28 février 2020
Les conciles sont convoqués pour résoudre les désaccords? Pas si vous êtes le patriarche œcuménique, non ! Comme il l'a récemment indiqué à Antioche : "Le patriarcat œcuménique a de bonnes raisons de s'abstenir d'une telle réunion au niveau panorthodoxe, ce qui serait inutile dans la mesure où elle ne ferait que conduire à un accord sur le fait que les participants sont en désaccord les uns avec les autres".
C'est peut-être pour cette raison qu'il s'est rendu en Crète avec un résultat prédéterminé, déguisé en programme : pour qu'il n'y ait pas de désaccord.
Allons au cœur du problème : Le patriarche Bartholomée est sérieusement en colère contre Jérusalem pour avoir convoqué un Concile pour résoudre le schisme naissant au sein de l'Orthodoxie. Ses arguments sont cependant spécieux. L'idée même que Jérusalem ne puisse pas convoquer un Concile est démentie par les archives historiques. Et le fait qu'il soit fâché qu'elle s'appelle elle-même "l'Église mère de la chrétienté" est absurde. Le fait de dire cela à haute voix à nos frères d'autres confessions religieuses nous ferait immédiatement passer pour des imbéciles. Après tout, tout le monde a lu le livre des Actes des Apôtres. Même les athées.
Nous pourrions continuer à parler des erreurs que le Phanar et ses flagorneurs commettent dans l'Anglosphère, mais ce serait une perte de temps. Nous devrions plutôt regarder le monde de leur point de vue, en réalisant qu'ils commencent à peine à comprendre qu'ils ont perdu leur supériorité morale. Tout ce qu'ils ont fait depuis le début, n'a été qu'une série d'erreurs imprévues.
Dans le monde politique, les erreurs imprévues font perdre aux candidats leur confiance et ils ne peuvent plus justifier leur candidature sur le plan intellectuel. Les bras commencent à s'agiter dans un débat, les lieutenants commencent à divulguer des informations préjudiciables au fonctionnement interne de la campagne et les partisans ordinaires commencent à penser sérieusement à rester chez eux le jour de l'élection.
Pensez à Michael Dukakis qui tenta de sauver sa campagne chancelante en faisant un tour dans un char d'assaut. Une fois vu, il ne put pas rester invisible. Il se fit tellement remarquer qu'il n'a jamais pu faire valoir qu'il était digne du commandement en chef, d'où sa déroute électorale par le yankee au sang bleu George H. W. Bush.
Il en va de même pour le patriarche œcuménique. Ses erreurs ecclésiologiques sont devenues si flagrantes qu'il est clair, aux yeux de tous, qu'il veut emmener l'Église orthodoxe dans des endroits où nous n'avons pas l'intention d'aller. Et malheureusement, sa praxis suit sa théorie (comme nous l'avons vu en Ukraine). Contrairement à Dukakis dans ce char - qui a pour le moins tiré ses propres ficelles - les chrétiens orthodoxes, partout, savent que Bartholomée danse sur la musique d'un autre homme. Notre question, à ce stade, est de savoir qui est le marionnettiste : Soros, l'UE, les Clinton ou le Département d'État ?
Peut-être ne saurons-nous jamais qui est derrière la gigue mondialiste de Bartholomée. (Bien que je continue à espérer que Wikileaks finira par publier les documents nécessaires). Ce que nous savons, c'est que des dommages sont causés à l'Orthodoxie. Nous pouvons également discerner à quoi doivent ressembler les choses pour Bartholomée et son entourage. Rien ne s'est passé comme prévu. Énumérons les faux pas seriatim [les uns après les autres]:
1. L'incursion en Ukraine, qui a surpris tout le monde dans le monde orthodoxe, en particulier les primats de toutes les Églises locales. Ce n'était pas censé se passer comme ça. Ils étaient censés simplement l'accepter. Pire, personne ne le croyait quand il a dit que l'éparchie de Kiev avait toujours fait partie de Constantinople.
2. Les assurances données par le Département d'État et le groupe d'experts Fordhamite que les autres Églises finiraient par accepter la décision se sont avérées être spectaculairement fausses. Contrairement aux laïcs du Département d'État, nous, les orthodoxes, savons à quoi ressemble le papisme. Et nous n'y croyons pas. (Vous ne me croyez pas ? Allez voir sur Google 1054, Lyon et Ferrare-Florence).
