L'article suivant publié dans Orthodoxie et Modernité à propos de l'Archimandrite Kirill (Pavlov) de bienheureuse mémoire, qui reposa en Christ à la veille de l'Apodose de l’Hypapante du Seigneur, le 21 février 2017, a été écrit il y a sept ans pour son quatre-vingt-dixième anniversaire. Le staretz était toujours vivant mais paralysé après un AVC. L'incident médical qui l'a confiné dans son lit s'est produit vers 2004, après une longue vie au service de Dieu et du peuple. Père Kirill a continué à servir par ses prières pour des personnes connues et inconnues, comme l'un des piliers vertueux soutenant le monde, peut-être par l'amour de Dieu qui ne permet pas sa destruction totale.
La question de savoir si oui ou non il y a des startsy
aujourd'hui, et si oui, comment pouvons-nous les trouver, est quelque chose que
chaque prêtre entend de temps en temps. L’archimandrite Kirill (Pavlov), le
père confesseur de longue date de la Laure de la Sainte Trinité-Saint Serge,
répondait habituellement à la question comme ceci: "Je ne sais pas ce
qu’il en est des startsy, mais il y a des vieillards" - bien qu'il fût et
soit l'un des rares que nous pourrions appeler "staretz", non
seulement à cause de son l'âge, mais selon le plein sens de ce mot tel qu'il
est accepté par la tradition de l'Église orthodoxe. Une énorme richesse
d'expérience spirituelle, une humilité et un amour sans faille, une véritable absence
de passion se transformant en cette liberté des passions qui est le but même de
l'ascèse chrétienne et du progrès dans les vertus - ces qualités ont été vues
pendant de nombreuses années chez Père Kirill par ses enfants spirituels ainsi
que par les gens que le Seigneur au moins une fois dans la vie a conduit à sa
cellule pour résoudre des problèmes complexes, pour recevoir une aide dans la
prière, ou simplement pour la consolation qui est si rare de nos jours pour les
gens vivant dans un monde froid.
Il y a probablement quelques années, il n'était pas nécessaire
de parler du père Kirill afin de clarifier quelle place il occupe dans
l'histoire très récente de l'orthodoxie russe. Dans sa cellule de la résidence
patriarcale de Peredelkino, les gens venaient confesser de toute la Russie, des
pays que l'on appelle maintenant «l'étranger proche», et des pays qu'on
appelait encore «l'étranger lointain». Moines et clergé, anciens et actuels
frères de la laure, laïcs et évêques, et finalement, le défunt patriarche
Alexis, venaient vers ce confesseur de toute la Russie pour se confesser, faire
la paix avec Dieu et entendre des paroles de salut. Je pense que tous ceux qui
connaissaient le Père Kirill, à ce moment-là, seraient d'accord pour dire qu’en
lui les paroles de saint Niphon de Constantinople se sont révélées avec une
plénitude et une puissance étonnante lorsqu'il a répondu à la question de son
disciple sur ce que seraient les vrais ouvriers spirituels ascétiques dans les
derniers temps: se cacher sagement parmi les gens et marcher sur le chemin de
l'activité imprégnée d'humilité.
Mais il a plu au Seigneur d'éprouver l'or précieux de sa
justice par la tentation ultime et la plus difficile et durable: en 2004,
l'archimandrite Kirill a subi un accident vasculaire cérébral qui l'a
complètement immobilisé et l'a pratiquement privé de contact avec le monde
extérieur. Pratiquement, mais pas entièrement. Accablé, endurant vaillamment sa
maladie, il ne cherchait ni soutien ni consolation, mais en peu de temps, quand
sa force revenait, il soutenait et consolait, exhortait les gens à prier et non
à se décourager, et aussi à prendre soin de leur santé...
Nous avons publié cette offrande modeste pour le
quatre-vingt-dixième anniversaire de Père Kirill - article de sa préposée de
cellule, Natalia (Aksamentova), qui, depuis quinze ans, est continuellement
avec lui, jour après jour, absorbant avec gratitude cette douce lumière dont
elle parle dans son récit sur Père Kirill. Son texte ne peut pas être
catégorisé dans le genre des mémoires - elle l'a écrit pendant que Batiouchka
était toujours avec nous et que son temps n'était pas encore venu. C'est plutôt
un témoignage de ce miracle qu'est sa vie, de cette force qui, dans les paroles
du Christ, se manifeste dans l'extrême infirmité d'un corps usé et affiné par
la souffrance. Ce témoignage est si nécessaire et important pour nous.
Higoumène Nektary (Morozov)
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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