. C'est ainsi que Filioque apparaît dans la prière introduite par Rome dans le Credo, bien que par une porte dérobée ! C'est ainsi que le "Filioquisme" des Latins est devenu un dogme, et donc une raison du schisme.
-->
Jusqu'à ce que Rome enlève le Filioque ajouté, que le pape Léon III (neuvième siècle) a continué à déclarer absolument illégal, toutes les tentatives pour restaurer l'unité complète entre l'Orient et l'Occident seront vouées à l'échec. Considérant qu'il est peu probable que Rome accepte de retirer le Filioque, la seule issue que je vois est le retour à l'ancienne version latine qui est identique au texte grec original et reconnu par Rome. C'est le texte qui a été utilisé à Rome depuis le cinquième siècle jusqu'au début du neuvième siècle, c'est-à-dire pendant près d'un demi-millénaire.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Aucun commentaire: