"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 20 juin 2022

Le Métropolite Athanase de Limassol sur l'exécution de Frank Atwood - Moine Ephrem

Moine Ephrem après son exécution

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Le Métropolite Athanase de Limassol a été le premier chrétien orthodoxe avec lequel Frank Atwood [futur moine Ephrem] est entré en contact au milieu des années 1990 alors qu'il était prison, et le Métropolite n'était pas métropolite à l'époque, mais higoumène d'un monastère de Chypre et  ancien moine du Mont Athos. C'est au cours de ses études carcérales sur le mélange du christianisme et des religions orientales que Frank est tombé sur le livre La montagne du silence : une recherche de spiritualité orthodoxe de Kyriacos Markides. Dans ce livre, le Métropolite Athanasios (sous le pseudonyme de père Maximos) donne un compte rendu profond de la vraie nature de la spiritualité orthodoxe d'un point de vue athonite, ce qui a poussé Frank à entrer en contact avec lui. Quelques années plus tard, en 2000, Frank fut baptisé sous le nom d'Anthony.

Vous trouverez ci-dessous la traduction de la transcription d'un enregistrement audio récent dans lequel le Métropolite Athanasios est interrogé sur la récente exécution de Frank Atwood, et il répond comme suit :

Ce fut une expérience émouvante que nous avons tous vécue et je vois comment un homme, qui a passé sa jeunesse dans la délinquance et dans de nombreuses illégalités et méfaits, s'est retrouvé en prison, digne de ses actes.

Mais sa condamnation à mort n'était pas équitable parce qu'il n'avait pas commis le meurtre pour lequel il avait été condamné. Et comme il le décrit dans son livre qu'il a écrit - et comme il me l'a dit quand je l'ai rencontré - il a vraiment eu une vie très difficile. Mais en prison, il a lentement trouvé Dieu, il s'est retrouvé, il a trouvé l'Église orthodoxe. D'une manière merveilleuse, nous avons pu communiquer ensemble. Puis j'ai pris soin de lui afin que le père Païssios* y soit envoyé et le baptise, puis qu'il assume sa protection et sa responsabilité spirituelles. Il communiquait fréquemment, vivait spirituellement, étudiait la théologie orthodoxe en profondeur, et c'était un homme qui faisait l'expérience quotidienne de la cause de sa mort.

Quand le moment est venu pour lui d'être exécuté, il a fait preuve de beaucoup de patience, d'une très grande patience, les policiers qui étaient près de lui avouent, que pour la première fois, ils ont vu un homme avoir tant de paix au moment de sa mort et il a même indiqué la veine parce qu'ils ne pouvaient pas la trouver (les médecins ne pouvaient la trouver [pour l'injection mortelle]) Il souriait à tout le monde, à son épouse. Après avoir reçu le schème monastique angélique la veille et avoir été nommé moine Éphrem, il communia et quitta ainsi ce monde en disant ses dernières paroles :

"Que Dieu nous pardonne à tous."

Il a pardonné aux personnes qui l'insultaient parce que jusqu'à son dernier moment, certaines personnes sont venues et lui ont dit des paroles dures et difficiles à entendre. Et sa dernière lettre, qu'il nous a envoyée, était très émouvante pour ce qu'il y disait. 

Il n'a critiqué personne. Il n'a blâmé personne. Il les a tous vus avec une justification et c'est quelque chose de très important. Et Dieu merci, il a reposé en Christ Je veux dire que c'est devenu une cause de grand bénéfice pour tant de gens. Beaucoup de gens ont regardé son voyage ces jours-ci et ont reçu du courage, de la bravoure, de la patience, de ne pas désespérer, de ne pas être déçus. Et ne décevez personne ! Il était un exemple comme le Bon Larron. Frank était un voleur, Anthony est devenu orthodoxe et Éphrem est devenu moine. Ce sont tous des exemples de l'amour de Dieu et de la miséricorde de Dieu et de la bonne disposition d'Anthony, bien sûr.

C'est un fait que le père Ephrem, Anthony, est devenu un grand missionnaire et il l'a fait sans s'en rendre compte et sans le vouloir. Un missionnaire qui nous témoigne de l'Amour de Dieu et de la façon dont Dieu transforme l'homme de voleur en saint ! C'était un enfant difficile, qui vivait une vie très difficile pleine de désordres, de passages à tabac, de vols, de vices. Puis il est allé en prison et là, il a fait beaucoup de mal au début, mais ensuite son cœur s'est brisé, il a accepté Dieu et est devenu un véritable évangéliste et Dieu l'a trouvé digne d'atteindre ces grandes mesures de vertu. Pour pardonner. Pour justifier les gens qui le haïssaient et le maudissaient et lui disaient malicieusement : « Tu le mérites ! Il est temps de mourir ! Que ce soit pour toi une leçon pour les choses que tu as faites ! » (Tout cela malgré le fait qu'il n'ait pas fait ce dont ils l'accusaient. Il a fait d'autres choses, mais pas celles-ci).

Et il les affronta avec beaucoup de patience. Et il est tragique que même après sa mort, il y ait des gens qui le condamnent - et ils nous condamnent aussi - et disent des paroles dures et difficiles à entendre.

Ne savons-nous pas que Dieu est amour et mesure les choses différemment ?

Nous ne devons pas dire des paroles dures au sujet sur nos frères.

Et « C'est Dieu qui justifie, qui condamne! » 

Si Dieu pardonne à l'homme, qui sommes-nous pour ne pas pardonner ?

C'est pourquoi nous devons faire attention à ne pas dire des paroles lourdes et difficiles à entendre parce que nous trouverons tout cela devant nous, à la fois dans notre vie et au temps du Jugement. Quoi que nous condamnions, nous souffrirons et nous le trouverons devant nous dans notre vie. Ne condamnez personne. Ne condamnez pas. Dieu nous a retiré le jugement et la condamnation parce que nous ne connaissons pas le cœur humain des autres.

Bien sûr, nous sommes tristes et nous avons mal et nous ne pouvons blâmer personne, pas même les parents de la petite fille qui a été tuée, comme Anthony l'écrit dans sa dernière lettre, "Je suis désolé que ces parents aient mal et croient que je l'ai fait" et comme ils l'ont cru d'une manière ou d'une autre, il justifie lés fait qu'ils souffrent.

Mais il n'a toujours pas fait cette chose lui-même ! Mais même s'il l'a faite, en la tuant, ramenez-vous votre enfant à la vie? Êtes-vous justifié ? Vous n'êtes pas justifié. La douleur est grande, nous comprenons. C'est une perte. C'est un fait qui ne peut être annulé.

Mais nous ne guérissons pas le mal par un autre mal. Nous guérissons le mal par l'amour, par le pardon, par notre absence de souvenir des torts.

Et comme Anthony [Ephrem] l'a dit dans ses dernières paroles avant de mourir :

"Que Dieu nous pardonne à tous."

Tout est dit.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Mystagogy




* du monastère Saint Anthony d'Arizona, créé par Père Ephrem du Mont Athos

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