"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 19 mai 2018

Saint Jean Maximovitch: Le mot anathème et sa signification



Le mot grec "anathème" [ανάθημα] se compose de deux mots : "ana", qui est une préposition indiquant le mouvement vers le haut et "thema", qui signifie une partie séparée de quelque chose. Dans la terminologie militaire, "thema" signifiait un détachement ; dans le gouvernement civil, "thema" signifiait une province. Nous utilisons actuellement le mot "thème", dérivé de "thema", pour désigner un sujet spécifique d'une œuvre écrite et intellectuelle.

"Anathème" signifie littéralement l'élévation de quelque chose de séparé. Dans l'Ancien Testament, cette expression était utilisée à la fois par rapport à ce qui était aliéné par le péché et par rapport à ce qui était dédié à Dieu.

Dans le Nouveau Testament, ce qu'écrit l'Apôtre Paul, il est utilisé une seule fois en conjonction avec "maranatha", ce qui signifie la venue du Seigneur. La combinaison de ces mots signifie la séparation jusqu'à la venue du Seigneur ; en d'autres termes - être livré à Lui (1 Co 16:22).

L'apôtre Paul utilise "anathème" dans un autre lieu sans l'addition de "maranatha" (Gal 1,8-9). Ici, "anathème" est proclamé contre la déformation de l'Évangile du Christ tel qu'il a été prêché par l'Apôtre, quel qu'en soit l'auteur, qu'il s'agisse de l'Apôtre lui-même ou d'un ange du Ciel. Dans cette même expression, il y a aussi implicite : "Que le Seigneur lui-même juge", car qui d'autre peut juger les anges ?

Saint Jean le Théologien dans l'Apocalypse (22:3) dit que dans la Nouvelle Jérusalem il n'y aura pas d'anathème ; ceci peut être compris de deux manières, en donnant au mot anathème les deux significations : 1) il n'y aura pas d'élévation jusqu'au jugement de Dieu, car ce jugement a déjà été accompli ; 2) il n'y aura pas de dévouement spécial à Dieu, car toutes choses seront les choses saintes de Dieu, tout comme la lumière de Dieu éclaire tout le monde (Ap 21:23).

Dans les actes des Conciles et dans le cours ultérieur de l'Église du Nouveau Testament du Christ, le mot "anathème" en est venu à signifier la séparation complète de l'Église. "L'Église catholique et apostolique anathème," "qu'il soit anathème"; "qu'il soit anathème", signifie un retranchement complet de l'Église. Alors que dans les cas de "séparation de la communion de l'Église" et d'autres épitimies ou pénitences imposées à une personne, la personne restait membre de l'Église, même si sa participation à sa vie remplie de Grâce était limitée, ceux qui étaient livrés à l'anathème étaient ainsi complètement arrachés à Elle jusqu'à leur repentir. Réalisant qu'Elle (l'Eglise) est incapable de faire quoi que ce soit pour leur salut, vu leur entêtement et la dureté de leur cœur, l'Eglise terrestre les élève jusqu'au jugement de Dieu.

Ce jugement est miséricordieux pour les pécheurs repentants, mais redoutable pour les ennemis obstinés de Dieu. "C'est une chose effrayante de tomber entre les mains du Dieu vivant... car notre Dieu est un feu consumant" (Hébreux 10:31 ; 12:29).

L'anathème n'est pas la damnation finale : jusqu'à ce que la mort, la repentance est possible. L"Anatheme" n'est pas effrayant parce que l'Église ne souhaite pas le mal à quelqu'un d ou que Dieu cherche sa damnation. Ils désirent que tous soient sauvés. Mais il est effrayant de se tenir devant la présence de Dieu dans l'état de mal endurci : rien ne Lui est caché.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Orthodox Life, 
Holy Trinity Monastery
Jordanville, N.Y.
vol. 27, mars-avril 1977, 
pp. 18-19.

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