"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 18 février 2018

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


5/18 février
Dimanche de l’abstinence des laitages, mémoire de l’exil d’Adam du paradis – dimanche du Pardon
Clôture de la fête de la sainte rencontre de notre Seigneur.

Sainte Agathe, martyre à Catane (251) ; sainte martyre Théodulie et martyrs Hellade, Macaire et Évagre (vers 304) et martyrs saint Théodose, archevêque de Tchernigov (1696) ; saint Antoine d'Athènes, néo-martyr grec (1774).

Lectures: Rom. XIII, 11-XIV, 4 ; Маtth. VI, 14-21 
Dimanche du Pardon 
DIEU AIME CELUI QUI DONNE AVEC JOIE[1]
À
 propos du jeûne, le Seigneur nous dit qu’il faut non pas jeûner d’une façon ostentatoire, mais jeûner dans le secret. Et ceci vaut pour toute notre vie spirituelle. Il ne s’agit pas de se soucier du regard des autres sur nous, mais simplement de vivre sous le seul regard de Dieu. Et là encore, un examen de conscience nous est nécessaire. Est-ce que vraiment, dans notre vie spirituelle, dans notre vie quotidienne, nous avons ce souci de vivre sous le seul regard de Dieu et non pas sous le regard des autres, ou ne sommes pas d’une manière ou d’une autre dépendants, tributaires du regard d’autrui ? Un Apophtegme, qui comporte une part d’humour, comme c’est souvent le cas de ces récits qui concernent  certains Pères du déserts, nous raconte ceci: Un jour, un jeune moine vient trouver son père spirituel peu de temps après son entrée dans la vie monastique et lui dit qu’il est déconcerté parce que quand il était dans le monde, il jeûnait beaucoup, il priait beaucoup, il était très fervent ; et puis, se retrouvant dans le désert, il n’arrive plus à jeûner, il n’arrive plus à prier. Et son père spirituel lui dit : “Quand tu étais dans le monde, il t’était facile de jeûner, il t’était facile de prier, parce que tu étais sous le regard des autres, et inconsciemment tu te nourrissais de vaine gloire. Ici, au désert, tu n’as plus personne pour te regarder, tu n’as plus personne pour te louer, pour admirer, ta vie spirituelle, et c’est pour cela que tu manques d’élan, que tu manques de zèle. Mieux vaut ne rien faire et être humble que se nourrir de vaine gloire”.
Et on peut aussi penser que si le Seigneur nous recommande d’avoir un air joyeux quand nous jeûnons, c’est aussi parce que, comme le dit un autre texte de l’Écriture: « Dieu aime celui qui donne avec joie ». Il ne faut pas que notre jeûne de Carême, que notre effort de Carême soit ressenti par nous comme quelque chose de pesant, de lourd, de difficile à porter. Au contraire, il faut que nous ayons un enthousiasme spirituel en entrant dans le Carême parce que nous entrons — j’aime cette formule — dans le « printemps des âmes » qu’est le Carême. Oui, il faut que nous ayons une joie printanière en entrant dans le Carême, que nous sachions porter ce jeûne avec une certaine allégresse spirituelle. C’est à ce moment là que notre jeûne sera vraiment agréable à Dieu, si nous jeûnons sans chercher à nous faire plaindre ou admirer de quelque façon que ce soit.
Archimandrite Placide Deseille

Tropaire du dimanche, ton 4
Свѣ́тлую воскресéнiя про́повѣдь отъ Áнгела yвѣ́дѣвша Гoспо́дни yчени́цы и пра́дѣднee осужде́нie отве́ргша, Aпо́столомъ xва́лящася глаго́лаху : испрове́́pжеся cме́рть, воскре́сe Xpистócъ Бо́гъ, да́руяй мípoви ве́лiю ми́лость.
Les saintes femmes, disciples du Seigneur, ayant appris de l’Ange la radieuse nouvelle de la Résurrection, rejetèrent la condamnation des premiers parents, et, pleines de fierté, dirent aux Apôtres : « La mort a été dépouillée, le Christ est ressuscité, donnant au monde la grande miséricorde ! »

