Le 11 septembre 1936, il fut officiellement annoncé que le Métropolite Pierre de Kroutitsa, locum tenens de l'Église orthodoxe russe, était mort. Il avait été proposé qu'il renonce à la position de locum tenens après qu'elle lui soit revenue lorsque le Métropolite Agathange de Yaroslavl ait renoncé au poste le 12 juin 1926. Cependant, comme l'a dit un message qu'il envoya à tout le monde par l'intermédiaire d'un compagnon prisonnier, il "ne quitterait en aucune circonstance son poste et resterait fidèle à l'Église orthodoxe jusqu'à la mort elle-même". Le Métropolite Pierre sera exécuté l'année suivante, le 10 octobre 1937.
Bien sûr, le Métropolite Pierre aurait pu être tué une décennie plus tôt sur le chemin de l'exil en Sibérie. L'historien Vladimir S. Rusak nous dit qu'une nuit sombre, le Métropolite Pierre...
"fut jeté hors du chariot de chemin de fer alors qu'il était encore en mouvement (apparemment plus d'un évêque périt de cette manière). C'était l'hiver, et le Métropolite tomba dans une congère comme dans un lit de plumes, de sorte qu'il ne se blessa pas. Avec difficulté, il en sortit et regarda autour de lui. Il y avait un bois, de la neige, et aucun signe de vie. Pendant longtemps, il marcha sur la neige vierge, et, finalement épuisé, il s'assit sur une souche. À travers son rasson déchiré, le gel le glaça jusqu'aux os. Sentant qu'il commençait à mourir de froid, le Métroptolite commença à lire les prières pour les mourants.
Soudain, il vit un ours énorme s'approcher de lui.
La pensée traversa son esprit: « Il va me mettre en pièces. » Mais il n'avait pas la force de s'enfuir. Et où pourrait-il s'enfuir ?
Mais l'ours s'approcha de lui, le renifla et se coucha paisiblement à ses pieds. La chaleur sortit de son énorme peau d'ours. Puis il se retourna avec son ventre vers le Métropolite, s'étira de toute sa longueur et commença à ronfler doucement. L'évêque hésita pendant longtemps en regardant l'ours endormi, puis il ne plut pu supporter le froid et il s'allongea à côté de lui, se pressant sur son ventre chaud. Il se coucha et se tourna d'abord d'un côté, puis de l'autre vers la bête afin de se réchauffer. Pendant ce temps, l'ours respirait profondément dans son sommeil, l'enveloppant dans son souffle chaud.
Lorsque l'aube commença à poindre le Métropolite entendit le chant lointain des coqs : une habitation!... Il se leva, prenant soin de ne pas réveiller l'ours. Mais l'ours se leva également, et après s'être secoué, il se dirigea vers le bois.
Reposé maintenant, l'évêque se dirigea vers le son des coqs et atteignit rapidement un petit village. Après avoir frappé à la dernière maison, il expliqua qui il était et a demanda un abri, promettant que sa sœur paierait les propriétaires pour tous les problèmes et les dépenses occasionnés.
Ils laissèrent entrer l'évêque et pendant six mois, il a vécut dans ce village. Il écrivit à sa sœur, et elle est vint. Mais peu de temps après elle, d'autres « personnes » en uniforme sont également venues..."
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire