Saint Séraphim est toujours présent. Il est le saint le plus connu avec saint Nectaire d’Egine dans l’Eglise Orthodoxe du Christ répandue aux extrémités de la terre. Il est un saint universel, car bien qu’il ait été un saint moine et qu’il n’ait pas véritablement vécu dans le monde, il répond par son enseignement aux questions que posent toutes les situations difficiles sur cette terre des vivants où bien souvent nous oublions que nous sommes en simple transit, attendant notre passage à la vraie Vie en Dieu.
Notre vocation, car nous y avons tous été appelés à notre illumination au saint baptême, c’est de nous préparer à rejoindre les demeures du Père Céleste. Lorsqu’il montra la Lumière Incrée à Nicolas Motovilov, et qu’il lui enseigna merveilleusement le but de la vie chrétienne, il lui dit que ce n’était pas à lui seulement que ces choses divines avaient été révélées, mais, par lui au monde entier, afin que lui, Motovilov participe aussi à cette œuvre de Dieu en la révélant aux autres.
Par ces paroles, le saint staretz de Sarov s’adresse à nous aussi, et chacune de ses paroles à Motovilov a une résonnance particulière et vraie en notre âme. Chacun peut en effet trouver en saint Séraphim un appui, une consolation, une guidance spirituelle et la certitude heureuse par ses écrits, sa vie et ses miracles que la foi orthodoxe est plénitude et qu’il ne tient qu’à nous de faire que nos âmes en soient les dignes écrins.
Le texte qui suit fut publié pour l’anniversaire du centenaire de la glorification de saint Séraphim. Puisse-t-il nous inciter à relire la vie du saint, ses Instructions Spirituelles, et son Entretien avec Motovilov, et nous mener sur la Voie tracée par l’ermite béni de Sarov. (C.L.-G.)
Plus de cent ans ont passé depuis ce grand jour où a finalement eu lieu la glorification par l’église de "notre joie", le merveilleux Père Séraphim, que le peuple russe considérait comme un saint de son vivant même.
Les gens se souviennent encore ces jours triomphants de juillet, lorsque l’ermitage isolé de Sarov temporaire- ment transformé en une ville très peuplée, et des milliers de pèlerins, même pas rassasiés par les longs offices de l’Eglise, chantèrent avec ravissement des hymnes litur- giques toute la nuit.
Le pieux Tsar-Martyr Nicolas II lui-même, avec toute son auguste famille, a conduit cette célébration véritablement nationale, et il n’est pas surprenant que, dans la nuit merveilleuse du 18 au 19 Juillet, personne dans la foule de plusieurs milliers qui s’était installée autour de l’ermitage ne pouvait dormir, tandis que le chant incluait même des chants de Pâques.
Tout cela, comme cela a été rappelé plus tard, fut l’accomplissement des paroles du staretz, qui avait dit à l’une des moniales de Diviyévo avant sa dormition : "Quelle grande joie il y aura ! Au milieu de l’été, ils vont chanter Pâques, ma joie ! Le tsar et sa famille viendront à nous ! "
[Plus de] cent septante ans ont passé depuis le bienheureux repos en Christ de ce grand ascète de notre temps. Une période de temps suffisamment longue pour que la mémoire d’un homme mortel qui a vécu il y a si longtemps tombe dans l’oubli. Combien de personnes sont nées et sont mortes pendant ce temps, et personne ne se souvient d’eux avec une parole aimable, sauf leurs parents, et même eux oublient souvent de prier pour les âmes des défunts. Mais cela se produit uniquement avec les personnes qui mettent toute la joie et le bonheur de leur vie dans les plaisirs de la terre, qui tout au long de leur vie terrestre brève ne pensent qu’à la façon de passer du temps plus confortablement et plus agréablement.
Ceux qui renoncent à eux-mêmes pour l’amour du Christ et prennent sur leurs épaules la Croix du Christ, qui ont accepté de se crucifier au monde, qui suppriment leur chair, cette esclave rebelle et volontaire, afin de vivre en Christ et pour le Christ, regardant tout comme poussière à cause du Christ, ces hommes vivent éternellement et leur mémoire demeure dans les siècles des siècles. "La mémoire du juste sera éternelle," - chante l’Eglise parlant de ces personnes-là, - et il ne doit pas être effrayé par l’annonce du malheur." La mémoire de ces hommes vertueux tels que Saint Séraphin, non seulement ne s’estompe pas avec le temps, mais elle devient plus forte et plus exaltée. Pour beaucoup d’entre nous : "Père Seraphim" est peut- être encore plus proche et plus précieux qu’il ne l’était à ses contemporains. Son image lumineuse brille devant nous comme un phare dans le Royaume céleste. Tandis que nous pensons à cela et le prions, nous pouvons sentir le reflet de la gloire majestueuse dont après son trépas, il a été revêtu par le Seigneur dans les demeures célestes.
Et ce n’est pas la moindre des surprises. Toute la vie de ce saint nous offre un exemple très instructif de l’ascétisme chrétien véritable, de la foi sincère et ardente, et de l’amour ardent pour Dieu et pour son prochain. Cette fougue est sa caractéristique la plus marquante, pour laquelle, dans le monachisme, il fut providentiellement donné le nom de Séraphim (Séraphim, qui signifie "feu"), est ce qui manque le plus à tous les chrétiens modernes, qui sont spirituellement détruits par leur tiédeur. "Je suis venu jeter un feu sur la terre", dit le Seigneur Jésus-Christ, "et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé" (Luc 12 :49).
Les saints Pères comprennent ce "feu" comme l’incendie d’ardeur divine, le zèle ardent de plaire à Dieu, sans lequel la vie spirituelle authentique est impossible. C’est ce zèle ardent pour plaire à Dieu que Saint Séraphin avait en abondance, et Il le glorifia à un tel degré que lui, qui vivait à proche de notre temps, est devenu, dans son état spirituel, l’égal des grands Pères de l’antiquité chrétienne, et il a laissé une mémoire bénie de lui-même.
Célébrant le centenaire de la glorification de notre saint merveilleux, nous prions vers lui en particulier pour obtenir pour nous, contemporains chrétiens tièdes, ce zèle ardent pour plaire à Dieu. Pensons aussi au testament profondément émouvant qu’il a laissé aux religieuses de Diviyévo, et à travers elles - à nous tous : "Quand je serai parti, venez à mon tombeau, venez quand vous en avez le temps, le plus souvent sera le mieux. Tout ce que vous avez sur le cœur, tout ce qui vous causera de la peine, tout ce qui pourra vous arriver, venez à ma tombe me raconter tout cela, comme si j’étais en vie, et je vous entendrai, et votre peine passera ! Parlez-moi comme à une personne vivante, et je serai toujours en vie pour vous."
De nos jours, quand nous tous avons l’expérience de tant d’épreuves, quand nous vivons dans des temps terribles que prévoyait Saint Séraphin et qu’il avait prédits, il nous appartient plus que jamais de nous souvenir de son testament. Peu importe que nous soyons privés de la douce possibilité de nous prosterner sur la tombe de saint Séraphim, pour pleurer sur notre affliction ; ne nous laissons pas perturber par elle : le grand saint nous entendra néanmoins, aussi longtemps que nous lui demanderons son intercession avec une foi sincère et tendresse de cœur :
"Ô vénérable Séraphim, prie pour ceux qui, avec foi et amour vénèrent ta sainte mémoire !"
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après l’extrait du texte :
« A Righteous Man lives forever »
publié par la paroisse
de la Transfiguration de notre Seigneur
à Baltimore
USA
(Texte publié dans la Revue
DIACONIA
d'Oct/ Nov/Dec 2010)
(Texte publié dans la Revue
DIACONIA
d'Oct/ Nov/Dec 2010)
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