29 juin / 12 juillet
Saints glorieux
et illustres
ApÔtres Pierre
et Paul
St Grégoire, métropolite d’Héraclée et de Raidestos
(1925) ; saint Païssios du Mont Athos (1994)
Lectures :
2 Cor., XI, 21 – XII, 9 ; Мatth. XVI, 13–19.
HOMÉLIE DE ST JUSTIN DE TCHÉLIÉ SUR LES
SAINTS
APÔTRES PIERRE ET PAUL
L
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orsque les hommes ont entendu la
prédication du Seigneur Christ, ils ont commencé à s’étonner de ce que, Lui, le
Docteur de Nazareth, leur demande de renoncer aux leurs, de L’aimer plus que
leurs parents, plus que leurs enfants, que leurs amis, leurs biens. « Cela
nous est incompréhensible. Que nous donnes-tu en échange ? » Et le
Seigneur a dit : « Si tu veux être parfait », si tu veux être un homme cheminant
dans la vérité, renonce à toi-même, charge-toi chaque jour de ta croix, et
suis-moi. Pierre, troublé par ces paroles, Lui demande : nous avons tout quitté, et nous T'avons
suivi. Et le Seigneur lui répond : « Quiconque aura quitté, à cause
de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou
ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la
vie éternelle ». Il héritera la vie éternelle ! C’est précisément la
raison pour laquelle le Seigneur est venu en ce monde : afin de donner la
vie éternelle aux hommes. Afin de transformer cette prison de la mort et cette
île de la mort qu’est la terre en île de la Résurrection. C’est le but du
Seigneur Christ apporté par Lui en ce monde ; c’est ce que Lui seul a
apporté au monde et personne d’autre, et pour cette raison, Il est le véritable
Dieu et la Vie éternelle… Rappelez-vous de l’apôtre Paul. Pierre était un homme
simple, un pêcheur de Galilée. Mais Saül, Paul, le jeune homme le plus instruit
de son époque, devant lequel se profilait une carrière brillante, aurait pu obtenir
toutes les situations possibles et recevoir tout le pouvoir. Et ce Saül, ce
persécuteur de Jésus de Nazareth, a vécu un miracle infini. Enragé, plein
d’élan, tout entier dans les passions, il persécute les chrétiens !
Premièrement, parce qu’il sont quelques hérétiques, des simplets, des idiots,
parce que toute la Loi de Moïse est contre eux, et qu’il faut les écraser. Et
il a commencé à persécuter et à tuer tout ce qui est chrétien. Mais sur la
route lui apparaît le Seigneur ressuscité, qui lui dit : « Saül,
Saül, pourquoi me persécutes-tu ? » Saül devint soudain aveugle… Et
il se rendit chez Ananie, qui était à Damas et auquel le Seigneur avait donné
l’ordre de le guérir… Et Ananie baptisa l’apôtre Paul, le bénit, il recouvra la
vue. Depuis lors, l’apôtre Paul, comme il le dit lui-même, n’a rien connu
d’autre que le Seigneur Christ, crucifié et ressuscité. Car il a ressenti que
tout le chemin entre la mort et l’immortalité était parcouru, que le Seigneur
Christ est Celui qui donne à l’homme des forces et la puissance de vaincre
toute mort, tout péché, tout diable. Et depuis lors il prêche sans crainte et
au monde entier le Seigneur Christ ressuscité. Il n’a pas peur de l’empereur,
il n’a pas peur de son procureur, il ne craint aucun pouvoir terrestre. Une
seule chose est pour lui la principale, comme il l’écrit aux chrétiens :
atteindre la résurrection des morts, c’est son but. Tout le reste est pour lui
« de la boue ». Toutes les autres choses qui ne conduisent pas à la
Résurrection, tout ce qui ne donne pas la Vie éternelle à l’homme, n’est rien
d’autre que la mort, le péché, le diable, qui enlève à l’homme ce qui est le
principal et le plus heureux et le plus précieux ! Et réellement, les
saints Apôtres sont des hommes comme nous, de la même nature que nous, mais par
la force du Christ, ils ont conquis le monde. L’empire romain est tombé devant
eux, bien que ses empereurs les aient persécutés, toute leur force terrestre.
