Mrs Rheta Childe Dorr
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Portrait avec autographe de Ste Elisabeth
Tombeau reliquaire de Ste Elisabeth
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Elizabeth
Féodorovna m'a gardé pendant près de trois quarts d'heure pour lui parler des
écoles Gary, qu'elle est impatiente de voir en Russie ; des femmes américaines
et de leur rôle dans la guerre, et du travail social pour les enfants, en
particulier pour les enfants tuberculeux et anémiques.
"C'est
merveilleux", dit-elle en soupirant. "Je ne peux guère m’empêcher de
vous envier avec péché. Pensez à une grande nation jeune, jeune et pressée qui
peut encore trouver le temps d'étudier tous ces terribles problèmes de pauvreté
et de maladie et de s'y attaquer.
J'espère que vous continuerez à le faire, et
que vous trouverez encore de plus en plus de façons d'apporter la beauté dans
la vie des travailleurs. Comment peut-on s'attendre à ce que les ouvriers qui
travaillent toute la journée dans des usines chaudes et hideuses, ou dans des
fermes éloignées, avec rien d'autre dans leur vie que le travail et l'inquiétude,
aient la beauté dans leur âme ?"
Elle
voulait ardemment en savoir plus sur les femmes soldats, et elle dit qu'elle
admirait grandement leur héroïsme. Comment était leur vie dans le camp, et
étaient-elles assez fortes pour supporter les épreuves ? La Grande Duchesse est une bonne féministe et elle a convenu avec moi que dans la crise
russe, comme dans la situation créée par la guerre dans tous les pays, il avait
été complètement démontré que les femmes auraient désormais à jouer un rôle aussi
important et aussi proéminent que celui des hommes.
Elles
devraient partager à parts égales avec les hommes la victoire de la guerre, que
ce soit sur le champ de bataille ou derrière les lignes.
Elle avait toujours eu
une dévotion particulière pour Jeanne d'Arc et croyait qu'elle avait été
inspirée par Dieu. D'autres femmes avaient aussi été appelées par Dieu à faire
de grandes choses.
"Je
suis contente que vous aimiez mon couvent", répéta-t-elle en nous
quittant. "S'il vous plaît, revenez. Vous savez qu'il ne m'appartient
plus, mais qu’il est au gouvernement provisoire, mais j'espère qu'ils me
laisseront le garder."
J'espère
qu'ils le feront. La Maison de Marie et Marthe, avec cette belle femme qui s’y
trouve, est l'une des choses que la nouvelle Russie peut le moins se permettre
de perdre.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Rheta Childe Dorr
Inside the Russian Revolution
(Chapter XV)
New York,
The MacMillan Company
1918
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