2. Qu’est-ce qui vous a attiré vers l’Orthodoxie ?La réponse à cette question se trouve fondamentalement dans les éléments exposés précédemment.
Je vais toutefois essayer de la compléter et de préciser également ce que j’y ai rencontré.
Ayant été reçus dans l’Eglise le Samedi Lumineux, le lendemain - dimanche de Thomas - nous avons communié aux Saints Mystères. Après la liturgie, un couple d’amis, qui nous avait accompagnés dans notre démarche, nous a invités à prendre un café. Et là, dans le calme de cet établissement tranquille, ils nous ont demandé, mi-sérieux mi-plaisants : « Alors, qu’est-ce que ça vous fait d’être devenus orthodoxes ? »
C’est alors, après avoir approché le plus haut sacrement de l’Eglise, que j’ai pris conscience d’un changement fondamental qui venait de s’opérer en moi : durant toute cette longue période de recherche – plus de quinze années – où j’avais erré en quête de réponses, de certitudes, et d’un ancrage où me fixer, j’étais continuellement soumis à des forces centrifuges qui me dispersaient, me débilitaient et m’empêchaient de prendre racine intérieurement, et de me développer avec solidité et fermeté. Ce type d’errance et de désarroi, apparemment sans fin, me ballotait à tous vents, et engendrait une instabilité et une inquiétude proches de l’angoisse, ainsi qu’une vulnérabilité qui me laissaient à la merci de toutes sortes d’influences externes.
En cet instant, donc, - grâce insigne de la Divinité, dont je prenais conscience au moment même où je répondais - je pus affirmer en toute force et vérité, parce que le vivais désormais : « On se sent au centre ! ».
Cadeau sans prix, et réponse à ma si longue et douloureuse attente, que Dieu me donnait en plénitude. Cette assise, inespérée, s’était opérée en moi de manière apparemment très simple, mais en toute puissance.
Autre changement : avant d’entrer dans l’Orthodoxie, j’éprouvais une certaine réticence à vénérer les icônes. Cela m’apparaissait comme une démarche trop axée sur la sensitivité. Mon approche de la théologie passait beaucoup par l’intellect, et le sensible y trouvait peu de place, car je vivais cette dimension comme une « déviance » par rapport à la pureté des dogmes, comme un « alourdissement charnel ».
Une fois reçu dans l’Eglise, j’embrassai les icônes – par obéissance. Je m’approchai de l’icône de la Mère de Dieu de Kazan, que je trouvais jusque là particulièrement peu propice à la vénération : sa riza me semblait trop chargée et « baroque » (ce qui n’est objectivement pas le cas), et suscitait en moi une réaction de retenue. Voici donc que, m’approchant pour la vénérer, je ressentis un flot d’amour venant de la Très sainte Mère de Dieu à mon égard, qui emplit mon cœur et fit disparaître à jamais ce blocage qui était le mien – un peu comme si un glaçon avait été fondu par la présence d’une source de chaleur, ou comme si une fenêtre fermée jusque-là avait été ouverte -, et dès lors les icônes ont été pour moi une porte ouverte sur l’Invisible.
Ceci va de paire avec la posture centrale mentionnée plus haut. De fait, mon entrée dans l’Orthodoxie a concrètement ouvert mon cœur de manière complète, pour qu’il devienne tel que Dieu l’a créé : le centre de l’homme et l’organe de la connaissance (de Dieu et de la création) – et non pas seulement le siège des sentiments, comme on le réduit trop souvent dans le monde profane.
Cette « ouverture » ou « croissance » du cœur s’est faite bien sûr progressivement, selon la pédagogie de l’Eglise, qui instruit ses enfants tout au long de leur existence par le souffle de l’Esprit aussi bien que par l’enseignement liturgique et la vie d’amour partagée entre tous ses membres.
A cet égard, j’ai vécu un phénomène significatif durant ma première année dans l’Eglise : j’avais « les pieds dans l’Orthodoxie », mais - de manière tout à fait involontaire - je n’arrivais pas à m’y sentir totalement intégré, comme si une partie de moi-même, façonnée par le papisme, était restée en arrière et regardait l’autre agir selon le rite orthodoxe. Cette situation d’incomplétude disparut entièrement après une année, par la grâce de Dieu, et à ce moment-là une image intense et vivante me fut révélée avec force : je me sentis comme une plante qui jusque-là avait été cultivée à l’étroit dans un pot, séparée de la vraie terre, et dont les racines s’étaient développées et enchevêtrées dans leur croissance contre les parois du récipient – ce qui correspondait évidemment à ma posture dans l’église papiste, limitée dans sa dogmatique et coupée de la plénitude - et avait été transplantée en pleine terre - soit la réalité de la Vie telle qu’offerte en abondance dans la Révélation orthodoxe. Or, comme cela se passe concrètement en horticulture, la plante sortie du pot garde son « nœud de racines » intact, même une fois transplantée, durant une année entière avant qu’elle n’en fasse croître de nouvelles – après un cycle saisonnier complet - qui iront s’enfouir et se nourrir dans la pleine terre. Et de fait, après une année, je me suis senti dès lors relié et enraciné dans la Vie sans limite dont jusque-là un nombre d’obstacles me séparaient.
Ainsi, il m’avait fallu vivre un cycle liturgique annuel complet pour me sentir 100% orthodoxe.
En résumé, Dieu m’a offert et continue à m’offrir chaque jour, par Sa munificence ineffable, ce que je recherchais et dont j’étais affamé : à savoir, la Voie, la Vérité et la Vie.
