Vladyka Antoine [Bloom] avec ses ouailles
Je veux dire quelque chose qui n'est pas un commentaire de l'Évangile. À maintes reprises, non seulement moi mais aussi chaque prêtre est invité par quelqu'un à devenir son père spirituel. Et beaucoup sont troublés par le fait que nous disons tous non ; cela, nous ne pouvons pas le faire. C'est au-delà de nos forces.
Ce n'est pas un refus de se soucier des autres ; ce n'est pas un refus de prendre sur nos épaules la brebis perdue. Non, c'est une affirmation selon laquelle nous pouvons être vos compagnons sur le chemin du Royaume de Dieu, mais que nous ne sommes pas assez mûrs pour vous montrer tout le chemin.
Chacun de nous peut dire à ceux d'entre vous qui viennent : "J'ai fait une partie du chemin. Je serai votre compagnon de route. Et puis, lorsque nous arriverons à un point que je n'ai pas encore parcouru moi-même, marchons ensemble, en suivant le seul qui puisse être notre guide ; en effet, le seul qui soit non seulement notre guide mais aussi notre Sauveur, qui soit la Voie elle-même, la Vérité et la Vie".
Et donc, lorsque vous vous présentez à un prêtre en
confession, ouvrez-lui votre cœur, ou plus exactement au Seigneur Jésus-Christ
en sa présence, et lui, selon la prière que nous lisons avant la confession,
sera le témoin de votre ouverture, de votre sincérité, de votre vérité et de
votre repentir. Il écoutera ce que vous dites au Christ. Il priera pour que le
Christ vous reçoive comme il reçoit chaque pécheur - au prix de sa vie et de sa
mort. Il priera. Et il n'oubliera jamais ni vous ni votre confession. Il
acceptera d'être un martyr, non seulement un témoin mais aussi un porteur de la
douleur, de l'horreur, de la souffrance des péchés dont il peut entendre
parler. Quiconque vient se confesser à un prêtre porte sur ses épaules le
fardeau de ses propres péchés, et c'est dans la compassion que le prêtre les
portera à jamais devant Dieu.
Soyez donc satisfaits de l'amour, de la compassion, de l'honnêteté du prêtre auquel vous venez. Ne lui demandez pas de faire l'impossible. Si nous allons dans les montagnes, nous demandons à un guide qui est déjà allé jusqu'au bout du chemin et qui revient vivant. Aucun de nous ne peut dire que nous sommes allés jusqu'au Royaume de Dieu et que nous y sommes entrés. Nous pouvons seulement dire : "Nous sommes en route et nous cheminerons avec vous, nous partagerons avec vous toutes nos connaissances, nous vous soutiendrons dans les moments de faiblesse, nous ferons tout ce que nous pourrons pour que vous atteigniez le Royaume de Dieu".
Qui d'entre nous peut dire qu'il l'a fait ? Saint Séraphim de Sarov a refusé d'être le père spirituel de ceux qui sont venus à lui. Il a promis de prier pour eux. Il a promis de les tenir devant Dieu ; et en effet, sa prière était le salut. Et dans la vie de saint Macaire d'Égypte, nous entendons dire que lorsqu'il est mort, un de ses disciples a vu en rêve l'âme de saint Macaire s'avancer vers le Ciel ; et les démons avaient mis des barrières sur le chemin. Et à chaque barrière, ils le mirent à l'épreuve pour l'un ou l'autre péché. Et il est passé, libre. Et lorsqu'il atteignit les portes du Royaume, les démons virent qu'ils pouvaient essayer de le détruire par au moins une chose. À la porte même du Royaume, ils l'applaudirent et crièrent : "Macaire, tu nous as vaincus. Et Macaire s'est retourné, a souri, comme le dit sa vie, et il a dit : "Pas encore". Et ce n'est qu'alors qu'il est entré dans le Royaume.
C'est bien au-delà de ce que nous, les prêtres, pouvons faire. Mais ce que nous pouvons faire, c'est marcher pas à pas avec vous, être une lumière pour vous tenir devant la face de Dieu, et Lui demander, à Lui Qui est la Voie, Qui est la Vérité, Qui est la Vie, Qui est notre salut, d’être votre guide, votre voie et votre salut. Amen !
Version française
Claude Lopez-Ginisty
D’après
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