"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 12 septembre 2018

Père Valéry DUKHANINE /UN SUJET SCANDALEUX : JE NE DESCENDS PAS DES SINGES !


Je ne suis pas leur descendant, un point c'est tout. C'est pour ça que ça a l'air si scandaleux. J'ai beaucoup lu sur ce sujet, mais comme je n'y croyais pas avant, je n'y crois toujours pas maintenant.
Je mentionnerai aussi que sur une page de médias sociaux, une jeune fille orthodoxe a écrit une belle pensée :
"Je n'ai pas honte d'être une fille du Père céleste. Que ceux dont les ancêtres sont des singes[1] aient honte."
Je n'ai pas honte non plus d'être un fils du Père Céleste (quoique pécheur, mais fils ; après tout, dans l'Évangile, il y a le Fils prodigue - un fils non rejeté par son père), et mon âme n'accepte pas la théorie de l'évolution.
J'ai honte quand des confrères prêtres m'écrivent avec conviction : "L'évolution est un fait prouvé ; tous les étudiants le savent ; c'est évident ! Comment peux-tu rejeter les preuves avec autant d'ignorance ?"
Parfois, ils envoient des articles et du matériel sur le sujet. Mais autant parler à un mur de briques : Tout comme mon âme ne l'acceptait pas avant, elle ne l'accepte toujours pas maintenant.
Pour une raison quelconque, les paroles de saint Païssios l'Athonite et du Saint Hiérarque Luc (Voino-Yasenetsky) semblent plus convaincantes. L'un n'a pas été éduqué en termes mondains, mais a acquis le Saint-Esprit et donc aussi le don de la perspicacité ; l'autre était le plus grand des scientifiques qui connaissait parfaitement le corps humain.
Et ils parlent tous les deux comme s'ils ne faisaient qu'un sur la fausseté de la théorie de l'évolution. Et il n'y a pas qu'eux.
C'est une intuition patristique commune, qu'il s'agisse de saint Théophane le Reclus ou de saint Séraphim de Sarov (à qui les gens attribuent des vues évolutionnistes en vain, n'ayant apparemment pas lu ses pages en entier, n’en prenant que quelques mots), ou qu'il s'agisse des nouveaux martyrs et confesseurs de l'Église russe : Le hiéromartyr Vladimir (Bogoyavlensky), le hiéromartyr Nikolas (Pokrovsky), le moine-martyr Varlaam (Nikolsky), le saint Hiérarque Macaire(Nevsky), et beaucoup d'autres. I
Dans l'Eglise grecque il y a saint Nectaiore d’Egine, et dans l'Eglise serbe saint Nicolas (Velimirovic). Peu importe le saint, ils rejettent l'évolution.
Même saint Théophane le Reclus écrivait ouvertement sur les idéologues de l'évolution :
Ils ont amassé une multitude de suppositions fantaisistes pour eux-mêmes, les ont élevées au statut de vérités irréfutables et se sont emplumés avec elles, en supposant que rien ne peut être dit contre eux. En fait, ils sont si peu fondés qu'il ne vaut même pas la peine de parler contre eux.
Tout leur sophisme est un château de cartes - soufflez dessus et il s'envole. Il n'est pas nécessaire de le réfuter dans ses parties ; il suffit de le considérer comme un rêve. Quand on parle contre les rêves, les gens ne prouvent pas l'absurdité dans leur composition ou dans leurs parties individuelles, mais disent seulement : " C'est un rêve ", et avec cela ils résolvent tout.
Il en va de même avec la théorie de la formation du monde à partir d'une nébuleuse et de ses supports, avec la théorie de l'abiogenèse (1) et l'origine des genres et des espèces de Darwin, et avec son dernier rêve de la descente de l'homme. Toutes ces choses sont comme un délire. Quand vous les lisez, vous marchez au milieu des ombres.
Et les scientifiques ? Que pouvez-vous en faire ? Leur devise est "Si vous n'aimez pas, ça, n'écoutez pas, mais ne m'empêchez pas de mentir"[2].
Saint Ambroise d'Optina conseillait ceux qui venaient à lui :
 "Ne croyez pas au premier abord toutes sortes d'absurdités sans enquête : que quelque chose puisse naître de la poussière et que les gens étaient des singes"[3].