Ils sont les seuls vainqueurs du genre humain, qui pour vaincre n’ont pas fait
usage de la violence, des armes, du glaive, mais ont cheminé dans ce monde
comme des agneaux parmi les loups. Et il s’est produit le plus grand miracle
historique dans le genre humain : les agneaux ont vaincu les loups ».
Tropaire des saints
Apôtres, ton 4
Апо́столовъ первопресто́льницы и вселе́нныя
учи́теліе, Влады́ку всѣ́хъ моли́те ми́ръ вселе́ннѣй дарова́ти и душа́мъ
на́шимъ ве́лію ми́лость.
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Princes des Apôtres divins et docteurs de l'univers,
intercédez auprès du Maître Universel pour qu'au monde Il fasse don de la
paix et qu'à nos âmes Il accorde la grande miséricorde.
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Kondakion des saints Apôtres, ton 2
Тве́рдыя и боговѣща́нныя пропо-вѣ́датели,
ве́рхъ апо́столовъ Твои́хъ, Го́споди, прія́лъ еси́ въ наслажде́ніе благи́хъ
Твои́хъ и поко́й: болѣ́зни бо о́нѣхъ и сме́рть прія́лъ еси́ па́че вся́каго
всепло́дія, Еди́не, свѣ́дый серде́чная.
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Seigneur, Tu
as accueilli, pour le repos et la jouissance de tes biens, les solides
prédicateurs divinement inspirés, les coryphées des apôtres. Tu as jugé leurs
labeurs et leur mort supérieurs à tout holocauste. Toi seul connais les
secrets de nos cœurs.
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VIE SUCCINCTE
DE ST PAÏSSIOS DU MONT ATHOS
Né en 1924 à Farassa de Cappadoce,
le futur père Païssios a été baptisé la même année par saint Arsène, un grand
ascète et thaumaturge[1], dont il
suivra l‘exemple toute sa vie. Au baptême, saint Arsène lui donna son propre
prénom, contrairement à l’usage qui voulait que l’on donnât au nouveau-né le
prénom de son grand-père. Il dit alors à ceux qui s’en étonnaient : « Ne
voulez-vous pas que moi aussi j’aie un successeur ? » Et c’est
effectivement ce qui se produisit. Dès son jeune âge, le futur père Païssios
prendra la ferme résolution de devenir moine. Héritier de la grande tradition
ascétique d’Asie Mineure, le père Païssios cheminera sur la voie de celui qui
l’avait baptisé. D’abord en menant une jeunesse pieuse à Konitsa, dans l’ouest
de la Grèce, où sa famille avait émigré après l’exode d’Asie Mineure, puis
ensuite sur la Sainte Montagne de l’Athos, où il passera la quasi-totalité de
sa vie monastique, avec une interruption de quelques années, d’abord à Stomion,
près de Konitsa, puis au monastère de sainte Catherine sur le Mont Sinaï. De
retour sur la Sainte Montagne, il fut à l’origine du rétablissement de la vie
cénobitique au monastère de Stavronikita, puis de la fondation du couvent
Saint-Jean-le-Théologien à Souroti, près de Thessalonique, où reposent
aujourd’hui ses saintes reliques. Les exploits dans le jeûne et la prière du
père Païssios sont sans aucun doute considérables, mais connus de Dieu seul.
Comme tous les saints, il les dissimulait au regard des hommes. Malgré les dons
spirituels qu’il avait reçus, il se jugea indigne du sacerdoce, ce qu’il
expliqua ainsi : «
Lorsque j’étais ecclésiarque – telle était mon obédience – la chose suivante
m’est survenue. Lorsque les mots ‘L’Agneau de Dieu est immolé’ furent
prononcées [par le prêtre tandis qu’il perce la prosphore au cours de la
proscomédie], je vis l’Agneau[2]
sur le discos palpiter comme une brebis que l’on immole ». Cette
expérience secoua tant l’Ancien qu’il n’a jamais voulu lui-même devenir prêtre.
Cela ne l’empêcha pas toutefois de guider spirituellement moines et laïcs.
