Dans sa compréhension de questions théologiques particulières, il franchissait
parfois la ligne, fouillait, méditait, et parfois s'emballait et vacillait.
Mais le temps passait, et il écoutait les opinions de ceux qui essayaient de le
corriger avec précaution, puis, avec une certaine réticence, il abandait une
idée qui lui semblait si belle, car elle n'était pas en harmonie avec la vérité
des Pères.
C’était un pasteur strict, ne plaignant souvent pas ses enfants
spirituels avec une condescendance humaine extérieure, mais les plaçant devant
le jugement intransigeant de la vérité évangélique. Ceux qui regardent la vie
du monastère de l'extérieur expriment souvent leur sympathie aux frères de ce qu'ils
vivent dans une telle rigueur; parfois les moines eux-mêmes ne s'abstenaient
pas de murmurer. Mais, traversant une variété de tentations, beaucoup ont
compris combien l'exactitude (acribie) de Père Benoît était nécessaire et
portait des fruits. Malgré toute la rigueur et le prétendu despotisme, l'higoumène
n'a jamais foulé aux pieds la personnalité humaine. Il pouvait être très pointu
et impartial, indépendamment de l'ordre et de l'âge de la personne, dans
certaines situations exprimant ses observations et punissant pour inconduite. Mais
c'était le zèle de l'âme d’un père, qui n'acceptait ni négligence, ni paresse,
ni ruse; zèle, brûlant de ne pas causer de la douleur, mais de corriger et de
guérir une personne, de lui faire comprendre la gravité de la vie et sa
responsabilité pour son âme. Il n'est pas étonnant que certaines de ses paroles
préférées des Écritures soient: Maudit
soit celui qui fait l'œuvre de Dieu avec négligence (Jérémie 48:10).
Il était possible de remarquer que Père, punissant quelqu'un, regardait
alors attentivement comment cette personne supportait sa réprimande ou son
éclair de colère. S'il voyait qu'un frère recevait tout avec humilité, son âme
se réjouissait si sincèrement qu'il devait même restreindre sa joie, quoique
avec peine. Si quelqu'un recevait ses pensées et était offensé, alors Père Benoît
faisait un effort considérable pour se réconcilier avec lui à nouveau, en
essayant de faire une plaisanterie, pour aplanir l'impression négative qui
s'était développée chez le frère. Il répétait souvent: sois fâché et ne pèche
pas. Tous ceux qui lui faisaient confiance sentaient son âme, savaient qu'elle
ne lui était pas indifférente, qu'il n'y avait pas de la passion humaine active
ici, l'amour du pouvoir ou de l'ambition, mais un zèle paternel pour le salut en Dieu.
Père Benoît se distinguait par le don spécial du discernement. Il y
attachait une grande importance, disant que même si quelqu'un commet une erreur
en prenant une décision quelconque, s'il raisonne et fait des efforts
considérables pour apprendre la volonté de Dieu, comment procéder correctement,
alors le Seigneur ne lui tiendra pas rigueur pour son erreur, mais Lui-même
corrigera ses conséquences. Contemplant une certaine pensée, il y revenait
souvent, suggérant d'abord un argument, puis un autre, en le considérant de
côtés complètement différents, et en se tournant constamment vers le Seigneur
pour la correction. Pour cette raison, la solution à plusieurs problèmes,
apparemment élémentaires, traînait depuis longtemps, mais personne ne pouvait
lui reprocher d'être hâtive ou superficielle.
Version française Claude Lopez-Ginisty
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