Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux: un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté; un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir; un temps pour pleurer, et un temps pour rire…
(Ecclésiaste 3:1-3)
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26 décembre 1979… Mont Athos. Monastère de Stavronikita.
Nous sommes arrivés à Stavronikita à la nuit, depuis la skite du saint Prophète Elie. Nous avons reçu l'hospitalité traditionnelle athonite qui consiste en un verre d'eau claire, un café byzantin et un loukoum. Nous avons été loukoum tenens dans chaque monastère visité (Ce sera notre plaisanterie favorite tout au long du voyage athonite) !
Après une heure de repos, nous allons au catholicon. En chemin je demande au prêtre qui m'accompagne et qui est un habitué de la Sainte Montagne de m'expliquer les usages pour la Communion. Il m'indique qu'il faut simplement demander la bénédiction au Père Basile, l'higoumène. Je lui demande comment je le reconnaîtrais. "C'est simple, me dit-il, il porte la barbe et il est habillé tout en noir." Le Père est heureux de sa plaisanterie… Je me débrouillerai!
Je me souviens vaguement de Père Basile pour l'avoir vu et entendu au Congrès Orthodoxe de Dijon, en 1976. Lorsque nous sommes dans l'église, dans la pénombre, je m'avance vers un moine et lui demande à voir le Père Basile, en rassemblant tout le grec que je connaissais à l'époque. Il m'indique un moine vers le sanctuaire. Je me dirige vers lui et mets mes deux mains jointes pour demander sa bénédiction avant de lui parler. Rien ne se passe. Très vite je réfléchis: il faut prendre la main des pères grecs et l'embrasser. Ils ne bénissent pas comme nos pères russes. J'essaie de m'emparer de sa main pour la baiser. Il la retire vivement. Immédiatement, la folle du logis, se met à me faire échafauder plus d'une hypothèse sur mon indignité, justifiant le fait que le Père ne veuille pas me donner sa bénédiction.
Mais il a entendu ma question sur la Communion, et il m'indique en un français parfait qui ne laisse pas de m'intriguer, ce que je dois faire. Tout se passe bien. Il vient me chercher à la fin de la Liturgie pour entendre les prières après la Communion.
Je retrouve mon ami prêtre qui m'annonce que l'higoumène Basile nous invite au petit-déjeuner. A table, je découvre avec nous l'higoumène Basile, et le moine Basile qui parle parfaitement le français puisqu'il est suisse! L'histoire fait rire tout le monde, sauf moi! Le second Père Basile ne pouvait pas me donner sa bénédiction, puisqu'il n'était pas prêtre! Quelques années plus tard, lorsqu'il le devint, je me sentis un peu prophète: j'avais été le premier à lui demander sa bénédiction!
Claude Lopez-Ginisty
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