Saint Luc le Chirurgien
Innombrables sont les
miracles accomplis par l’intercession du Saint Archevêque et Confesseur de la
Foi Luc de Crimée. Saint Luc a illuminé la Terre de Russie et il illumine
aujourd’hui le monde entier. Puisse-t-il nous accompagner dans la joie sur
notre chemin vers le Christ et nous donner la force de porter notre croix. Afin
de nous y aider le Saint homme a prononcé ses homélies et écrit ses textes. Ce
site propose la traduction d’homélies et de textes de Saint Luc, à notre
connaissance inédits en langue française. L’homélie ci-dessous a été prononcée
le 21 février 1948. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «Hâtez-vous à la
suite du Christ» (Спешите идти за Христом)
Nous avons entendu
aujourd’hui pendant la lecture de l’Évangile, la parabole du Seigneur qui nous
dit que «dans une ville, il y avait un juge qui ne craignait point Dieu et qui
n’avait d’égard pour personne. Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui
venait lui dire : ‘Fais-moi justice de ma partie adverse’. Pendant longtemps il
refusa. Mais ensuite il dit en lui-même : ‘Quoique je ne craigne point Dieu et
que je n’aie d’égard pour personne, néanmoins, parce que cette veuve
m’importune, je lui ferai justice, afin qu’elle ne vienne pas sans cesse me
rompre la tête’». Le Seigneur ajouta: «Entendez ce que dit le juge inique. Et
Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et
tardera-t-il à leur égard? Je vous le dis, il leur fera promptement
justice»(Lc.18, 2-8).
Il n’est pas rare que le Seigneur tarde, qu’Il soit lent
à nous protéger. Souvent le Seigneur prend du temps avant d’exaucer nos
souhaits, d’agréer nos demandes. Mais il s’agit seulement d’un délai, car le
Seigneur a dit : «Je vous le dis, il leur fera promptement justice». N’y
aurait-il pas une forme de contradiction entre tarder à répondre et faire
promptement justice ? Qu’est-ce que cela peut signifier?
Cela signifie tout
d’abord que le temps et le passage du temps ne sont pas du tout aux yeux de
Dieu ce qu’ils sont aux yeux des hommes. Écoutez ce psaume de David : «Car
mille ans sont, à tes yeux, Comme le jour d’hier, quand il n’est plus, Et comme
une veille de la nuit» (Ps 89,4). Pour Dieu, mille ans sont comme un
jour ; ce qui nous paraît fort long est très court aux yeux de Dieu.
Pourquoi
le Seigneur tarde-t-Il souvent avant d’exaucer les souhaits de ceux et celles
qui crient vers Lui jour et nuit? Car Il nous apprend ainsi à patienter, Il
nous enseigne la patience. La patience est une grande vertu chrétienne. Tous
les saints, les ermites, les ascètes durent lutter pendant des dizaines
d’années ; ils prièrent Dieu pendant des dizaines d’années. Il y a
quelques jours, je vous ai rappelé que Saint Antoine le Grand pria une année
entière pour que le Seigneur lui dévoile le destin des âmes humaines
lorsqu’elles se séparent du corps. Et il s’agissait là d’un souhait nettement
moindre que ceux pour lesquels il priait Dieu incessamment : pour la
sanctification de son âme, de son cœur, pour la rémission de ses péchés. Et s’il
dut prier une année entière pour connaître le sort des âmes humaines lorsque le
corps est mis dans la tombe, combien plus pria-t-il pour les souhaits plus
importants.
Tous les saints
prièrent sans relâche des dizaines d’années durant. Saint Seraphim de Sarov pria
mille jours et mille nuits en se tenant sur une pierre. N’est-ce pas cela, la
persistance dans la prière ? N’est-ce pas cela la patience, n’est-ce pas
cela l’espérance infinie en Dieu ; l’espérance qui jamais ne se lasse, qui
jamais ne refroidit ? Voilà comment il convient que nous adressions nos
demandes à Dieu.
Il est évident que nous ne pouvons obtenir la sanctification
de notre âme dès notre première demande car c’est à travers la patience que
Dieu nous éduque. Il nous habitue à ce que nous n’imaginions pas recevoir très
rapidement ce que nous Lui demandons. Les Saintes Écritures nous informent
quant au sens et à l’importance de la patience. Le Saint Apôtre Jacques nous
dit : «Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses
épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre
foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement
son œuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien»
(Jc. 1, 2-4). Vous voyez que le Saint Apôtre attribue à la patience une
fonction essentielle : la patience nous conduit vers la perfection.
Sachez-le, et dès lors n’imaginez jamais qu’à la première prière, à la première
demande vous recevrez de la part de Dieu ce que vous Lui demandez. Cela, vous
devez le mériter, le mériter par la prière permanente, par la constante
espérance en Dieu, la foi constante en ce que Dieu ne vous refusera pas ce
pourquoi vous Le priez résolument et infatigablement. Vous devez y croire. Vous
devez croire, vous devez savoir qu’il est nécessaire de prier Dieu sans
relâche, comme la veuve implorait le juge de la défendre. C’est par la ferme
constance de sa demande qu’elle obtint ce qu’elle demandait. Il en va de même
pour nous ; nous recevrons ce que nous demandons à Dieu avec une grande
patience et une espérance infatigable. Souvenez-vous de la sainte
patience ; grande est cette vertu.
Ne soyez pas impulsifs, ne soyez pas
pressés quand vous priez Dieu afin d’obtenir quelque chose. Cultivez la
patience, éduquez votre âme dans la patience. Comme le dit l’Apôtre Paul, «Que
le Seigneur dirige vos cœurs vers l’amour de Dieu et vers la patience du
Christ!» (2Thes. 3,5). Et encore «N’abandonnez donc pas votre assurance, à
laquelle est attachée une grande rémunération. Car vous avez besoin de
persévérance, afin qu’après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce
qui vous est promis» (Heb.10,35-36). Ne désespérez pas, n’abandonnez pas
votre espérance ; avec grande patience priez infatigablement et
constamment Dieu d’alléger le joug qui pèse sur votre vie, et de purifier votre
cœur des impuretés qui y sont nichées. Amen
Traduit
du russe.
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