Je vais toutefois essayer de la compléter et de préciser également ce que j’y ai rencontré.
Ayant été reçus dans l’Eglise le Samedi Lumineux, le lendemain - dimanche de Thomas - nous avons communié aux Saints Mystères. Après la liturgie, un couple d’amis, qui nous avait accompagnés dans notre démarche, nous a invités à prendre un café. Et là, dans le calme de cet établissement tranquille, ils nous ont demandé, mi-sérieux mi-plaisants : « Alors, qu’est-ce que ça vous fait d’être devenus orthodoxes ? »
C’est alors, après avoir approché le plus haut sacrement de l’Eglise, que j’ai pris conscience d’un changement fondamental qui venait de s’opérer en moi : durant toute cette longue période de recherche – plus de quinze années – où j’avais erré en quête de réponses, de certitudes, et d’un ancrage où me fixer, j’étais continuellement soumis à des forces centrifuges qui me dispersaient, me débilitaient et m’empêchaient de prendre racine intérieurement, et de me développer avec solidité et fermeté. Ce type d’errance et de désarroi, apparemment sans fin, me ballotait à tous vents, et engendrait une instabilité et une inquiétude proches de l’angoisse, ainsi qu’une vulnérabilité qui me laissaient à la merci de toutes sortes d’influences externes.
En cet instant, donc, - grâce insigne de la Divinité, dont je prenais conscience au moment même où je répondais - je pus affirmer en toute force et vérité, parce que le vivais désormais : « On se sent au centre ! ».
Cadeau sans prix, et réponse à ma si longue et douloureuse attente, que Dieu me donnait en plénitude. Cette assise, inespérée, s’était opérée en moi de manière apparemment très simple, mais en toute puissance.
Autre changement : avant d’entrer dans l’Orthodoxie, j’éprouvais une certaine réticence à vénérer les icônes. Cela m’apparaissait comme une démarche trop axée sur la sensitivité. Mon approche de la théologie passait beaucoup par l’intellect, et le sensible y trouvait peu de place, car je vivais cette dimension comme une « déviance » par rapport à la pureté des dogmes, comme un « alourdissement charnel ».
Une fois reçu dans l’Eglise, j’embrassai les icônes – par obéissance. Je m’approchai de l’icône de la Mère de Dieu de Kazan, que je trouvais jusque là particulièrement peu propice à la vénération : sa riza me semblait trop chargée et « baroque » (ce qui n’est objectivement pas le cas), et suscitait en moi une réaction de retenue. Voici donc que, m’approchant pour la vénérer, je ressentis un flot d’amour venant de la Très sainte Mère de Dieu à mon égard, qui emplit mon cœur et fit disparaître à jamais ce blocage qui était le mien – un peu comme si un glaçon avait été fondu par la présence d’une source de chaleur, ou comme si une fenêtre fermée jusque-là avait été ouverte -, et dès lors les icônes ont été pour moi une porte ouverte sur l’Invisible.
Ceci va de paire avec la posture centrale mentionnée plus haut. De fait, mon entrée dans l’Orthodoxie a concrètement ouvert mon cœur de manière complète, pour qu’il devienne tel que Dieu l’a créé : le centre de l’homme et l’organe de la connaissance (de Dieu et de la création) – et non pas seulement le siège des sentiments, comme on le réduit trop souvent dans le monde profane.
Cette « ouverture » ou « croissance » du cœur s’est faite bien sûr progressivement, selon la pédagogie de l’Eglise, qui instruit ses enfants tout au long de leur existence par le souffle de l’Esprit aussi bien que par l’enseignement liturgique et la vie d’amour partagée entre tous ses membres.
A cet égard, j’ai vécu un phénomène significatif durant ma première année dans l’Eglise : j’avais « les pieds dans l’Orthodoxie », mais - de manière tout à fait involontaire - je n’arrivais pas à m’y sentir totalement intégré, comme si une partie de moi-même, façonnée par le papisme, était restée en arrière et regardait l’autre agir selon le rite orthodoxe. Cette situation d’incomplétude disparut entièrement après une année, par la grâce de Dieu, et à ce moment-là une image intense et vivante me fut révélée avec force : je me sentis comme une plante qui jusque-là avait été cultivée à l’étroit dans un pot, séparée de la vraie terre, et dont les racines s’étaient développées et enchevêtrées dans leur croissance contre les parois du récipient – ce qui correspondait évidemment à ma posture dans l’église papiste, limitée dans sa dogmatique et coupée de la plénitude - et avait été transplantée en pleine terre - soit la réalité de la Vie telle qu’offerte en abondance dans la Révélation orthodoxe. Or, comme cela se passe concrètement en horticulture, la plante sortie du pot garde son « nœud de racines » intact, même une fois transplantée, durant une année entière avant qu’elle n’en fasse croître de nouvelles – après un cycle saisonnier complet - qui iront s’enfouir et se nourrir dans la pleine terre. Et de fait, après une année, je me suis senti dès lors relié et enraciné dans la Vie sans limite dont jusque-là un nombre d’obstacles me séparaient.
Ainsi, il m’avait fallu vivre un cycle liturgique annuel complet pour me sentir 100% orthodoxe.
En résumé, Dieu m’a offert et continue à m’offrir chaque jour, par Sa munificence ineffable, ce que je recherchais et dont j’étais affamé : à savoir, la Voie, la Vérité et la Vie.
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