"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 11 octobre 2017

Sur le blog de Maxime


Géronda Moïse

LA NATURE DE LA PRIÈRE

par Geronda MOÏSE l'Agiorite de bienheureuse mémoire

Quelle est, après tout, la nature de la prière ? Cela vaut-il la peine, le souci et les efforts qui y sont consacrés ? Examinons les paroles des saints Pères pour le discerner.

St Jean Chrysostome dit :

« La prière est un port dans les tempêtes de la vie, une ancre pour ceux qui sont malmenés par les bourrasques, le trésor des pauvres, la sécurité des riches, la guérison des malades, la préservation de la santé. La prière écarte les choses mauvaises et préserve les bonnes.»

Et le père Théophore œcuménique continue :

« La prière fait taire les passions de l'âme, apaise la révolte de la colère, renvoie l'envie, dissipe le mauvais désir, anéantit l'amour des choses mondaines et apporte une grande paix et la sérénité à l'âme.»

L'essence de la prière devient claire à partir de ce qu'elle offre. Saint Jean de l'Échelle dit que la prière est le moyen qui unit l'homme à Dieu. Le grand ascète saint Grégoire du Sinaï, qui voulait traverser l'univers pour enseigner à tous les bienfaits de la prière, pénètre plus profondément dans le sujet avec ces paroles :
« La prière est un feu agréable pour les débutants, une lumière parfumée lorsqu'elle est activée  pour les avancés. La prière avise le cœur, c'est l'espérance du salut, le signe de la purification, le symbole de la sainteté, la connaissance de Dieu, les fiançailles du Saint-Esprit, la joie de Jésus, l’allégresse de l'âme, la miséricorde de Dieu, le signe de la réconciliation, le sceau du Christ, le rayon du soleil perceptible, la confirmation du christianisme, la preuve de la vie angélique.»

Les obstacles sérieux à la prière sont trop de sommeil, trop de nourriture, trop de paroles, et un mode de vie luxueux. Ceux-ci contribuent à l'oubli de Dieu et rendent le corps plus pesant, tout en rendant la vigilance et l'élévation de l'esprit difficiles. Ils n'aident pas à la purification et ils troublent l'esprit, le cœur et le jugement, qui doivent être calmes, paisibles et dans la quiétude pendant la prière.

Comment dois-je prier ? Quand dois-je prier ? Combien de temps dois-je prier ? Des questions comme celles-ci révèlent une absence de prière fervente et continue. Pour celui qui aime la prière intensément il n'y a pas de limites. Il priera simplement à chaque occasion. La prière d'aujourd'hui est une continuation de celle d'hier. Et la prière d'aujourd'hui se poursuivra demain. On dit qu'un saint homme ne disait jamais la formule de fin de la prière «Par les prières de nos saints Pères ...» parce que sa vie de prière n'avait pas de fin.

La difficulté à faire de la prière une expérience quotidienne est révélatrice d'une faiblesse grave dans notre vie spirituelle. Mais, avec la reconnaissance et la conscience de cette faiblesse, nous ne devrions pas être découragés. Elle doit plutôt stimuler des efforts intensifiés et plus persistants. Nous pouvons apprendre à prier pratiquement partout où nous pouvons être, chaque fois que nous y pensons. Mais il doit y avoir des moments particuliers, en plus des offices religieux, lorsque nous pratiquons nos prières individuelles. Et, comme Abba Isaac le suggère pour chaque moine dans sa cellule, nous devons chercher le lieu le plus calme disponible pour nos prières.
Un jour on a demandé à Abba Makarios d'Egypte comment nous devrions prier et il a répondu de cette façon:

« Il n'est pas nécessaire de babiller sottement pendant de longs moments, mais il suffit d'étendre vos bras et de dire : « Seigneur, accorde-moi ta miséricorde comme Tu le désires et selon ta connaisance de qui est pour le mieux. » Et s'il y a une guerre sur le point d'éclater, dites : « Seigneur, aide-moi », car Il sait ce qui est le mieux pour nous et fournit sa miséricorde. »

Nous avons la prière avec des paroles, et nous pouvons aussi faire de toute notre vie une prière, un sacrifice de consécration à Dieu, une prière sans paroles, qui est peut-être la plus forte et la plus grande prière. Asseyons-nous, patiemment, sans relâche, comme des disciples à vie écoutant Dieu parler. Ignorants, innocents, humbles, pauvres, muets devant le Père tout miséricordieux, attendons avec foi sa miséricorde, son salut et son secours salutaire avec d’« ineffables soupirs ». Avec une humble et silencieuse prière, permettons à Dieu de parler dans notre vie. Permettons-lui de faire tout ce qu'il désire avec nous, afin que nous devenions semblables aux saints, ses enfants toujours obéissants, et que restaurés en nous notre beauté primitive et originale, rendant sa vie véritablement notre propre vie.

Abba Isaac dit lorsque vous vous approchez de Dieu pour prier, « Considérez vous comme une fourmi insignifiante, une créature rampante de la terre, une sangsue, un enfant balbutiant. »
Abba Serapion dit que la posture des gens dans la prière doit être comme celle des soldats de garde, constants, vigilants, courageux et prêts comme dans un état d'urgence. 

Ce grand maître de prière, saint Jean Chrysostome, dont toute la vie était une prière, a ceci à dire :

« Nous devons prier avec une attention toujours vigilante, et cela sera possible si nous comprenons bien avec qui nous parlons, et que pendant ce temps nous sommes ses serviteurs, offrant un sacrifice à Dieu. Nous devons prier avec contrition, avec des larmes, avec respect et un grand calme. Nos péchés ne doivent pas nous empêcher de prier. Nous devons avoir honte de nos péchés, mais ils ne doivent pas nous écarter de la prière. Même si vous êtes un pécheur, approchez Dieu avec la prière, afin que vous soyez réconciliés avec Lui. Donnez Lui l'occasion de vous pardonner vos péchés – ce qu'Il veut, afin de révéler son amour pour l'humanité. »
Et le saint Père continue :

« Si vous avez peur de vous approcher de Dieu à cause de vos péchés, vous Lui faites obstacle réellement, dans la mesure où, finalement, cela dépend de vous, de lui donner l’occasions d’exprimer sa bonté et la richesse de ses soins providentiels. Éloignez donc loin de vous toute hésitation et tout doute sur la prière à cause du péché. "

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