"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 15 octobre 2023

GUEORGUI MANAÏEV: Trois fascinants miracles auxquels les orthodoxes russes croient dur comme fer


Les orthodoxes russes vénèrent plusieurs épisodes de l’histoire de leur religion. Cela inclut l’apparition d’ermites et d’icônes saintes, mais aussi la protection divine de Moscou face aux Tatars. L’Église considère ces événements comme de véritables miracles.

La miraculeuse éducation du jeune Bartholomée

Mikhail Nesterov/Galerie Tretiakov

Serge de Radonège (1314-1392) a été le chef spirituel de la Russie médiévale et est vénéré comme un saint tant par l’Église orthodoxe que par la catholique. Son hagiographie La Vie de saint Serge rédigée par Épiphane le Sage, avance que, dans sa jeunesse, il aurait été guidé vers sa destinée par une vision.

Bartholomée (nom chrétien de Serge) est né dans une famille de paysans. Ses parents souhaitaient qu’il apprenne à lire et écrire, mais le jeune garçon était réticent et fainéant à l’école et n’y rencontrait donc que peu de succès. Un jour néanmoins, son père l’aurait envoyé à la recherche d’un poulain perdu dans les champs et c’est là qu’il aurait fait la rencontre d’un moine priant sous un chêne.

Serge de RadonègeSergei Kirillov/Wikipedia

Après que le religieux a achevé sa prière, il aurait demandé à Bartholomée ce qu’il voulait ou cherchait en ces lieux. « Par-dessus tout », aurait alors répondu l’enfant. « Je veux comprendre les Saintes Écritures, mais je ne peux pas lire ». Le moine aurait ensuite effectué une prière et donné à Bartholomée du pain de blé d’offrande, en lui disant : « Cela t’est donné en signe de la grâce de Dieu et pour la compréhension des Saints Écritures ». Selon l’histoire, dorénavant le jeune garçon aurait était capable de lire et d’écrire mieux que quiconque aux alentours.
Sergey Bobilev/TASS

À ses 12 ans, Bartholomée a commencé à jeûner, puis est par la suite devenu moine et a fondé l’important monastère de la Laure de la Trinité-Saint-Serge, non loin de Moscou. Il est à présent l’un des saints russes les plus vénérés, souvent appelé Père Supérieur des terres russes.

La miraculeuse apparition de l'icône de la Mère de Dieu de Tikhvine

La Mère de Dieu de Tikhvine est l’une des icônes les plus vénérées par les chrétiens orthodoxes. Il est dit que c’est saint Luc l’évangéliste en personne qui l’aurait créée durant la vie de sainte Marie, mais la majorité des historiens la date de 1 300 et pensent qu’elle a en réalité été conçue par un artiste russe.


Une légende prétend néanmoins que l’icône aurait été acheminée de Jérusalem à Constantinople au Ve siècle. En 1383, 70 ans avant la chute de cette dernière face aux Ottomans, elle serait miraculeusement apparue au lac Ladoga, proche de l’actuelle Saint-Pétersbourg. Elle y aurait en effet été aperçue par des paysans et moines au-dessus des eaux en divers endroits et aurait ensuite été conservée dans la ville de Tikhvine. Au XVIe siècle, sur ordre d’Ivan le Terrible, y a été fondé le monastère de l’Assomption afin de vouer à l’icône le culte qu’elle méritait. Son apparition, selon les dires, symbolisait en réalité le transfert du refuge de la foi orthodoxe de Constantinople à Moscou, qui se proclame héritière de la capitale byzantine. L’icône est par la suite devenue l’un des symboles spirituels de l’État russe.

En 1941, elle a toutefois été volée par les nazis, mais suite à la défaite du IIIe Reich, l’armée américaine l’a apportée à Chicago, où elle a été remise à des prêtres orthodoxes jusqu’à la restauration du monastère de Tikhvine. En 2004, l’icône a donc ainsi pu retrouver sa place en Russie.

La triple protection de Moscou par l’icône de la Mère de Dieu de Vladimir

L’icône de la Mère de Dieu de Vladimir est l’une des plus anciennes et vénérées de Russie. Depuis le XIIe siècle, elle est gardée dans la cité de Vladimir (179 kilomètres à l’est de Moscou) et même après que les Tatars ont conquis cette dernière en 1238 et établi leur joug sur le pays, l’icône a survécu.



Peu après que les troupes russes, menées par Dimitri Ier Donskoï, ont défait les Tatars à la bataille de Koulikovo en 1395, le grand Tamerlan a attaqué la Russie, menaçant de prendre Moscou. Vassili Ier, fils de Dmitri, a alors ordonné que l’icône de la Mère de Dieu de Vladimir soit apportée à Moscou pour défendre spirituellement la ville. À ce moment, l’armée de Tamerlan n’était qu’à 350 kilomètres de là, près de la ville d’Elets, et se rapprochait rapidement.

Or, l’histoire relate qu’au moment précis où l’icône est arrivée à Moscou, le chef de guerre turco-mongol aurait eu une vision de la Mère de Dieu lui demandant de quitter le territoire russe, ce qu’il aurait donc fait immédiatement, accompagné de ses troupes.

L’icône a de nouveau été apportée à Moscou en 1480, lors d’un épisode similaire : l’armée tatare, dirigée par le khan (chef) Ahmed, est repartie à l’assaut de la Russie car Ivan III avait refusé de continuer à payer le tribut à la Horde d'or. Suite à la Grande halte sur la rivière Ougra, les Tatars ont cependant à nouveau pris la fuite de manière inattendue.

Les orthodoxes russes croient que l’icône de la Mère de Dieu de Vladimir a sauvé une troisième fois Moscou lorsque le khan tatar Mehmed Ier Giray de Crimée a attaqué la région en 1521. Les prêtres de la capitale s’apprêtaient à évacuer l’œuvre de la ville, mais une nonne a soudainement eu une vision de Serge de Radonège priant pour le salut de Moscou et demandant de laisser l’icône à l’intérieur du Kremlin. C’est ce qui a donc été fait, et la puissante armée de Mehmed, forte de 100 000 hommes, s’est rapidement repliée vers les steppes, renonçant à attaquer la ville. Il s’agissait là du dernier assaut majeur des Tatars contre Moscou.

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