3. Les schismes s'approfondissent ; pas seulement entre Istanbul et Moscou mais au sein des Églises dominées par les Grecs (Albanie, Grèce, Chypre, Jérusalem et Alexandrie). Sur les quatre, la Grèce et Alexandrie ont accepté (d'une certaine manière) de reconnaître la nouvelle secte schismatique en Ukraine, mais en contradiction avec les protocoles établis. Ce n'était pas élégant. Ce qui nous amène à :
4. L'exhortation de saint Paul à l'Eglise de faire toutes choses "en bon ordre". Le sens du bon ordre (ou tout autre ordre d'ailleurs) s'est perdu dans les événements récents. Déjà en train d'établir un monastère "stavropégique" sur le territoire de l'Eglise tchèque et slovaque, il a ensuite tiré une autre "Ukraine" au Monténégro et en Macédoine, ce qui a encore plus irrité l'Eglise serbe. Il se peut qu'il fasse une "Ukraine" ici [aux USA], en encourageant le nouvel archevêque de l'Archidiocèse grec orthodoxe [AGO] à convaincre l'Eglise orthodoxe d’Amérique [OCA] de renoncer à son statut d'autocéphale afin que Sa Sainteté, avec Elpi [id est Eplpidophoros, sa marionnette aux Amériques ! N.d.T.] à la barre, les reconnaisse eux aussi comme autocéphales.
5. Faire un "voyage apostolique" en Amérique et détourner l'attention des méfaits susmentionnés, en donnant le discours principal [de remise des diplômes] à l’université Notre Dame. Il sera sans doute présenté par le maire de South Bend, Pete Buttigieg, dont le père Joseph, marxiste et athée notoire, a enseigné dans cette université prétendument "catholique."
6. Enseigner à son primat en Amérique à dire toutes les "bonnes" choses à tous les laïcs bien-pensants, plus particulièrement dans le domaine de la communion ouverte. Ceci afin d'adoucir l'anglosphère, en soulignant le fait que son patriarcat est plus "tolérant" et plus "inclusif" que celui de Moscou.
La liste est encore longue. Mais ce n'est pas le but de cette rubrique. Après tout, dans un monde déchu, les tempêtes font régulièrement bouger l'Arche du Salut. Mais elle ne peut pas chavirer. C'est pourquoi nous avons validement ordonné des évêques. Et le moment est venu pour eux d'intervenir et de redresser le navire. Nous l'avons vu actuellement à Amman, en Jordanie, où plusieurs évêques se sont réunis sous la présidence du Patriarche de Jérusalem, Théophile III. Bien que leur déclaration commune exprimant leur mécontentement ait pu être quelque peu anodine, c'est un début. Il y a un dicton qui dit que Dieu permet aux mauvaises choses d'arriver pour que des hommes bons se lèvent. Je crois que c'est vrai.
Malheureusement, l'une des Églises orthodoxes véritablement martyres - celle d'Antioche - n'a pas assisté au "rassemblement fraternel" des Églises orthodoxes en Jordanie convoqué par le Patriarche de Jérusalem. La raison, comme nous le savons tous, était liée à son différend avec Jérusalem au sujet d'une seule paroisse au Qatar. Je ne peux pas édulcorer son absence : ce fut une grande déception. (Antioche aurait dû être là ; une excuse pour la forme aurait pu être fabriquée pour "repousser" la question du Qatar à une date ultérieure). La Géorgie et la Bulgarie auraient dû être là aussi.
Mais ces chicanes passent à côté de l'essentiel. Deux points en fait : premièrement, que les Églises qui ont participé ont choisi d'y assister, et deuxièmement, que le patriarche Bartholomée pensait qu'elles ne pouvaient pas se rencontrer sans lui. Elles l'ont fait, malgré ses protestations, et elles prévoient de le faire à nouveau.
Certains des invités qui n'y ont pas participé, comme beaucoup de membres du synode bulgare qui n'ont pas reçu de notification, seront à l'avenir à l'affût de leurs invitations. J'imagine que d'autres Églises locales seront présentes lorsqu'il leur apparaîtra plus clairement que Bartholomée n'a pas l'intention de renoncer à ses rêves papistes. Je crois (j'espère, je prie en fait) que le temps est de leur côté.
C'est un début et pour cela, nous devons être pleins d'espoir. En attendant, soyez à l'affût d'autres erreurs imprévues du Patriarche œcuménique et de ses disciples.
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
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