"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 17 août 2022

Archimandrite Melchizédek [Artiukhine]: NOUS RETOURNONS AU PARADIS EN OBSERVANT LE JEUNE


Au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit !

Nos péchés et nos défauts ne nous abandonnent que par la prière et le jeûne. Le jeûne était déjà commandé à l'homme au Paradis. Par l'obéissance à la volonté de Dieu, Adam et Eve auraient pu transfigurer ce monde, mais ils ne se sont pas maîtrisés par le jeûne.

St. Jean Climaque nous dit : « Quiconque veut retourner au Paradis ne le fait d'aucune autre manière qu'en jeûnant. »St. Jean Chrysostome nous dit en quoi devrait consister le jeûne : « Ne jeûnez pas seulement par le corps, pas seulement avec le ventre. Que nos yeux jeûnent ; que nos langues jeûnent ; que nos oreilles jeûnent ; que nos cœurs jeûnent ; que nos mains et nos pieds jeûnent. Que nos yeux ne regardent pas ce qui est inapproprié ; que nos oreilles n'entendent pas la calomnie et la condamnation ; que nos langues ne disent pas de mensonges, de condamnations et de contrevérités. Que nos mains ne prennent pas ce qu'elles n'ont pas déposé, et que nos pieds ne marchent pas dans le conseil des méchants. »

En ce qui concerne "le conseil des méchants", ce ne sont pas seulement quelques réunions auxquelles nous n'allons pas de toute façon - dans les clubs et ainsi de suite. Les Saints Pères appellent « le conseil des méchants » le rassemblement de nos mauvaises pensées. Ainsi, la Sainte Écriture prescrit « de ne pas marcher dans le conseil des méchants ». Ce « conseil » est détruit par la prière de Jésus, par l'invocation du Nom de Dieu. Par conséquent, maintenant, lorsque nous traversons l'arène du jeûne de la Dormition, que le jeûne ne soit pas seulement diététique pour nous, avec juste un changement de nourriture sur la table. La chose la plus importante est que, au moins dans cette petite période de temps, nous travaillions pour ce qui est bon et qu'il y ait un changement dans nos esprits.

Ce bon exploit est la lutte contre les passions et les défauts. St. Basile le Grand nous dit : « Nous ne sommes pas des meurtriers de corps, nous sommes des meurtriers des passions. » C'est là que nous devrions tourner notre attention, à partir d'aujourd'hui. C'est pourquoi nous devons renforcer non seulement le jeûne corporel, mais aussi surveiller les types de pensées, de paroles et de sentiments qui se trouvent dans nos cœurs. Et plus important encore, nous devons renforcer notre prière. 

Ceux qui n'ont pas lu régulièrement les prières du matin et du soir, qu'ils les lisent régulièrement. Quiconque a lu les prières du matin et du soir, qu'il ajoute un cathisme [du Psautier] par jour. Quiconque a lu un cathisme, qu'il ajoute un canon au Sauveur, le lendemain à la Mère de Dieu, le surlendemain à l'ange gardien, de sorte que, comme l'a dit un ascète de notre temps : « Notre « écrou spirituel » soit resserré, et non relâché ». Les conducteurs savent à quel point il est important de serrer les écrous de leurs pneus en temps opportun. Après tout, à Dieu ne plaise qu'une roue tombe et qu'un désastre ne se produise...

Nous devons veiller sur nos cœurs, de sorte qu'aucune pensée et aucun sentiment sinistre ne surgissent en eux. Et s'ils y existent, alors nous devons travailler pour l'amour du Christ, en luttant contre ces mauvaises pensées, paroles et désirs. Car il peut y avoir soit le Paradis, soit l'enfer en nous. Quand nous sommes avec Dieu, quand nous sommes dans la prière, quand nous purifions nos esprits, nos âmes et nos cœurs, alors il y a le Paradis. Mais quand nous donnons libre cours aux passions, alors il peut y avoir un enfer vivant.

Un jour, un vaillant général alla voir un staretz. Il était loin de l'Église, et ses nombreuses victoires ne lui apportaient aucune joie ; il n'avait pas de paix dans son âme, pas de grâce. Il comprit qu'il manquait quelque chose de très important dans sa vie, et ses amis qui allaient à l'église lui dirent : « Va prendre conseil avec le staretz. » Le général alla voir le staretz et lui demanda : « Et qu'est-ce que le Paradis ? C'est-à-dire, de quoi l'homme a-t-il besoin dans sa vie pour avoir le Paradis dans son âme ? » Le staretz répondit : « Tu es un scélérat, un lâche et un traître. » « Et pourquoi ça ? » Le général fut indigné et il sortit même  son épée de son fourreau. « Je viens de te tester », lui dit le staretz, « et c'est l'enfer. » « D'accord, je comprends », dit le général en remettant son épée dans le  fourreau, ce  à quoi le staretz a commenté : « Et c'est le Paradis. »

Telle fut la leçon du staretz. Quand nous donnons libre cours à nos passions, c'est l'enfer, mais quand nous essayons d'éteindre ces passions, nous pouvons goûter à la douceur du Paradis.

Dans la vie, si ce n'est à chaque pas, alors du moins dans chaque situation, nous entendons souvent des gens dire : « Tu es un scélérat, un traître et un lâche. » Et même si ce n'est pas toujours exprimé, nous pouvons sentir que c'est ce que les gens pensent de nous. À notre tour, nous commençons à penser la même chose à leur sujet, ce qui signifie que nous « tirons notre épée de son fourreau ».

Et, inversement, lorsque nous essayons de vivre selon les conseils de saint Païssios l'Atonite, qui dit : « Allumez les bonnes pensées », et que nous essayons de rectifier la situation et que nous commençons à penser : « J'ai mal entendu. J'ai mal compris quelque chose. Peut-être que j'ai  moi-même fait une erreur », nous avons l'occasion de ressentir le Paradis. Et le jeûne nous aide dans ce travail.

Au moins pendant ces jours de sainte fête, essayons d'avoir la chose la plus importante : la sobriété. Après tout, « la sobriété », comme l'enseignent les saints Pères, « est une attention constante à nos pensées, à nos paroles et à nos actions ». Là où est la sobriété, là est la vie chrétienne. Toutes nos pensées, toutes nos paroles, toutes nos actions doivent correspondre aux commandements évangéliques. C'est le  jeûne véritable, la vraie tempérance, l'abstinence des passions.

Souvenons-nous des paroles de saint Jean Chrysostome : «Que non seulement ton ventre jeûne, mais aussi tes yeux, ta langue, tes oreilles, tes pieds et tes mains. » Ayant perdu le Paradis en rompant le jeûne, nous retournons vers ce Paradis en observant le jeûne, ce qui signifie les commandements de l'Évangile.

Amen.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

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