Après avoir vécu au kellion de la Sainte-Croix, près du monastère de
Stavronikita, d’abord auprès de l’Ancien Tykhon (+ 1968), un ascète russe
renommé, puis ensuite seul, il décida de demeurer auprès de l’Ancien Ménas le
Roumain, qui était aveugle, pour le soigner durant ses vieux jours, mais il ne
reçut pas la bénédiction nécessaire. C’est alors qu’il s’installa dans un autre
kellion dit « Panagouda », non loin de Karyès, près du monastère de
Koutloumousiou. C’est là que son activité de père spirituel prit une ampleur
grandissante. Ce furent alors des milliers de personnes qui demandaient ses
prières et ses précieux conseils spirituels. Ce que le Père Païssios a écrit au sujet de la cellule de saint
Arsène de Cappadoce pouvait être appliqué à la sienne également :
« Sa cellule recueillait la douleur des hommes souffrants ». On
trouvait auprès de lui la paix, tous les problèmes disparaissaient et parfois
semblaient subitement futiles. Quant aux personnes qui ne pouvaient lui rendre
visite, elles lui écrivaient. Tous les jours, il recevait d’innombrables
lettres de fidèles lui demandant ses prières. Il en faisait trois tas :
les problèmes familiaux, les dépressions nerveuses, les cancers. « Les
trois plaies de notre époque » disait-il. Par ses prières, les gens
désespérés recouvraient la santé, trouvaient des solutions à leurs problèmes. En
donnant des conseils, il ne faisait aucune pression, il n’enlevait pas aux
hommes leur liberté. C’était là le signe d’une paternité spirituelle
authentique. Nombreux étaient les miracles obtenus par ses prières. En effet, il obtint – et obtient – de nombreux miracles du Père
Céleste. Le don de clairvoyance qu’il avait reçu, lui permettait comme le dit
l’apôtre, de « juger de tout », n’étant « lui-même jugé par personne » (I Cor. 2,
15). Il pouvait ainsi mieux aider les hommes dans des situations difficiles,
percevant avec acuité tous leurs problèmes. Durant les six dernières années de
son existence terrestre, sa santé s’est grandement détériorée, en raison d’un
cancer à l’état avancé. Aussi, peu avant son bienheureux trépas, il dut partir
à Thessalonique pour y être soigné. Toute cette période fut un véritable
martyre pour lui, il souffrait énormément. Malgré cela, il continuait à
distribuer généreusement ses charismes en recevant les visiteurs. En raison de
son état physique, il ne put regagner la Sainte Montagne et resta au Couvent de
Souroti, près de Thessalonique. La dernière semaine, alors qu’il n’y avait
guère de doutes quant à son départ prochain, ce fut une file ininterrompue de
visiteurs qui vinrent prendre sa bénédiction, affligée de la prochaine
séparation. C’était en quelque sorte la confirmation des paroles du patriarche
Paul de Serbie, d’éternelle mémoire : « Lorsque l’homme vient au
monde, tous se réjouissent autour de lui, tandis que lui-même pleure ;
mais il lui faut vivre de telle façon que, lorsqu’il décède, tous pleurent et
lui-seul se réjouisse ». Vers minuit, le 11 juillet 1994, il remit son âme
au Seigneur. Il était âgé seulement de soixante-dix ans. On peut se demander
pourquoi le Seigneur ne nous a pas laissé le saint plus longtemps en ce monde.
La réponse nous est peut-être donnée par son disciple, le père Isaac, déjà
mentionné. Alors qu’on lui demandait pourquoi saint Basile le Grand était mort
à l’âge de seulement 52 ans, celui-ci répondit : « Parce qu’il avait
alors achevé toute la mission que Dieu lui avait confiée ».
LES PROCHAINS FEUILLETS LITURGIQUES PARAÎTRONT,
DIEU VOULANT, LE 28 AOÛT
[1]
Voir sa vie, écrite par le Père Païssios, « Saint Arsène de
Cappadoce », traduite en français et éditée par le Monastère
Saint-Jean-le Théologien, Souroti, Thessalonique, 1996.
[2]
C’est-à-dire la partie centrale du pain d’offrande qui est changée en Corps du
Christ au cours de la sainte Liturgie.
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