Saint-Pétersbourg à la fin du XVIIIe siècle ne pouvait pas être
aussi bruyante et peuplée qu’elle ne l’est aujourd'hui, mais même alors, elle aurait
difficilement pu être appelée une île paisible de paix salvatrice. En Russie,
il y avait encore quelques endroits inhabités et solitaires, qui attiraient les
ouvriers prêts à se sacrifier dans le domaine du service pacifique pour Dieu.
Il semblait que c’était là des lieux de choix pour ceux qui souhaitaient
sincèrement consacrer leur vie au Créateur.
L'image de la bienheureuse Xénia semble d'autant plus étrange
dans le contexte de l'agitation et de la vanité de la capitale. Cela semble
avoir été oublié par la femme vivant dans les rues bruyantes d'une grande
ville, déterminée à vivre sa vie uniquement selon les commandements de
l'Évangile, indépendamment de toute opinion humaine.
Vêtue de vêtements d'hommes, se faisant appeler du nom de son défunt mari, Andréi Féodorovich, la
bienheureuse pouvait-elle vraiment s'attendre à la compréhension et à la
sympathie de ceux qui l'entouraient? Ou, peut-être voulait-elle
intentionnellement augmenter son podvig
[labeur ascétique] par son endurance devant l'humiliation des autres? Si oui,
alors tout s'est bien passé selon ce plan dès le début.
En été et en hiver,
dans le froid et la chaleur, la sainte errait pendant des journées entières
autour de Saint-Pétersbourg; et des gens mauvais, des garnements des rues en
particulier, souvent riaient et se moquaient d'elle. Cependant, les gens autour
d'elle ne tardèrent pas à remarquer que dans ses paroles et ses actions, il y
avait un sens profond caché. Et quand la bienheureuse commença à être
respectée en tant que clairvoyante, à peine apparaissait-elle dans les rues et
les marchés de la ville que tous ceux qui la connaissaient lui offraient leurs
services.
Indépendamment de la saison ou du temps, chaque nuit, la
bienheureuse Xénia allait aux champs et priait jusqu'à l'aube. Là, dans ses paroles,
la présence de Dieu était "plus nette". Cela rendait d'autant plus
perplexe… pourquoi la sainte revenait-elle alors dans la capitale? Pourquoi ne
restait-t-elle pas en permanence dans ce lieu où il était si bon pour elle de demeurer
avec Dieu?
Bien sûr, la réponse à cette question se trouve à la
frontière des formes rationnelles. Il est difficile de sonder ceci par la seule raison.
Cependant, le cœur chrétien diffère du cœur incrédule précisément dans le fait
qu'il ne rejette pas des vérités qui ne peuvent être sondées par la raison. Et
cette reconnaissance de la force de l'âme capable d'agir contrairement à la
raison, nous rapproche de la compréhension du podvig de la sainte. Mais ce
n'est pas tout.
Dans l'image de sainte Xénia, tout le monde peut trouver
quelque chose de familier et de proche. Il semble qu'il n'y ait pas de
barrières entre la sainte et l'âme de toute personne-aucun malentendu, ou
différence d'opinions. Il suffit de dire un mot, d'éveiller un sentiment dans
le cœur, et vous serez immédiatement entendu, compris, consolé…
D’où vient une telle force, une telle audace et un tel amour?
Dans l'Ecriture Sainte, il
y a ces paroles remarquables: Garde ton coeur plus que toute autre chose, Car de
lui viennent les sources de la vie (Proverbes 4:23). Sainte Xénia a su
préserver son cœur et son trésor le plus important : sa fidélité au Christ.
C’est le témoignage de la vie de notre chère petite Xénia, le pouvoir
tout-conquérant de la fidélité au Christ.
Ce fut le don de son cœur, et en
suivant son appel, elle a su préserver intacte son âme, malgré la vanité et les
opinions, la moquerie et l'attention flatteuse de ceux qui l'entouraient. Elle
ne recherchait pas le Christ dans les labeurs ascétiques ou dans l’éloignement
de ce monde vain, mais elle est simplement restée fidèle à Ses commandements, n’a
pas craint de se plonger dans la mer orageuse du bruit de la ville.
Vu de l'extérieur, ce chemin
de folie que la sainte a suivi, lui a été donné par le
Seigneur comme une réponse à son désir sincère de préserver sa fidélité à Dieu
et à son amour pour son époux, que le Seigneur avait accordé à son cœur.
Son
podvig reste caché, mais ses fruits rendent encore heureux ceux qui s'adressent
à sainte Xénia pour avoir de l'aide. Par sa folie-en-Christ, elle ne faisait que
témoigner de la vérité qui était fermement ancrée dans son foyer: la fidélité à
Dieu peut nous conserver toujours et partout, en toutes circonstances. Dieu
nous garde, et mais nous pas !
Par conséquent, là où il est le désir
sincère de suivre les commandements de l'Evangile, il n'y a plus de peur face à la réalité. Le cœur fidèle ne voit que Dieu devant lui, et place Sa
réalité, exprimée dans les Évangiles, plus haut que tout ce qui est visible.
Celui
qui est fidèle à Dieu n'a pas peur de prendre des mesures décisives, car il se confie
le Créateur pour être dirigé... Témoignage également de la force d'un cœur
fidèle à son Créateur, est l’incroyable chaleur et de compassion de sainte Xénia,
qui la rendent proche et chère à toute âme orthodoxe.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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