L'entrée dans une terre étrangère
Ma femme accepta de se risquer à sortir avec moi pour notre première expérience liturgique: une visite
à l'Eglise grecque orthodoxe locale.
Nous fûmes complètement
perdus.
Environ la moitié de l'office était en grec; ils balançaient partout de l'encens; beaucoup de gens
venaient avec une heure de retard (nous étions parmi les premiers à être là et
nous avions seulement quelques minutes d'avance); les gens se levaient et
s'asseyaient sans arrêt; il y eut une procession aléatoire où le prêtre sortit avec quelques plats brillants dans ses mains, et tout le monde devint solennel (la Grande Entrée); il y avait des conversations en grec autour de nous (presque tout le monde était grec); et nous n'avions pas la moindre idée
de ce qui se passait. Avec tout cela, la psalmodie et le chant, je me demandais
quand ils commenceraient l'office réel. Il y eut un sermon à un moment
donné, qui, bien que bref, frappa mon cœur et j'eus envie d'en entendre davantage.
Après nous être levés (et quelquefois assis) pendant deux heures, ils ont commencé un service commémoratif, et j'ai regardé ma femme et j'ai murmuré: "Tu es prête à partir?" Elle a hoché la
tête avec insistance et nous sommes vite sortis tous les deux, alors que les gens
allaient vers l'avant pour recevoir un morceau de pain.
Que venait-il de se
passer là-dedans? Nous nous posions la question tous les deux et nous nous le demandions à haute voix une fois
dans la voiture. Essayant d'être positif, j'ai dit, "Ce fut une expérience
culturelle intéressante."
Peu de temps après, nous
avons décidé d'aller voir une paroisse orthodoxe russe qui était un peu plus
loin. Alors que nous entrions et que nous regardions autour de nous à notre manière
désemparée habituelle, le vieux prêtre se dirigea vers nous avec un sourire et il expliqua qu'ils allaient faire leur tout premier office partiellement
en slavon. Nous avons hoché la tête et dit, "Ok, merci de nous en informer" tandis que je pensais, "en slave... quoi?" Il y avait quelque
chose de profond et beaucoup d'amour chez ce prêtre, et même si nous nous sommes
ennuyés à la Liturgie, je sentis en mon coeur un petit pincement qui m'incitait à y revenir.
A partir de là, ma femme en avait fini avec l'expérimentation dans l'Orthodoxie, bien qu'elle ne s'opposa pas à ce que je continue mon
exploration. Franchement, je ne pouvais pas le lui reprocher. Et s'il
n'y avait pas eu ce pincement incroyablement puissant et irrésistible dans mon
cœur vers elle, j'aurais également abandonné l'Orthodoxie.
Ayant grandi dans les milieux
charismatiques, j'avais pris l'habitude des groupes musicaux en direct, des paroles projetées sur grands
écrans, de musique entrainante, et d'un sermon divertissant et parfois
émotionnel qui occupait la plus grande partie du temps de l'office. C'était le
Sunday Morning Show.
Pour moi, l'église était
censée suivre vaguement ce format:
Chant d'ouverture
Annonces
Trois ou quatre autres
chants
Sermon
(qui prenait la
plus grande partie du temps de l'office)
Appel à venir vers l'Autel
Chant de clôture
Chaque fois que je me rendais en visite dans l'Eglise orthodoxe, je découvrais que j'attendais que l'office commence réellement. Ce fut alors que je réalisais que mon impression inconsciente était que les offices du dimanche matin consistaient en un sermon avec un acte d'ouverture. C'était une pensée ironique, compte tenu du fait que j'avais dirigé le culte pendant des années.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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