Tropaire de la Ste Rencontre, ton 1
Ра́дуйся, Благода́тная Богоро́дице Дѣ́во, и́зъ Тебе́ бо возсiя́ Со́лнце пра́вды, Христо́съ Бо́гъ на́шъ, просвѣща́яй су́щыя во тьмѣ́. Весели́ся и ты́, ста́рче пра́ведный, прiе́мый во объя́тiя Свободи́теля ду́шъ на́шихъ, да́рующаго на́мъ воскресе́нiе.
Réjouis-toi, ô Pleine de grâce, Vierge Mère de Dieu, car de toi s’est levé le Soleil de Justice, le Christ notre Dieu, illuminant ceux qui sont dans les ténèbres. Sois aussi dans l’allégresse, juste vieillard, qui as reçu sur tes bras Celui qui libère nos âmes et nous donne la Résurrection.

Kondakion du dimanche de l’abstinence des laitages, ton 6
Пpeму́дpocти наста́вниче, смы́сла пода́телю, нему́дрыхъ наказа́телю, и ни́щихъ защи́тителю, yтвepди́, вpaзyми́ cépдце моé Bлады́ко : Tы́ да́ждь ми́ cло́во, тчее cло́во, cé бо ycтнѣ́ мои́ не возбpaню́, во éже зва́ти Тeбѣ́ : Mи́лостивe, поми́луй мя́ па́дшаго.
Guide de sagesse, Donateur de l’intelligence, pédagogue des insensés, protecteur des pauvres, affermis et instruis mon cœur, Maître; accorde-moi la parole, ô Parole du Père. Car voici, je n’empêcherai pas mes lèvres de Te crier : Miséricordieux, aie pitié de moi qui suis tombé !




Kondakion de la fête de la Ste Rencontre, ton 1
Утро́бу Дѣви́чу ocвяти́вый Poждество́мъ Tвои́мъ и pу́це Cѵмео́нѣ благослови́вый я́коже подоба́ше, предвари́въ и ны́нѣ спа́слъ ecи́ на́cъ, ХристБо́же, но yмири́ во бранѣ́xъ жи́тельство и yкрѣпи́ пpaвосла́вныя хpистіа́ны, и́xже возлюби́лъ ecи́, еди́не человѣколю́бче.
O Toi qui as sanctifié par Ta naissance le sein virginal et qui as béni, comme il le fallait, les bras de Siméon, Tu es venu, Christ Dieu, nous sauver en ce jour. Dans ses guerres, donne la paix à Ta cité et affermis les chrétiens orthodoxes que Tu as aimés, Toi seul Ami des hommes.


Au lieu de « Il est digne en vérité », ton 3
Богopóдицe Дѣ́вo, упова́нie xpиcтiáномъ, покры́й,  coблюди́ и спаси́ на́ Тя́ упова́ющихъ. Въ зако́нъ cѣ́ни и пиcáній о́бpaзъ ви́димъ вѣ́pніи : вcя́къ му́жескiй по́лъ, ложесна́  paзверза́я, cвя́тъ Бо́гу ; тѣ́мъ Пepвоpoжде́нное Cло́во Отца́ безнача́льна, Cы́на пepвоpoдя́щася Maтépiю неискоcyмжно, величáeмъ.
Mère de Dieu, espérance de tous les chrétiens, abrite, protège et garde ceux qui espèrent en toi. Dans la Loi, nous découvrons, nous, fidèles, sous l’obscurité de la lettre, une figure : tout mâle premier-né est consacré à Dieu. C’est pourquoi nous magnifions le Verbe Premier-né, Fils du Père Éternel, Premier-né de la Vierge Mère.