Pourquoi ne puis-je pas être d'accord avec la position des saints ?
Et dans quelle mesure devrais-je déformer les Écritures pour soutenir qu'Adam avait des parents anthropoïdes, c'est-à-dire un couple redondant qui est tombé dans le néant après que son but ait été atteint ?
Comment Adam se sentirait-il, voyant leur mort au Paradis, étant lui-même un descendant de la mort, donnant naissance à des descendants mortels également ?
Où est la vie ici, si la mort règne tout autour de l'Adam primordial ? Pourquoi le racheter du péché s'il est un enfant de la mort, non pas à cause du péché, mais à cause des lois biologiques ? Quel péché y a-t-il à parler s'il n'y a que des instincts animaux, ni soumis à la raison ni à la volonté humaine ?
Comment dois-je interpréter la révélation, croyant que les pauvres ancêtres d'Adam se poursuivaient les uns les autres la bouche ouverte, et que celui qui était le plus intelligent trouva le premier gourdin ?
Quelle est cette couronne de la création, remplie d'anciens instincts irrésistibles que nous appelons à tort passions ? Quel péché y a-t-il à en parler si, je le répète, toute la théorie de l'évolution parle des passions comme des nécessités animales, inhérentes à toute créature biologique ?
Ne nous trompons pas nous-mêmes : Il n'y a rien d'angélique, et de plus, rien à l'image de Dieu en principe dans de telles créatures. La conscience, l'éthique et l'étiquette - tout dans ce paradigme est le résultat de l'évolution, guidée par la mort.
Et la Bible elle-même, dans leur conception, est, pour ajouter l'insulte à la blessure, le produit de l'évolution des mythes anciens et des récits épiques, inclus dans les archives religieuses et soigneusement rédigés à travers les siècles. Quelle révélation divine y a-t-il ici si tout est évolution continue des mythes ?
Non, nous ne serons pas trompés. La théorie de l'évolution travaille pour la destruction.
Maintenant, je vais dire quelque chose qui ne sera pas scandaleux parce que c'est un fait évident.
La science étudie le monde dans son état déchu, selon la perte de l'harmonie paradisiaque, selon la chute de l'homme et l'invasion de la loi de la mort et de la corruption dans l'univers créé par Dieu.
Par conséquent, l'axiome de départ de la théorie de l'évolution est la mort : Comment les espèces auraient-elles évolué si personne n'était mort avant Adam ? Comment un singe devient-il humain si le plus faible ne meurt pas pour laisser de la place à l'homme venu d’une mutation-miracle?
Par conséquent, la cosmogonie de l'évolution passe de l'échec à la réussite accidentelle, de l'excès de déchets d'êtres vivants qui ne boitent pas à la perfection biologique à de nouvelles espèces fixées accidentellement à de nouvelles étapes.
C'est-à-dire que, dans leur conception, Dieu ne pouvait tenir jusqu'à la création d'un monde beau, harmonieux et parfait.
Mais alors, quel est Dieu dans l'évolution ?! Leur Dieu est l'évolution elle-même, une sorte de sorcier, d'alchimiste, qui jette des sorts magiques d'une nature à l'autre, d'un crocodile à un ptérodactyle, d'un ours à une baleine, d'un lama à une girafe, d'un singe primitif à un humain. Tout cela est tiré de leurs livres.
Que ferait-il - ce crocodile - quand ses pieds se transforment au fil des générations en souches, pour ensuite se transformer en ailes de ptérodactyle ? Qui aidera cet invalide évolutionnaire, dont les pattes mutent mais qui n'a pas encore d'ailes ? Mais pour ceux pour qui c'est intéressant, l'évolution a été inventée par un alchimiste rusé.
La science voit une image du monde dans son état brisé, avec les restes d'une harmonie, mais la perte évidente de l'harmonie paradisiaque. Comment les réalités actuelles peuvent-elles être transférées au début de notre existence ?
