Le jeune médecin voulait toujours répondre ou me demander quelque chose, mais le médecin-chef lui fit un signe pour lui demander de me laisser tranquille. Je ne sais pas vraiment pourquoi, si cette quiétude était réellement nécessaire pour moi, ou parce que d'après mes paroles, il avait conclu que mon esprit n'était pas encore rétabli, et par conséquent il n'y avait aucune raison d'essayer de me raisonner.
Ayant acquis la conviction que le mécanisme biologique de mon corps était entré en état plus ou moins bon, ils m'ont ausculté avec le stéthoscope. Il n'y avait pas d'oedème dans les poumons. Après cela, m'ayant donné, je m'en souviens bien, une tasse de bouillon à boire, tout le monde s'est retiré de la salle, sauf ma sœur, qui a été autorisée à rester encore avec moi pendant une période de temps plus longue.
Apparemment ils ont pensé que le fait que je me rappelle de ce qui avait eu lieu ne pouvait que susciter l'inquiétude en moi, ce qui ferait se poser à mon esprit toutes sortes de conjectures et de possibilités terribles, comme le fait d'être enterré vivant, etc. Tous ceux qui étaient autour de moi évitaient de parler avec moi à ce sujet. Seul le jeune médecin fut une exception, et il ne s'est pas conduit avec cette réserve.
Evidemment, il était extrêmement intéressé par ce qui avait eu lieu en moi, et à plusieurs reprises dans le cours de la journée, il venait à moi, que ce soit tout simplement pour jeter un regard vers moi et voir comment les choses allaient, ou pour poser une question qui lui venait à esprit. Par moments, il venait seul, et parfois il amenait même quelques amis, dans la plupart des cas, un étudiant, afin de regarder un homme qui avait été à la morgue.
Le troisième ou quatrième jour, me trouvant apparemment suffisamment fort, ou peut-être, tout simplement ayant perdu patience d'attendre plus longtemps, il vint dans mon service dans la soirée, et se permit d'avoir une conversation plus prolongée avec moi.
Ayant tâté mon pouls pendant un moment, il dit:
"Incroyable. Tous ces jours, votre pouls a été complètement régulier, sans irrégularités ou écarts, mais si vous saviez ce qui vous est arrivé! Un miracle, c'est que cela pourrait être!"
A cette époque, j'avais déjà pris l'habitude de me considérer comme un être terrestre, j'entrai dans le cadre de ma vie antérieure, et j'en vins à comprendre le caractère tout à fait extraordinaire de ce qui m'était arrivé. Je compris aussi que j'étais le seul à le savoir, et que ces miracles dont le médecin parlait, dans leur conception étaient seulement un type de manifestation extérieure de ce qui avait effectivement eu lieu avec moi, c'était sur le plan médical un certain type de pathologie jusques là, une rareté incomprise, et j'ai demandé:
"Quand ces miracles ont-ils eu lieu chez moi? Avant mon retour à la vie?"
"Oui, avant que vous récupériez. je ne parle pas seulement pour moi. Je n'ai que peu d'expérience, et jusques à présent, je n'ai même jamais vu un cas de léthargie; mais peu importe auquel des médecins expérimentés, je dis cela, tous deviennent stupéfaits, et imaginez à quel point… ils refusent de croire mes paroles.
"Je pense que vous le savez, et d'ailleurs, il n'est pas nécessaire de le savoir. Cela va de soi... Quand une personne passe par un évanouissement, même simple, tous les organes fonctionnent d'abord très faiblement Il n'est guère possible de percevoir le pouls, la respiration est complètement imperceptible, on n'entend pas les battements du cœur, mais avec vous quelque chose d'inimaginable s'est produit: les poumons ont soudain commencé à souffler comme un soufflet gigantesque, le cœur a commencé à frapper comme un marteau sur une enclume. Non, on ne peut pas mettre cela en mots. Il faudrait l'avoir vu. Vous voyez, il y avait en vous un type d'état qui ressemble à un volcan avant son éruption. On a sent des frissons passer dans notre dos, et c'est devenu effrayant pour ceux qui étaient là. Il me semblait qu'après encore un instant, il ne resterait de vous, même pas des morceaux, car aucun organisme ne peut supporter une telle intense activité.
"Hum... Il n'est pas étonnant alors que j'ai perdu connaissance avant de revenir à moi," pensais-je.
Et de même, avant le rapport du médecin, j'ai continué à être dans un état de perplexité et je ne savais pas comment expliquer cette étrange condition (comme elle me semblait alors), c'est que quand j'étais mourant, c'est-à-dire, quand tout me quittait progressivement, je n'ai pas un instant perdu conscience, mais quand je revins à la vie, j'ai eu un évanouissement.
Maintenant c'est devenu clair pour moi: quand on meurt, bien que j'ai également eu la sensation d'être pressé de toutes parts, au moment d'angoisse extrême, cela s'est résolu par ma projection hors de moi-même par ce qui était à l'origine de cela; mais apparemment l'âme seule est incapable d'évanouissement. Cependant, quand il a été nécessaire pour moi de revenir à nouveau à cette vie, au contraire, j'ai dû prendre sur moi ce qui était soumis à toutes les souffrances physiques, y compris les évanouissements.
Maintenant c'est devenu clair pour moi: quand on meurt, bien que j'ai également eu la sensation d'être pressé de toutes parts, au moment d'angoisse extrême, cela s'est résolu par ma projection hors de moi-même par ce qui était à l'origine de cela; mais apparemment l'âme seule est incapable d'évanouissement. Cependant, quand il a été nécessaire pour moi de revenir à nouveau à cette vie, au contraire, j'ai dû prendre sur moi ce qui était soumis à toutes les souffrances physiques, y compris les évanouissements.
Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Orthodox Life
Vol. 26, No. 4
Holy Trinity Monastery
Jordanville, N.Y.
USA
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