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Les premières bibliothèques de l'ancienne Russie ont été établies dans des cathédrales et des monastères. La lecture de livres était considérée non pas comme une sorte de passe-temps, mais comme un travail égal à la prière et à l'obédience. Ainsi, le Patericon des Cavernes [de Kiev] a gardé l'histoire de la vie d'Arsène l'Assidu, qui dit que le vénérable "n'a jamais été oisif, mais a toujours agi sous l'obédience, a prié ou a lu des livres."
De la chronique des temps passés (le première Chronique russe) nous savons que ce saint et le très orthodoxe prince Iaroslav le Sage ont créé la première bibliothèque publique en Russie à la cathédrale métropolitaine de Sofia. Son assistant Métropolite Hilarion, après avoir quitté le siège épiscopal, s'installa à nouveau au cloître des Cavernes de Kiev, où il soutint l'initiative du jeune higoumène, le Vénérable Théodose des Cavernes, pour la collecte de livres. Ils envoyèrent à Constantinople saint Ephrem, futur évêque de Pereyaslav pour prendre la copie de la règle du Patriarche Alexis le Studite.
Cette règle fut observée dans notre monastère jusques à l'invasion de Batou Khan. En outre, saint Ephrem rapporta des livres d'offices pour toute l'année liturgique, ce qui devint la fondation de la bibliothèque d'origine. Dans la vie du Vénérable Théodose des Cavernes, on peut lire qu'un scriptorium et un atelier de copie de livres furent établis dans le monastère et que le bienheureux staretz y prit une part directe: "le scribe, le moine Hilarion a travaillé jour et nuit dans la cellule du Vénérable; le moine Nicon s'est consacré à la reliure, et le Vénérable Théodose a tissé des fils pour la reliure." Les noms des premiers bibliothécaires du monastère des Cavernes de Kiev sont inconnus, probablement que le stockage des livres était une sorte d'obédience supplémentaire, et le Vénérable Théodose était superviseur de la bibliothèque, il peut être considéré comme un protecteur de toutes les bibliothèques d'église. Au monastère l'école des annales fut formée. Ses représentants les plus remarquables étaient les vénérés pères Nicon, Nestor le Chroniqueur, Silvestre et Policarpe.
La bibliothèque se développa avec le monastère, il y eut des périodes d'épanouissement et de déclin. Jusqu'au milieu du XIIème siècle, la bibliothèque grandit, mais avec l'intensification des guerres intestines des princes, le monastère subit le pillage à plusieurs reprises.
Lors de l'invasion de Batou Khan le cloître fut complètement détruit et sa bibliothèque fut perdue. Le monastère ne fut reconstruit qu'au XIVème siècle et l'église de la Grande Laure devint le caveau des princes de Kiev. La bibliothèque fut également restaurée. Ses principaux donateurs étaient les princes Olelkovitchi de Kiev et les princes de Volhynie d'Ostrog.
D'importantes contributions à la collection de livres furent faites par les archimandrites des Cavernes - Nicephore Tour, Elisée Pletenetskiy et Zacharie Kopystenskiy. Ils dirigèrent la Laure dans des moments difficiles pour l'Orthodoxie. Lors d'une lutte difficile contre l'imposition de l'Unia en terres orthodoxes, ils eurent à polémiquer avec leurs adversaires, ce qui exigeait des connaissances théologiques et historiques approfondies qui furent élaborées à partir des livres de la bibliothèque de la Laure.
1616 vit l'ouverture de la maison d'impression de la Laure. Certaines parties des livres imprimées là, furent transférées à la bibliothèque. En 1631, l'archimandrite de la Laure le saint hiérarque Pierre Moghila ouvrit le Collège supérieur, devenu par la suite l'Académie théologique de Kiev-Mohyla. L'Académie devint un cercle culturel et éducatif organisé à La Laure. Il faut noter que la plupart des enseignants de l'Académie étaient pris parmi les frères de La Laure, - tout cela souligne le fait que le monastère avait une grande bibliothèque.
La bibliothèque de la Laure a souvent souffert des incendies, le plus grand eut lieu en 1718, selon les historiens, "il détruisit tous les bâtiments en bois, endommagea de nombreux bâtiments en pierre et un certain nombre d'objets de valeur de l'église, en particulier, la bibliothèque de la Laure", mais elle fut de nouveau restaurée grâce au dévouement des moines de la Laure. Dans les siècle suivants, ces éclaireurs spirituels, que furent les Métropolites Eugène (Bolkhovitinov) et le saint hiérarque Philarète (Amphiteatrov), œuvrèrent pour la collecte de livres. Au début du XXème siècle, le Métropolite Flavien de Kiev donna sa propre bibliothèque à la Laure.
On peut dire que le temps à partir du milieu du 15e siècle jusques au début du XXème siècle a été une période de prospérité pour le monastère. Bien qu'il y eut des guerres, des invasions et des incendies, le Seigneur n'abandonna pas le monastère. Il ne manquait pas de gens actifs et instruits, et les généreuses donations faites au monastère furent utilisées pour une grande part pour des activités culturelles et enrichissantes pour l'esprit.
Mais les années de la révolution anti-chrétienne arrivèrent. Tous les biens de la Laure, y compris la bibliothèque du monastère, furent nationalisés. Une grande partie des fonds fut détruite ou emportée à l'étranger. Cela ne pourrait être comparé qu'à l'invasion de Batou Khan.
En 1988, par les prières de la Mère de Dieu et des défenseurs du monastère les vénérable Antoine et Théodose des Cavernes, la lampe de la vie monastique commença à briller de nouveau à la Laure, la bibliothéconomie fut relancée. Les fonds de la bibliothèque commencèrent à se reconstituer avec ces éditions qui avaient été sauvées par les moines de la Laure et les gens d'église au cours du règne des autorités impies. De nouveaux livres furent achetés, la bibliothèque commença à recevoir une partie des livres publiés dans l'imprimerie à nouveau ouverte à la Laure en 1995.
Pendant les vingt années après la renaissance du monastère plus de 10.000 volumes furent recueillis. En 2008, grâce aux efforts de l'higoumène du monastère, l'archevêque Paul, la bibliothèque fut transférée dans des locaux qui permettent à la Laure de placer et d'administrer les fonds de la bibliothèque de la meilleure façon. L'enregistrement et le catalogage des fonds de la bibliothèque de la Laure fut réalisée sur la base des technologies modernes d'information qui facilitent considérablement la recherche de la littérature et la coopération avec d'autres bibliothèques.
Au cours de son histoire la Laure a essayé de porter la lumière de la foi chrétienne au peuple, accomplissant les paroles du Sauveur: "Allez donc, et enseignez toutes les nations, les baptisant au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit…"(Matthieu 28:19)
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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