"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 9 mars 2025

Dimanche du triomphe de l'Orthodoxie

Restauration de la vénérations des saintes icônes

À l'origine, la commémoration de ce dimanche concernait Moïse, Aaron, Samuel et les prophètes de l'Ancien Testament. À la fin des Matines, le verset nous le rappelle : Moïse, pendant le temps de l'abstinence, reçut la Loi et la proclama au peuple. Élie, en jeûnant, ferma les cieux ; et les trois enfants d'Abraham, en jeûnant, ont vaincu le tyran sans foi ni loi. Ô Christ, par le jeûne, estime-nous dignes d'atteindre la fête de ta résurrection, alors que nous crions à haute voix : Saint Dieu, Saint Fort, Saint immortel, aie pitié de nous.

En l'an 843, le 11 mars était le premier dimanche du Grand Carême et, ce jour-là, la restauration des icônes fut célébrée pour la première fois, comme Triomphe de l'Orthodoxie. Cette célébration se poursuit encore aujourd'hui. Le contexte est celui de la controverse sur les iconoclastes, qui a débuté au début du 8e siècle. 

Comment la question de l'iconoclasme fut elle été soulevée ? Une théorie avancée pour l'expliquer est que l'histoire de l'Empire byzantin fut ponctuée de graves échecs militaires. La montée de l'islam semble avoir été facilitée par des succès militaires. En termes simples, la question était de savoir pourquoi les musulmans semblaient bénis, alors que les Byzantins ne l'étaient pas. L'Islam interdisait les images religieuses ; l'Église chrétienne avait-elle donc irrité Dieu en utilisant des icônes ?  Ainsi, les icônes furent condamnées comme superstitieuses en se basant sur l'Ancien Testament. Nous rappelons volontiers que l'histoire s'est répétée en Occident au cours des XVIe et XVIIe siècles, sous l'impulsion de Calvin, Knox, Cromwell et d'autres.

Saint Germain de Constantinople

Dans la deuxième décennie du VIIIe siècle, le Patriarche Germain de Constantinople dut défendre la vénération des icônes dans les églises contre les critiques de quelques évêques provinciaux. Comme il n'appartient pas aux autorités civiles de déterminer les doctrines et les coutumes de l'Église, le Patriarche fut surpris lorsqu'en 730, l'empereur byzantin Léon III publia un décret en faveur de l'iconoclasme.

Les événements se succédèrent rapidement et Germain fut contraint de quitter ses fonctions et fut remplacé par Anastase, plus conciliant. Lorsque le fils de Léon, Constantin, devint empereur, il encouragea encore plus vigoureusement l'iconoclasme et, en 765, il fit convoquer un « concile » au cours duquel les icônes furent condamnées. Après avoir réussi à intimider les évêques présents, Constantin se servit de l'autorité fallacieuse de son faux concile pour imposer l'iconoclasme par des moyens violents.

Monnaie à l'effigie d'Irène


Après la mort de l'empereur Léon IV en 780, sa veuve, l'impératrice orthodoxe Irène, agissant en tant que régente pour son jeune fils, l'empereur Constantin VI, décida de mettre fin au fléau de l'iconoclasme. Le succès ne fut assuré qu'en 787, lorsque le 7e concile œcuménique, qui se tint à Nicée sous la direction du Patriarche saint Tarase, condamna l'iconoclasme et ordonna la restauration et la vénération des icônes dans toutes les églises. Malheureusement, à la mort d'Irène en 802, les ennemis de l'Église refirent surface. Les hérésies sont des tentatives de saper la vraie foi et sont inspirées par le Malin, qui attend son heure. Une hérésie peut être condamnée par l'Église et être éclipsée pendant un certain temps, mais elle réapparaîtra d'une manière ou d'une autre. En 815, les iconoclastes trouvèrent un nouveau champion en la personne de l'empereur Léon V, l'Arménien, qui lança une nouvelle attaque contre les icônes.

Saint Théophylacte de Nicomédie

Saint Théophylacte était évêque de Nicomédie au début du 9ème siècle. Lorsque Léon l'Arménien arriva au pouvoir, le Patriarche Nicephore appela Théophylacte à l'aide. L'évêque de Nicomédie était connu pour être un fervent opposant à l'iconoclasme et il conduisit une délégation épiscopale auprès du nouvel empereur afin de le convaincre de son erreur. 

Léon ne fut pas sympathique et il exprima avec colère son souhait de voir les icônes retirées de toutes les églises, de tous les monastères et même de toutes les maisons privées. Une citation de « Orthodox Saints » de George Poulos décrit la scène : « C'est alors que Théophylacte éleva la voix, assommant Léon d'une explosion verbale qui fit blêmir ses oreilles royales, disant que le mal informé Léon, le plus grand hérétique de tous, sentirait un jour la colère de Dieu et que la voie qu'il avait choisie le mènerait à sa destruction ». Le saint fut alors banni pendant trente ans et il n'en reviendra jamais.

Sainte Impératrice Théodora


Les empereurs successifs poursuivirent la persécution initiée par les iconoclastes. Le dernier empereur iconoclaste, Théophile, fut le pire de tous. Sa campagne s'intensifia après 834. Cependant, la victoire de l'Orthodoxie vint grâce aux actions d'une autre femme. À sa mort, la veuve de Théophile, l'impératrice sainte Théodora (commémorée dans le calendrier ecclésiastique le 11 février), ordonna immédiatement la fin de la persécution. Un nouveau patriarche, Méthode, qui avait déjà souffert pour l'Orthodoxie aux mains des hérétiques, fut installé. La restauration des icônes fut proclamée le premier dimanche du Grand Carême, en 843, dans la grande cathédrale Sainte-Sophie de Constantinople.

Avant que le clergé n'entre dans le sanctuaire pour revêtir et servir la Divine Liturgie, il récite des prières devant l'iconostase, dont celle-ci, qui est en fait le tropaire du dimanche de l'orthodoxie : 

Nous vénérons Ta très pure Image, Toi qui es bon, en implorant le pardon de nos fautes, ô Christ Dieu. Car Tu as bien voulu, dans Ta chair, monter sur la Croix, afin de délivrer ceux que Tu as créés, de la servitude de l’Ennemi. Aussi, Te rendant grâce, nous Te crions : Sauveur, Tu as tout rempli de joie, en venant sauver le monde.

Saint André de Crête

Pendant le Grand Carême, nous lisons le Grand Canon écrit par saint André, archevêque de Crète. Il nous enseigne le repentir et notre relation avec Dieu en s'appuyant sur la vie de personnages bibliques. Nous lisons également la vie de sainte Marie d'Égypte, qui se détourna de l'égarement de sa jeunesse et passa des années à se repentir dans le désert. Ce récit étonnant fut consigné par saint Sophrone, élu Patriarche de Jérusalem en 634. Il était en quelque sorte un chroniqueur. Né à Damas vers l'an 560, il reçut une éducation de premier ordre, mais mondaine. Mais cela ne lui suffit pas et il se tourna vers la sagesse spirituelle, voyageant dans les monastères et les lieux saints. C'est ainsi qu'il arriva au monastère de Saint-Théodose, près de Bethléem, où il rencontra le moine Jean Moschos.

Ensemble, ils entreprirent un pèlerinage spirituel et consignèrent soigneusement tout ce qu'ils avaient découvert. Les efforts du moine Jean sont consignés dans son livre Le pré spirituel, qui fut traduit en plusieurs langues. 

Saint Sophrone de Jérusalem


Leurs voyages les conduisirent à Rome, où Jean mourut. À sa demande, Sophrone ramena son corps en Terre sainte pour l'enterrer. Sophrone resta ensuite à Jérusalem, où il assista au retour de la Vraie Croix de Perse, portée dans la Ville Sainte par l'empereur Héraclius en personne. 

À cette époque, le vieux patriarche Zacharie mourut et fut remplacé par Modeste, qui mourut également en 634. Sophrone fut élu pour lui succéder en tant que Patriarche et il gouverna le patriarcat de Jérusalem pendant quatre ans, au cours desquels il défendit l'Orthodoxie contre l'hérésie monothélite. Cette hérésie enseigne qu'il n'y a dans le Christ qu'une seule volonté d'agir, sapant ainsi les deux natures du Christ et niant ainsi qu'il est à la fois pleinement Dieu et pleinement homme. Sophrone était à la fois chroniqueur et écrivain liturgique. Il est surtout connu pour avoir consigné la vie de Sainte Marie d'Égypte. 

Sainte Marie d'Egypte

Dans son introduction, saint Sophrone déclare : « Ne pas garder le secret d'un roi est périlleux et constitue un risque terrible : Ne pas garder le secret d'un roi est périlleux et constitue un risque terrible, mais se taire sur les œuvres de Dieu est une grande perte pour l'âme. Et moi, en écrivant la vie de sainte Marie d'Égypte, j'ai peur de cacher les œuvres de Dieu par le silence. Me souvenant du malheur qui menaça le serviteur qui cacha dans la terre le talent que Dieu lui avait donné (Mt 25, 18-25), je me dois de transmettre le saint récit qui m'est parvenu. Et que personne ne pense que j'ai eu l'audace d'écrire des contrevérités ou de douter de cette grande merveille - que je ne mente jamais sur les choses saintes ! S'il se trouve des personnes qui, après avoir lu ce récit, ne le croient pas, que le Seigneur ait pitié d'elles parce que, reflétant la faiblesse de la nature humaine, elles considèrent comme impossibles ces choses merveilleuses accomplies par des personnes saintes. Je dois maintenant commencer à raconter cette histoire étonnante, qui s'est déroulée dans notre génération. 

Suivons donc l'exemple de saint Sophrone et ne gardons pas ces merveilles pour nous, mais partageons-les avec tout le monde. Il est triste de constater que certaines personnes qui se disent chrétiennes ne connaissent pas ces grands trésors de l'Église. Nous avons tant à apprendre de la vie des saints.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
in Mettingham. 

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