Laissons ces érudits de l'esprit nous dire quel microscope ou quel équipement super-électronique, quelle analyse ils peuvent utiliser pour étudier le Christ ressuscité et l'état de son corps à Sa résurrection ; Sa nature - pas besoin de nourriture, de respirer l'air, sans nécessités naturelles, inaccessible aux microbes et aux bactéries, aux maladies et aux maladies- en général, une nature dans laquelle il n'y a pas de mort, mais la vie, et surtout, la vie éternelle, sans vieillesse et sans rides, sans "je veux manger" ou "je dois aller aux toilettes ;" une nature pleinement humaine mais égale aux anges, ayant vaincu la mort et la corruption ?
Comment définiraient-ils la nature de l'Homme Véritable, ressuscité pour nous afin de nous rendre l'harmonie paradisiaque ? Comment peuvent-ils toucher la nature du premier Adam, dont nous avons perdu les qualités dès qu'Adam a coupé sa connexion avec Dieu ? C'est pourquoi le Nouvel Adam-Christ est venu.
Il a rendu l'immortalité aux gens, rendu ce qui était perdu au Paradis et nous a donné encore plus ; et ils disent qu'Adam est né de la mort et que tout le monde créé en premier était rempli de mort, de destruction et de ruine comme quelque chose de tout à fait naturel. Pourquoi le Christ reviendrait alors à nous si tout était contrôlé par mutation dès le début ?

Comment peuvent-ils enquêter sur l'éternelle virginité de la Mère de Dieu, où Dieu le Saint-Esprit a agi plutôt que les lois de la biologie ?
Non, la science ne dira pas un mot sur ce qui est plus haut que le monde créé et plus haut que la nature en désintégration, sur la déification, sur l'action transfigurante de la grâce de Dieu. Il ne peut rien dire sur la condition du monde avant l'entrée de la loi du péché.
En étudiant le monde selon la chute, nous ne voyons qu'une partie de l'image de l'univers. Alors comment peut-on croire une telle science ?!!
C'est pourquoi ceux qui ont acquis la grâce, qui sont élevés à la contemplation du Christ et de Sa Lumière Incréée même pendant cette vie, c'est-à-dire ni vous ni moi, mais les saints, vivent par une autre intuition.
Cette intuition laisse derrière elle les données scientifiques du monde moral en vue du premier monde paradisiaque créé. En étudiant le monde selon la chute et l'homme dans son état de péché, nous ne voyons qu'une partie de l'image, c'est-à-dire qu'elle n'est même pas proche de tout. La science qui n'en a étudié qu'une partie n'est pas objective, elle ne voit pas tout le tableau - ni dans l'univers, ni dans l'homme lui-même.
Il est difficile de s'entendre avec des gens qui ont des points de vue différents sur les origines. Le lien avec notre généalogie est comme un pilier de l'existence, le noyau, définissant l'homme et son comportement.
Chacun prend quelque chose de sa généalogie, le copie dans la vie, et certains se justifient en citant leurs origines anciennes. C'est à nous tous de choisir.
Je comprends qu'en réponse, ils vont éclabousser les formules et les données de la biologie, de la géologie, de l'archéologie, de la paléontologie et de tout le reste, et les preuves d'Ilya Prigogine, de Stephen Hawking et des autres luminaires de ce monde.
Ils diront : "Comment n'es-tu pas le descendant d'un singe primitif ? Regarde, vois par toi-même."
Non, mes amis, je ne suis pas son descendant, bien que vous puissiez me tuer avec le même ancien gourdin. Les partisans de l'évolution sont mes frères et sœurs, mais un chimpanzé n'est pas mon frère, et une guenon n'est pas ma sœur.
Dans l'Évangile de Luc, nous lisons sur la généalogie du Christ, et il y est écrit qu'Il, selon son humanité, remonte à la racine de l'espèce, le fils d’ Enos, Seth, Adam et Dieu (Luc. 3:38). Il n'y a pas d'autre ancêtre entre le premier homme Adam et son Dieu Créateur - pas de lien de transition - qui nous est plus proche et plus cher - le Christ avec Sa nature transfigurée, ou un mythe sur l'origine des primates pourvus d’une queue ?
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
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Notes
(1) L'abiogenèse, dans son sens le plus courant, désigne l'étude de la génération de la vie à partir de la matière non vivante. Aujourd'hui, le terme est utilisé principalement en biologie, dans le contexte de l'origine de la vie.
(2) In Pensées pour chaque jour de l’année
(3) Soveti Suprugam i Roditelyam (Counseils aux époux et aux parents)

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