Père John [Parker]
30 Septembre 2014
Je suis un homme indigne, indigne d'être appelé chrétien orthodoxe, sans parler de la prêtrise, et j'écris, il est vrai, dans le confort de mon Mount Pleasant, en Caroline du Sud, chez moi. Il n'y a pas de Mont à proximité, mais c'est, en effet, une communauté balnéaire agréable sur la côte Est des États-Unis.
En tant que tel, je me demande comment faire face à ces âmes pitoyables, cruelles et impitoyables, qui sont tellement enténébrées que leur vie se passe à prendre la vie d'autrui - et ce qui est pire encore, en pensant qu'ils font cela sous la direction et avec la bénédiction de Dieu Lui-même, en vue d'une récompense éternelle?
Peut-être que je serai critiqué pour ma suggestion, assis dans mon agréable ville sans mont, mais nous avons lu récemment que nous devons recevoir l'Evangile comme un enfant; et même un enfant pourrait se demander comment on pourrait répondre au meurtre par le meurtre. La violence - individuelle ou à grande échelle - est-elle une réponse orthodoxe possible?
Quelles ont été les réactions des saints apostoliques et post-apostoliques, et des derniers saints à ces actions démoniaques, viles et haineuses?
Décapitation de Saint Jean le Précurseur
Comment les disciples ont-ils réagi à la décapitation de Jean le Baptiste, que nous avons commémoré le 29 Août?
Au bord du précipice du martyre, saint Etienne, le protomartyr pria Dieu de pardonner à ses bourreaux. Y eut-il un soulèvement apostolique après cela?
Le hiéromartyr Eutychès, disciple de saint Jean le Théologien, fut décapité après avoir souffert la famine en prison, une tentative de le brûler vif, et des coups cruels avec des barres de fer... qui étaient destinés à faire cesser ses prières. Il n'y a pas récit de vengeance qui en aurait résulté.
Saint Ignace d'Antioche a demandé à ses fils et filles fidèles en Christ de ne pas entraver sa marche au martyre. "Ne pas me retenez pas à la vie!" fut son ordre essentiel.
Saint Laurent, le hiéromartyr, dont nous avons gardé mémoire au début août, ordonna à ses ravisseurs, qui l'avaient mis sur une cage de feu, de le retourner, puisqu'il était "cuit de ce côté." Il n'est pas un document qui parle de représailles.
Le hiéromartyr Cyprien de Carthage, dont nous nous sommes souvenus en l'Eglise le 31 août fut martyrisé par l'épée aussi, lui par les païens. Parmi ses plus grandes contributions à la foi chrétienne était l'acceptation de la repentance de ceux qui avaient apostasié, abandonné leur véritable amour, Jésus-Christ. Lui-même, bien que défendant la vraie repentance de ceux qui avaient commis l'apostasie sous menace de mort, n'a pas trahi le Christ. Dans sa vie, nous lisons:
Lors du procès, saint Cyprien refusa calmement et fermement de sacrifier aux idoles et fut condamné à la décapitation par l'épée. Entendant la sentence, saint Cyprien dit: "Merci à Dieu!" Tous les gens crièrent d'une seule voix, "Laissez-nous également être décapités avec lui!"
Arrivant à l'endroit de l'exécution, le saint donna de nouveau sa bénédiction à tous et s'arrangea pour donner vingt-cinq pièces d'or au bourreau. Il attacha ensuite un mouchoir sur ses yeux, et donna ses mains pour être liées au prêtre et à l'archidiacre debout près de lui, et il baissa la tête. Les chrétiens mirent leurs vêtements et leurs linges en face de lui de manière à recueillir le sang du martyr. Saint Cyprien fut exécuté en l'année 258. Le corps du saint fut pris de nuit et on lui assura l'inhumation dans une crypte privée du procureur Macrobe Candidianus.
Il n'y a aucune trace de représailles.
Saint Constantin Brancoveanu, souverain de Valachie -terres roumaines- du XVIIIème siècle est commémoré le 16 août. Saint Constantin fut retenu captif pour la fête de l'Annonciation de la Mère de Dieu, le 25 mars 1714, par le sultan Ahmet III, à Istanbul. Ayant reçu un ultimatum "de se convertir ou de mourir," saint Constantin Brancoveanu fut contraint de regarder ses fils décapités (y compris le plus jeune de 11 ans, nommé Matei), avant sa propre décapitation par l'épée. Leurs têtes furent exhibées sur des piques, et les corps (bien que récupérés plus tard par les chrétiens) furent jetés dans le Bosphore. Cela eut lieu le 15 août 1714, jour de la Dormition de la Mère de Dieu. Parmi les dernières paroles du saint étaient celles-ci:
"Votre Majesté, vous avez pris ma fortune, mais je n'ai pas abandonné ma loi chrétienne. Je suis né et j'ai vécu en elle et je veux mourir en elle (= comme chrétien). J'ai rempli la terre de mon pays d'églises chrétiennes et, maintenant, atteignant un âge avancé, dois-je m'incliner devant vos mosquées turques? Non, Votre Altesse! J'ai défendu mon pays, j'ai gardé ma foi, je veux fermer les yeux dans ma foi et mes fils avec moi." Après cela, il encouragea ses fils: "Mes enfants, ayez du courage! J'ai perdu tout ce que j'avais sur ce monde terrestre. Il ne nous reste que nos âmes, nous n'allons pas les perdre aussi, mais nous allons les faire purifier par notre Sauveur Jésus-Christ. Lavons nos péchés dans notre sang!"
Décapitation de la famille des saints Brancoveanu,
fresque contemporaine par Sorin Efros
Les saints prièrent pour leurs bourreaux, et sans relâche ils restaient attachés au Christ. A ma connaissance, il n'y a pas de faits constatés de violences répondant à cette violence. Cependant, avec saints Adrien et Natalie (26 août), l'un de leurs ravisseurs fut converti par leur foi fidèle. N'était-ce pas d'ailleurs le cas avec les 40 Saints Martyrs de Sébaste?
"A moi la vengeance!" dit le Seigneur.
Nous nous tenons fièrement avec les martyrs, dont le sang est le fondement de l'Eglise. Et nous demandons à Dieu de nous accorder la même force lorsque nous devrons faire face à ce à quoi ils firent face.
Dans le même temps, se pourrait-il que l'Europe occidentale et l'Amérique du Nord soient confrontés à "l'islamisation" non pas simplement à cause de l'épée, mais aussi parce que:
Ils ont beaucoup d'enfants, alors que nous avortons les nôtres, ou tout simplement parce que nous avons peu d'enfants.
Alors qu'ils propagent leurs enseignements diaboliques, nous ne paraissons pas convaincus par la vraie foi.
Plutôt que d'être renforcés en une voix et un front unifiés, les chrétiens orthodoxes sont retranchés dans des enclaves ethniques.
Plutôt que de donner généreusement pour avancer l'œuvre de l'Eglise, et de pardonner comme nous avons été remarquablement pardonnés, les chrétiens orthodoxes restent mesquins, les poings serrés.
Chaque champ est prêt pour la récolte. Allons-nous témoigner de la vérité à la fois par notre mode de vie et notre façon d'affronter la mort?
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
cité par
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire