6/19 janvier
THÉOPHANIE
Lectures : Tite
II, 11-14, III, 4-7 ; Matth. III, 13-17
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terme de trente années de vie cachée, pendant lesquelles, passant par tous les
stades de la vie d’un homme ordinaire, Il avait montré en sa conduite le modèle
de l’humilité, de l’obéissance à ses parents et de la soumission à la Loi,
notre Seigneur Jésus-Christ inaugura son ministère public et la marche qui
allait Le mener jusqu’à sa Passion, par une révélation éclatante de Sa
divinité. Le Père et le Saint-Esprit rendirent alors témoignage que Jésus est
vraiment le Fils Unique de Dieu, consubstantiel au Père, la Seconde Personne de
la Sainte Trinité, le Verbe incarné pour notre Salut, le Sauveur annoncé par
les prophètes, et qu’en sa Personne la Divinité s’est unie sans mélange à notre
humanité et l’a faite resplendir de Sa Gloire. C’est pourquoi cette fête du
Baptême du Christ a été appelée Épiphanie (« manifestation ») ou
Théophanie : c’est-à-dire manifestation de la divinité du Christ et
première claire révélation du mystère de la Sainte Trinité. De Nazareth en
Galilée, Jésus se rendit alors en Judée, sur les rives du Jourdain, là où saint
Jean-Baptiste, sorti du désert après trente années de préparation dans
l’ascèse, la mortification de la chair et la prière, avait coutume de prêcher
le repentir et de baptiser dans les eaux du fleuve les Juifs qui venaient en
foule, attirés par sa renommée de juste et de grand prophète de Dieu. Supérieur
aux ablutions prescrites par la Loi pour la purification des souillures
corporelles (Lv 15), le baptême de
Jean n’en accordait pas pour autant la rémission des péchés — celle-ci ne
devant être obtenue que par la Croix et le sacrifice du Christ — ;
mais, condamnant leur conduite impie et leurs transgressions par le rappel de
la proximité du Jugement divin, le plus
grand parmi les enfants nés de la femme (Mt XI, 11) les amenait à la connaissance de leurs péchés, au désir
du repentir et préparait les cœurs à rechercher Celui dont il avait été
institué le Précurseur. Moi je vous
baptise dans l’eau, disait-il, en vue du repentir ; mais Celui qui vient
derrière moi est plus grand que moi et je ne suis pas digne de délier la
courroie de Ses sandales (c’est-à-dire d’expliquer le mystère de l’union de
la divinité et de l’humanité) ; Lui
va baptiser dans le Saint-Esprit et le feu » (Mt III, 11-12 ; Lc III,
16 ; Mc I, 8). Perdu dans la
foule de ceux qui confessaient leurs péchés et se plongeaient dans l’eau, Jésus
s’avança alors vers Jean et lui demanda de recevoir le baptême. Dans son amour
infini des hommes, le Fils de Dieu ne se contentait pas en effet de revêtir
notre chair mortelle, mais Lui, l’Innocent, l’Agneau de Dieu sans tâche,
assumait même la condition de pécheur. Celui qui, dès le ventre de sa mère, L’avait
reconnu comme le Messie en sursautant de joie (Lc I, 41), se mit à trembler d’effroi: Comment le serviteur
oserait-il purifier dans l’eau le Roi de l’univers ? Comment la créature,
l’argile, aurait-elle l’audace d’approcher le Verbe incarné sans crainte d’être
brûlée par la divinité comme la paille par le feu ? Comment oserait-il
porter la main sur la tête inclinée de son Créateur pour la plonger dans
l’eau ? Jésus lui dit : Laisse
faire pour l’instant, car c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute
justice (Mt III, 15). De même
qu’au seuil de sa Passion, Il intima l’ordre à Pierre de se laisser laver les
pieds par Lui (Jn XIII, 6-9), de même
aujourd’hui le Christ repousse la crainte tout humaine du serviteur effrayé
devant un tel abaissement de la Divinité, et annonce ainsi que, par son
Incarnation, Il est venu non seulement pour accomplir les préceptes de la Loi,
mais aussi pour introduire une justice nouvelle et plus parfaite : celle
de l’humilité. Jean, le représentant de l’Ancienne Alliance, se soumit à
l’ordre du Seigneur et devint ainsi le ministre de cet acte inaugural de la
Nouvelle Alliance. Pur et innocent de tout péché, et par conséquent de la honte
d’Adam (Gn III, 7-11), le Christ,
nouvel Adam, descendit nu dans ce « tombeau liquide » (Office de la
Théophanie), en signe de Sa prochaine descente dans les ténèbres de la mort et
de Son séjour au Tombeau. Il se plonge dans les eaux et, conformément aux
prédictions des prophètes, foule aux pieds la puissance de Satan qui avait
établi sa retraite dans leurs profondeurs (Ps