LES RÈGLES DU JEÛNE
Le typicon – livre qui détermine l’ordo des offices et les règles du jeûne - prescrit pour le Grand Carême l’abstinence de viande, du lait, des œufs et poisson. Il autorise le vin et l’huile le samedi et le dimanche, le jeudi du grand Canon de St André de Crète  et le Jeudi Saint. Le poisson est permis le dimanche des Rameaux et le jour de la fête de l’Annonciation de la Très Sainte Mère de Dieu, sauf cette année en raison de l’occurrence du Grand Samedi. Le samedi de Lazare, les œufs de poissons sont permis. En tout état de cause, il convient de jeûner avec discernement, selon ses forces, ayant en vue que, selon les Pères de l’Église, il faut tuer les passions et non point le corps. St Païssy Velitchkovsky écrit à ce sujet : « chacun a sa conscience pour mesure et maître intérieur. Il ne peut y avoir une seule règle et une même ascèse pour tous, parce que les uns sont forts et les autres sont faibles, les uns sont comme le fer, les autres comme le cuivre, d’autres encore comme la cire... Un jeûne modéré et raisonnable, c’est là le fondement et le chef de toutes les vertus ». Le carême n’est pas seulement l’abstinence de certaines formes de nourriture, son but est la purification de l’âme. C’est à cela précisément qu’il doit servir.

VIE DU SAINT NÉOMARTYR ANTOINE D’ATHÈNES



Saint Antoine était fils de chrétiens pauvres d’Athènes. À l’âge de douze ans, il s’engagea au service d’un Albanais musulman pour assister ses parents. En 1770, lors des répressions qui suivirent le soulèvement des Grecs du Péloponnèse, ses maîtres le vendirent à des Turcs qui essayèrent en vain de le convertir. Après avoir été ainsi vendu à cinq reprises à des maîtres toujours plus cruels et fanatiques, sans se laisser ébranler dans sa foi, il fut finalement acheté par un chaudronnier chrétien de Constantinople. Un jour, après avoir été averti la veille dans un rêve qu’il allait recevoir l’assistance de Dieu pour obtenir la gloire du martyre, il fut reconnu par son précédent maître qui passait dans la rue, et ce dernier se mit à crier aux badauds que ce jeune chrétien avait renié l’Islam et s’était enfui de chez lui. Traîné aussitôt au tribunal à grands cris, Antoine confessa qu’il était prêt à recevoir mille morts pour l’amour du Christ. « Sois certain, dit-il au juge, qu’il te serait plus facile de devenir chrétien que de me faire renier mon Christ. » Pressé par les faux témoins et ne pouvant convaincre le saint de feindre la conversion pour avoir la vie sauve, le juge, à contre cœur, le fit jeter en prison. Antoine y réconforta les autres prisonniers chrétiens, distribua aux pauvres le peu d’argent qu’il avait et écrivit à son maître pour le remercier de ses bienfaits, pour demander par son entremise pardon à tous les chrétiens et pour solliciter les prières de l’Église.

Comme le vizir tardait à rendre sa sentence, les accusateurs du saint allèrent se plaindre au sultan Abdul Hamid qui, par crainte d’une sédition, ordonna de l’exécuter sans plus tarder. C’est avec joie que ce vaillant martyr de seize ans se rendit au lieu du supplice et tendit sa nuque au bourreau. Celui-ci le frappa légèrement à trois reprises, pour que la douleur le fasse céder ; puis, voyant qu’il se donnait de la peine en vain, il l’égorgea comme une brebis d’abattoir.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)



Ce n’est pas lorsque nous avons fait un faux-pas en quelque chose que nous devons nous affliger, mais si nous y persistons. Faire un faux-pas arrive souvent même aux parfaits, mais y persévérer est une mort totale. L’affliction que nous éprouvons lorsque nous nous affligeons sur nos propres faux-pas nous est comptée par la grâce comme une œuvre pure. Mais l’homme qui retombe dans sa faute en escomptant s’en repentir se comporte envers Dieu avec duplicité ; la mort fondra sur lui à l’improviste, et il n’aura pas le temps d’accomplir des œuvres bonnes, comme il l’espérait.
Saint Isaac le Syrien





Le monastère Saint-Antoine-le-Grand a édité en deux volumes les homélies pour l’année liturgique du Père Placide Deseille, sous le titre « La Couronne de l’Année Chrétienne ».


[1] Extraits de l’homélie de l’archimandrite Placide Deseille sur le Dimanche du Pardon

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