"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 23 juin 2012

La bienheureuse Zina de Vetlouga



BIENHEUREUSE ZINA DE VETLOUGA

Mai 27/Juin 9 († 1960)

La bienheureuse Zina (Zinaïda Grigorievna Matrokhina) est née à Vetlouga en 1877, dans une famille de marchands. Lorsque le père de Zina mourut jeune, la famille connut des difficultés et des contraintes matérielles pour la première fois. Mais ces difficultés n'étaient pas comparables à ce qui allait advenir plus tard.

Immédiatement après la révolution, tous les biens furent confisqués et la famille fut réduite à la pauvreté. La mère de Zinaïda accepta cette croix avec humilité. Autrefois marchande aisée, maintenant, elle marchait dans de minces bottes de feutre, presque pieds nus, en vêtements usés jusques à la corde, mais elle n'était pas abattue. Souvent en hiver, elle allait chez la pieuse famille Goloubev de Vetlouga, et elle s'asseyait et chantait des psaumes. Alexandra Golubev la regardait et pensait en elle-même, "Nous vivons et nous ne sommes pas satisfaits de tout, mais cette personne marche presque nu-pieds en hiver et elle chante des psaumes."

Suivant l'exemple de sa mère et par la Providence de Dieu, sa fille Zinaïda menait une vie semblable. Pleine de boue, en haillons, avec des poux, elle disait: "Ma Mamochka [petite mère] me l'a ordonné ainsi. Mes poux ne vont pas ramper sur quelqu'un d'autre."

Les gens évitaient de la recevoir dans leurs maisons à cause de son aspect négligé, et ceux qui la recevaient étaient pauvres eux-mêmes. Telle était Maria Alexandrovna, qui vivait dans une extrême pauvreté elle-même. La bienheureuse Stepanida de Vetlouga lui avait dit qu'elle serait couverte de sang, à sa mort. Elle avait peur de prendre des pensionnaires pour cette raison.

Les fols-en-Christ vivent étrangement, et les motifs de leur comportement sont incompréhensibles pour nous. Ils vivent dans la pauvreté, ils acceptent les aumônes, mais ne les gardent pas pour eux-mêmes. Zinaïda, par exemple, mettait toutes ses aumônes à la caisse d'épargne. Rendez à César ce qui est à César (Matthieu 22:21), disait-elle. "Il est venu au monde et au monde, il retourne." Là restait l'argent. Elle n'en donnait pas même à sa logeuse, Maria Alexandrovna. L'hôtesse se plaignait à ceux qui venaient comme invités, "S'il vous plaît, dites à Zina de me payer un loyer plus élevé pour son longement. Vous voyez, je n'ai rien pour acheter du bois de chauffage. Je dois ramasser le bois mort de la forêt moi-même."

"Je paierai plus cher, Maria Alexandrovna, je paierai plus cher. Cinq roubles par an," disait alors Zina.

Maria Alexandrovna bouillait d'indignation: "Et qu'est-ce que c'est pour toi, Zinouchka [petite Zina]? Est-ce que cinq roubles représentent beaucoup d'argent pour une année entière?"

Mais Zina disait seulement une chose, "Je paierai plus cher, Maria Alexandrovna, je paierai plus cher. Cinq roubles par an."

A la fin de sa vie errante, la bienheureuse perdit même ce dernier refuge. Cela se fit de la manière suivante: un jour Maria alla à la commission médicale. Elle espérait qu'elle recevrait une pension pour cause de maladie. Mais elle ne prit pas en considération le fait que les médecins étaient athées, et quand par pudeur, elle refusa de se déshabiller, ils commencèrent à l'insulter et, enfin, la chassèrent. Elle revint tellement bouleversée que marchant vers la maison, en traversant les voies ferrées, elle n'entendit pas le train.

Ainsi, les paroles de la bienheureuse furent accomplies: Maria Alexandrovna tomba sous le train et mourut de l'abondante perte de sang.

Pendant plusieurs mois avant sa mort, Zina marcha partout en ville et demanda, "Permettez-moi de rester chez vous."

Mais tout le monde savait qu'elle ne payait pas pour son logement, et qu'elle était négligée, de sorte qu'ils ne lui permirent pas de loger chez eux.

Ainsi, elle est également morte, sans refuge terrestre. Elle a attrapé froid, et au bout de trois jours, le 27 mai/9 juin 1960, elle naquit au Ciel. Elle fut enterrée dans le nouveau cimetière. Les citoyens de Vetlouga honorent sa mémoire à cette date.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Higoumène Damascene
NEW CONFESSORS OF RUSSIA
St. Herman of Alaska Press
Platina, California
1988





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