La structure polyvalente de
l'Église catholique lui donne incontestablement un plus grand degré de mobilité
et de liberté, mais cela se fait aux dépens des églises locales. Il en résulte
une plus grande uniformité au prix de la perte de la richesse spirituelle
originelle de la vie monastique. Comme mentionné plus haut, le monachisme
classique a été mis de côté et a presque perdu son lien avec l'Église, alors
que dans l'Orthodoxie, le monachisme est toujours au cœur de l'Église et des
croyants.
C'est pourquoi il n'y a aucune
raison d'imiter cette évolution incontestablement occidentale (catholique), que
les moines occidentaux "classiques" décrivent eux-mêmes comme une
"émasculation". Je peux continuer à parler de cette émasculation
continue et de ses conséquences dangereuses, mais je ne veux pas prendre plus
de votre temps.
Sur l'éducation des moines
Pensez-vous qu'il est important
pour les moines érudits de recevoir une éducation religieuse, d'étudier les
langues étrangères et de fréquenter les universités occidentales ?
Cette question est liée à plusieurs
questions importantes dont je sais qu'elles sont largement débattues au sein de
l'Église orthodoxe russe. C'est pourquoi je voudrais exprimer ma propre opinion
sur la base de mon expérience personnelle, sans prétendre que cette opinion soit
applicable à tous et à toutes les situations.
Tout moine, qu'il s'agisse d'un
moine vivant modestement dans son monastère ou d'un membre officiel éduqué de
l'Église, doit avoir une bonne éducation spirituelle. Je pense que c'est
indiscutable. Par "éducation spirituelle", je n'entends pas
l'enseignement supérieur, mais une initiation sérieuse à la Tradition
spirituelle de l'Église orthodoxe. Sinon, comment peut-il surmonter les
nombreuses tentations répandues par Satan ? Si les moines ne travaillaient pas -
physiquement dans leurs monastères ou intellectuellement dans les bureaux de
l'église - leur vie serait improductive et inutile.
En ce qui concerne l'étude des
langues étrangères, je crois que c'est utile pour ceux qui souhaitent
développer des relations avec d'autres Églises orthodoxes, des théologiens ou
des personnes de pays non orthodoxes. Cela inclut les missionnaires ou les
prêtres travaillant dans une diaspora. Personnellement, je n'ai appris que les
langues dont j'avais besoin pour étudier des textes anciens ou pour vivre dans
d'autres pays, d'abord en Belgique, puis dans la partie italienne de la Suisse.
La question de la fréquentation
des universités occidentales n'est importante que pour un petit groupe
d'érudits monastiques. Encore une fois, je ne recommanderais une
telle éducation qu'à ceux qui ont déjà obtenu un diplôme d'une université
orthodoxe. Ce serait bon pour les moines dont la foi est déjà forte, quand ils
décident qu'ils ont besoin d'une connaissance plus profonde dans des sujets
spécifiques. Dans le monde globalisé moderne, l'Orthodoxie doit savoir ce que
les "autres" pensent.
Aujourd'hui, les gens voyagent
beaucoup et rencontrent les chrétiens d'autres confessions, tant dans leur pays
qu'à l'étranger. C'est pourquoi il est utile d'être bien informé sur leur façon
de penser, afin que nous puissions fournir des explications raisonnables
lorsqu'ils nous interrogent sur notre foi. En raison de la crise profonde des
communautés chrétiennes occidentales, les croyants s'intéressent de plus en plus
à la foi orthodoxe. Pour pouvoir répondre à leurs questions, nous devons
connaître les raisons de cette crise d'identité potentiellement fatale.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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