Père Gheorghe Calciu naquit à de simples fermiers en
1925, à Mahmoudia, village dans le delta du Danube. Il était le plus jeune de
onze enfants. Il se souviendra plus tard de son village comme d’un paradis
naturel et spirituel, où les gens vivaient en harmonie les uns avec les autres,
avec la nature et tous les êtres vivants.
Le Père a écrit sur sa mère: "elle a vécu la
vie d'une véritable sainte laïque." [...] "Si je devais comparer tout ce que j'ai appris à la Faculté de théologie
à tout ce qu'elle m'a appris, je crois que j'ai appris beaucoup plus d'elle, de
ma mère."
Quand il avait 6 ou 7 ans, Dieu lui a peut-être donné
le premier signe qu'il devait transcender ce monde. Il a entendu parler d'un
ermite qui avait marché sur l'eau comme sur la terre ferme, alors il pria avec
ferveur le Seigneur de l'aider à marcher sur l'ortie de son jardin. Il pria également
saint Nicolas et parce qu'il se sentait en profonde confiance, il marcha sur les
orties. "Le moment où j'ai posé le pied sur elles, quelque chose s'est passé:
une lumière brillante couvrit tout le jardin. Je pouvais voir tous les détails
de l'ortie sous mes pieds. Je pouvais voir les bourgeons des arbres, l'herbe,
les légumes, ils étaient tous à côté de moi, et aucun d'eux ne projetait une
ombre sur la terre.
La lumière enveloppait tout. Je ne croyais pas un instant
que l'ortie me nuirait d’une quelconque façon, et elle ne le fit pas. Il y
avait une telle joie à l'intérieur de moi, mais je n'en étais pas conscient.
Comme si elle avait toujours été là. Je marchais sans m'en rendre compte,
peut-être que je le faisais trop rapidement ou trop lentement, il n'y avait plus de temps, ni de distance."
Il étudia au lycée Spiru Haret à Tulcea, où la
religion était étudiée sérieusement, et où aller à l'église était obligatoire.
En 1940, il rejoignit les confréries de la Croix où il
apprit l'honnêteté, l'équité, le dévouement, le travail acharné, la
responsabilité, la prudence, la prière, à aider les faibles et les personnes
âgées, la retenue, l’ignorance de la peur, la générosité, l'abnégation et l’acceptation
du martyre. En tant que frères de la Croix, les élèves avaient le devoir d'aller
à l'église tous les jours.
Après le lycée, il alla à l'école de médecine de
Bucarest parce que l'idéal des Confréries de la Croix était pour tout le monde
de faire quelque chose pour le peuple. En tant qu'étudiant, il grandit plus fort
dans sa foi et essaya de prier d'une manière plus profonde et plus
désintéressée.
Après deux années de collège, il fut arrêté le 21
mai 1948 parce qu'il avait donné asile, dans son dortoir, à un ami de lycée qui
était en charge de la Confrérie de la Croix à Tulcea.
Accusé avec d'autres étudiants d'activités contre la
sécurité de l'Etat, il fut arrêté et enfermé dans un des bâtiments de la police
secrète, jusqu'à son procès qui eut lieu plus tard à l'automne. Il fut
condamné à 8 ans de prison et envoyé à Pitești [Pitèchti], la plus redoutée des
prisons communistes.
" Nos vies en prison étaient justes,
peut-être beaucoup plus justes qu’à l'extérieur de celle-ci [...] notre esprit
se renforça dans la foi" , dit Père Calciu, ils avaient même un calendrier
pour la prière et pour les activités intellectuelles - jusqu'à ce que le processus
de "rééducation " commence.
Père Gheorghe Calciu et d'autres survécurent, par la foi, à la faim,
au froid, à la torture, à la terreur, car, dit-il : " En prison,
sans Dieu, la prière et le pardon il n'existe aucun moyen de survivre. "
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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