"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 28 juin 2017

Archiprêtre Nicolas Yakouchine: UN VIEIL HOMME EN BLANC/ Saint Séraphim de Sarov et la Liturgie annuelle du 26 avril à Tchernobyl.



L'événement suivant s'est produit en 2001 et m'a profondément secoué. J'ai vu beaucoup de choses au cours de ma vie, mais cette histoire était importante et différente de toute autre chose. Cela m'a aidé à comprendre la place de l'accident nucléaire de Tchernobyl dans l'histoire de l'Église et dans la vie de l'univers dans son ensemble.

Les pêcheurs qui se trouvaient dans leurs bateaux sur la rivière Pripyat la nuit du 26 avril 1986 ont vu une brillante explosion de lumière au-dessus de l'église du Prophète Saint-Élie, suivie d'une autre explosion au dessus de la centrale nucléaire. Ce fut le signe décrit dans le livre de l'Apocalypse comme «une grande étoile, qui brûle comme une torche» [Apocalypse 8: 10-11]. Il y a une interconnexion spirituelle profonde entre cette explosion, l'histoire de l'Église et l'histoire du monde en général.

Eglise de Saint-Elie


Quand je suis venu officier dans le temple de Saint-Élie après la tragédie, le bâtiment et les terrains nécessitaient une restauration approfondie. Nous avons travaillé dur pour reconstruire l'église, et j'ai célébré des Liturgies régulières, même s'il y avait très peu de paroissiens.

Le 26 avril, ma première fois à cette église lors de l'anniversaire de la tragédie, j'ai prié et je me suis couché. Il y avait des gens veillant en ville et se souvenaient des victimes par des rituels séculiers: concerts, vodka... Je me suis endormi.

Ma fenêtre donne sur une falaise au-dessus de la rivière Pripyat. Je me souviens soudain de mettre réveillé la nuit et d'avoir regardé par la fenêtre. J'ai vu un vieil homme en robe blanche avec une barbe blanche et un bâton en main, marchant vers ma maison. J'ai reconnu le Vénérable Séraphim de Sarov, son visage, sa démarche et son aspect exactement tel que représenté dans les icônes. Saint Séraphim s'approcha de ma maison, s'arrêta devant ma fenêtre et me regarda de près. Il frappa le sol trois fois avec son bâton, puis se tourna vers la rivière et sortit par les portes de l'église vers la centrale électrique.

Ensuite, je me souviens de m'être retrouvé à nouveau au lit. J'ai allumé les lumières et j'ai vu que c'était 1h30: le moment précis où la catastrophe nucléaire a frappé. Effectivement! Le Seigneur avait envoyé saint Séraphim pour me réveiller et m'appeler à la prière et à veiller cette nuit-là.

J'ai immédiatement eu une idée: la catastrophe nucléaire était un des événements de l'histoire humaine, décrite dans le livre de l'Apocalypse: "Le troisième ange sonna de la trompette. Et il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau; et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux.Le nom de cette étoile est Absinthe; et le tiers des eaux fut changé en absinthe, et beaucoup d'hommes moururent par les eaux, parce qu'elles étaient devenues amères..."
L'absinthe est une plante largement répandue dans cette région, également appelée Chernobylnik, d'où le nom de la ville.

Il existe également un lien direct avec l'apparition de la Mère de Dieu Theotokos très pure au-dessus de Tchernobyl dix ans avant la tragédie. Cette terre devait être un lieu où les Saintes Écritures ont abouti, où la parole du Seigneur a divisé l'histoire humaine en "avant" et "après" la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.

J'ai toujours essayé de comprendre pourquoi le Seigneur avait choisi saint Séraphim pour révéler le sens spirituel de la tragédie. J'ai écrit une lettre au patriarche Alexis II, et nous avons correspondu pendant deux ans. En conséquence, notre église a reçu officiellement une partie des saintes reliques de saint Séraphim, que j'ai apportée personnellement de Diveyevo.

Saint Séraphim était un moine dévot, mais aussi un participant actif dans tous les événements importants de son époque. Il a commencé son voyage spirituel à Kiev, où il a vénéré les sites sacrés et les saints du monastère de Pechersk. Il voulait rejoindre les frères d'un monastère et recevoir une bénédiction pour aller à Sarov. Il a toujours été impliqué dans les affaires de sa patrie.



Depuis l'apparition de saint Séraphim à l'occasion de l'anniversaire de la tragédie, nous avons organisé des vigiles nocturnes et la sainte Liturgie dans la nuit du 26 avril à Tchernobyl. De nombreux archevêques, évêques et membres du clergé se sont joints à nous au fil des ans pour se souvenir des victimes, parmi lesquelles Pavel, le métropolite de Tchernobyl et le vicaire de la Laure de  Kiev-Pechersk, qui m'a ordonné à la prêtrise. Je crois que le Seigneur l'a délibérément fait le premier chef d'église en visite à Tchernobyl. De nombreux pèlerins sont également attirés par Chernobyl ce jour-là. Nous allons habituellement au cimetière pour célébrer un service funèbre pour les pompiers qui ont été les premiers à faire face au réacteur nucléaire en feu. Ainsi, par l'intermédiaire de saint Séraphim, le Seigneur nous a bénis pour rester éveillés et prier pendant l'heure où notre planète a subi une explosion nucléaire. En 2016, cette tradition [eut] 30 ans.

Il est peu probable que nous puissions toujours saisir la plénitude et l'importance des signes et événements entourant l'histoire de la tragédie nucléaire à Tchernobyl. Pourtant, il existe clairement un lien spirituel direct entre tous. Le Seigneur révèle tout ce qui est nécessaire dans son temps. Nous devons rester patients et inébranlables dans notre prière, car nous attendons de recevoir Son enseignement.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



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