73, 13 : il écrasa dans les eaux la
tête des dragons), puis remonte en vainqueur, annonçant ainsi Sa Résurrection
le troisième jour et le relèvement de l’humanité lavée de sa faute. Les cieux,
fermés par la chute du premier homme, s’ouvrirent alors au-dessus de lui et la
voix du Père venue d’en haut Lui porta témoignage devant tous : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute
ma faveur » (Mt III, 17). Le
Saint-Esprit joignit Lui aussi son témoignage, en apparaissant sous forme d’une
colombe blanche — symbole de paix, de douceur et de réconciliation entre
Dieu et les hommes (Gn VIII) —
et désigna, comme un « doigt de Dieu », que cet homme nu était le
Fils unique du Père incarné et que c’était bien lui, et non pas Jean, comme le
pensaient bien des Juifs, le Sauveur promis par Dieu. Par son Baptême dans le
Jourdain, le Christ annonçait ainsi à l’avance qu’Il allait délivrer l’humanité
de la mort et l’amener à la connaissance de la Sainte Trinité par Sa mort et Sa
Résurrection. Aujourd’hui, le Père et le Saint-Esprit joignent leur témoignage
pour attester que cet homme remontant des eaux est le Fils unique et Verbe de
Dieu qui, par son Incarnation, nous a révélé la Gloire de Dieu et nous a fait
connaître que l’unique nature divine est ineffablement partagée, sans toutefois
être divisée, par le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Le Père est Dieu, le Fils
est Dieu et le Saint-Esprit est Dieu : non pas trois dieux, mais trois
Personnes (hypostases) en une seule
nature (essence). Ils sont comme trois soleils ou trois luminaires mutuellement
transparents, unis sans être confondus dans leur unique lumière. Mystère des
mystères, que le Seigneur Jésus-Christ, par son Baptême au Jourdain et son «
baptême » dans la mort, nous a non seulement fait connaître, mais dont Il nous
a aussi rendus participants. Le Verbe
s’est fait chair et a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire,
gloire qu’Il tient de son Père comme Fils unique, plein de Grâce et de Vérité
(Jn I, 14). Remontant vers Dieu,
après Sa Résurrection des morts, pour siéger avec Son Corps à la droite du
Père, Il a définitivement ouvert les cieux pour la nature humaine tout entière
et l’a rendue capable de participer, par la Grâce du Saint-Esprit, à la Gloire
et à la Lumière commune et éternelle de la Sainte Trinité. Certains rapportent
que cet éclat de la Gloire de Dieu, cette Lumière plus lumineuse que toute
lumière de ce monde, devint sensible au moment du Baptême du Christ, comme elle
apparut le jour de la Transfiguration au Thabor, car c’est en effet dans la
lumière resplendissante de l’humanité divinisée du Christ que nous sommes
initiés à la Lumière de la sainte Trinité. « Verbe lumineux que le Père a
envoyé pour dissiper les ombres funestes de la nuit, Tu viens aussi déraciner
le péché des mortels et faire surgir, par ton baptême, des eaux du Jourdain des
fils de lumière »[2].
C’est pourquoi la fête de la Théophanie est aussi appelée « fête des
lumières ». Cette première révélation de Dieu comme Trinité (Tri-Unité)
est aussi la manifestation de la vocation ultime de l’homme, appelé à devenir
fils adoptif de Dieu, oint (« christ ») du Saint-Esprit et
participant de la triple Lumière par sa configuration au Christ dans le
sacrement du saint baptême, inauguré aujourd’hui. Dieu avait annoncé par avance
à Jean que son baptême de repentir devait prendre fin le jour du Baptême du
Christ : « Celui sur qui tu
verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est Lui qui baptise dans l’Esprit
Saint » (Jn I, 33). Le
baptême de Jean prend donc fin en ce jour pour laisser la place au baptême qui
sera conféré par les apôtres au nom de
Jésus-Christ (Act II, 38), et qui
a désormais le pouvoir de pardonner les péchés et de communiquer le
Saint-Esprit. En se plongeant dans les eaux, devenues par la prière de l’Église
identiques aux eaux du Jourdain, les néophytes entrent dans l’Église de la même
manière que le Seigneur a commencé Sa vie publique ; mais plus encore,
imitant Sa mort et Sa descente au Tombeau et devenant ainsi participants de Sa Résurrection,
ils sont revêtus du Christ (Gal III, 27) et initiés à une vie
nouvelle dans la Lumière de l’Esprit Saint : Baptisés dans le Christ Jésus c’est dans Sa mort que nous avons été
baptisés. Nous avons donc été ensevelis avec Lui par le baptême dans la mort,
afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous
vivions nous aussi d’une vie nouvelle (Rom
VI, 3-4). De même que Moïse, figure du Christ, avait fait ouvrir en deux les
flots de la mer Rouge en les frappant de son bâton, comme d’une croix, et,
après la traversée du peuple à pied sec, avait fait revenir les eaux à leur
état naturel, en engloutissant Pharaon et son armée (Ex 14), de même, lorsque Jésus descendit dans les eaux du Jourdain,
celles-ci ne purent supporter le feu de sa divinité et, conformément aux
paroles des prophètes, elles retournèrent
en arrière (Ps 113, 3) :
c’est-à-dire renversèrent les lois de la nature corrompue à la suite du péché
d’Adam. Porteuses de mort et de corruption, séjour des esprits impurs, lors de
la descente en elles du Soleil de Justice, les eaux devinrent porteuses de
lumière et de purification des péchés. « Tu as écrasé la tête des démons
en inclinant la tête devant le Précurseur et, descendu dans les flots, Tu as
illuminé l’univers, pour qu’il Te glorifie, Sauveur, illumination de nos âmes »
(Vêpres de la fête). Devenue à nouveau eau vive (Jn IV, 10), bain de la nouvelle naissance, l’eau que nous
sanctifions avant chaque baptême, le jour de la fête de la Théophanie et en de
nombreuses autres circonstances, en y plongeant la croix et en invoquant le
Saint-Esprit, acquiert un divin pouvoir de guérison et de purification des âmes
et des corps. L’eau ainsi sanctifiée devient porteuse de la puissance de la
Rédemption, de la grâce du Christ, de la bénédiction du Jourdain, elle est
« source d’incorruptibilité, don de sanctification, rémission des péchés,
guérison des maladies, défaite des démons... » (prière de la bénédiction des eaux). C’est
pourquoi, après en avoir été aspergés dans l’église, les fidèles boivent
aujourd’hui de
cette eau et en emplissent des flacons qu’ils emportent chez eux pour en asperger
maisons, champs, objets de la vie quotidienne… Demeurant miraculeusement
incorrompues pendant des mois et même des années, les eaux de la Théophanie (et
toute eau sanctifiée par l’Église) pourront donc être utilisées en toute
circonstance pour parachever le renouvellement et la sanctification du monde,
et faire de toute la vie des chrétiens une perpétuelle Théophanie, une
révélation de la lumière de la gloire de Dieu.
Tropaire de la Théophanie, ton 1
Во Іopда́нѣ
кpeщáющуся Teбѣ́, Го́споди, Tpoйческое
яви́ся поклоне́нie : Pоди́телевъ бо
гла́съ cвидѣ́тельствоваше Teбѣ́, возлю́-бленнаго Tя́ Cы́на имену́я, и
Дýxъ въ
ви́дѣ голуби́нѣ, извѣ́ствоваше cлoвecé yтвepжде́нie. Явле́йся, Xpисте́ Бо́же и
мípъ просвѣще́й, cла́ва Тебѣ́.
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Lors de Ton baptême dans le Jourdain, Seigneur, fut manifestée
l’adoration due à la Trinité : car la voix du Père Te rendit témoignage
en Te donnant le nom de Fils bien-aimé, et l’Esprit, sous la forme d’une
colombe, confirmait l’irréfragable vérité de cette parole. Christ Dieu qui es
apparu et qui as illuminé le monde, gloire à Toi !
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Kondakion
de la Théophanie, ton 4
Яви́лся дне́сь вселе́ннѣй,
и свѣ́тъ
Tво́й Го́споди,
зна́менася на́
на́cъ,
въ
páзyмѣ пою́щихъ
Tя́ :
прише́лъ
ecи́, и яви́лся
ecи́ свѣ́тъ непристу́пный.
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Tu es apparu au monde en ce jour, Seigneur, et Ta
lumière s’est manifestée à nous qui, Te connaissant, Te chantons : Tu es
venu, Tu es apparu, Lumière inaccessible.
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Au lieu de : « Il est digne en vérité... », ton 2
Велича́́й
душе́ моя́, Честнѣ́йшую го́рнихъ во́инствъ, Дѣ́ву Пречи́стую Богоро́дицу. Недоумѣ́етъ вся́къ язы́къ благохвали́ти по
достоя́нію, изумѣва́етъ же
у́мъ и
премі́рный пѣ́ти Tя, Богоро́дицe ; оба́че
Блага́я cýщи, вѣ́py пріими́, и́бо
любо́вь вѣ́cи Боже́ственную на́шу ; Tы́ бо xристіа́нъ ecи́ Пpeдста́тельница, Tя́ велича́емъ.
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Magnifie,
mon âme, Celle qui est plus vénérable que les armées célestes, la Très pure
Vierge et Mère de Dieu. Toute langue est embarrassée pour te chanter
dignement, et même un esprit de l’autre monde a le vertige au moment de te
célébrer, Mère de Dieu ; cependant, Tu es la bonté ; reçois donc
notre foi, car Tu sais notre désir inspiré de Dieu ; Tu es l’avocate des
chrétiens, nous Te magnifions.
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