"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 10 juillet 2015

Vladimir MOSS: Le pain de l'Eucharistie (2)




Saint Jean de Cronstadt

Le symbolisme du pain au levain est expliqué comme suit: "Ceux qui présentent des matsoth offrent de la chair morte, et non de la chair vivante. Car le levain dans la pâte est pour l'âme, et le sel pour l'esprit. Comment (alors) la matsa [pain azyme], qui ne dispose pas de telles choses, ne serait-elle pas inerte et morte et, en substance, mortifère? Pour notre Seigneur Jésus-Christ - Qui est Dieu parfait et homme parfait, en deux natures - qui a pris un corps doté d’une âme et aussi d’un corps de la toujours Vierge [Mère de Dieu], a donné comme image (de ce) du Mystère de la Nouvelle Alliance, un pain parfait, quand Il le bénit et le rompit et dit: "Prenez, mangez! Ceci est le pain du ciel, à la fois vivant et vivifiant pour ceux qui le mangent. Celui qui mange Ma Chair et boit Mon Sang demeure en Moi et Moi en lui." (Jean 6,56)

Le Seigneur nous a dit de prier pour notre pain "quotidien". Le mot grec très rare normalement traduit par "quotidien", επιουσιος, est mieux traduit comme «vital», «substantiel», ou, plus littéralement, comme «pour-l’être-de » nous les hommes. Ceci est le pain de l'Eucharistie, qui devient, à la suite de la descente de l'Esprit Saint, le Corps et le Sang du Christ [dans le vin], qui est vital pour notre bien-être éternel. Mais si, dit le patriarche Pierre, "nous prenons encore des matsoth, il est évident que nous sommes encore dans l'ombre de la loi de Moïse et que nous mangeons un repas juif, plutôt que la chair emplie de Logos (λογικην) et vivante de Dieu.

Mais ce retour à l'Ancienne Alliance a des conséquences très graves. Car saint Paul dit que "vous qui êtes justifiés par la loi, vous êtes coupés du Christ" (Galates 5.25). Et donc en ligne avec cela, le patriarche Pierre dit, "Je pourrais peut-être dire: Si vous mangez les matzoth  [pains azymes], le Christ ne sera d'aucune utilité pour vous. Car ceux-ci étaient commandés en mémoire de la fuite d'Egypte, et non (en mémoire) de Sa Passion salvatrice." 

Encore une fois, comme le moine Nicetas Stethatos l’a souligné auprès des Latins, l'utilisation des pains sans levain signifiait un retour à l’Ancien Testament: "Ceux qui participent encore à la fête des pains sans levain sont sous l'ombre de la loi, et ils consomment la fête des Juifs, et non pas la nourriture spirituelle et vivante de Dieu... Comment pouvez-vous entrer en communion avec le Christ, le Dieu vivant, tout en mangeant la pâte sans levain morte de l'ombre de la loi, et non la levure de la nouvelle alliance...?"

L’ utilisation des pains sans levain plutôt que les pains au levain, non seulement nous éloigne de l'exhaustivité et de la joie de la Pâques de la Nouvelle Alliance et nous fait retourner à l'incomplétude et à l'affliction de la Pâques de l’Ancienne Alliance. Elle menace également de nous attirer dans l'hérésie d’Apollinaire, qui a nié que le Seigneur incarné ait une âme et un esprit humain: "Quiconque communie au pain azyme, court involontairement le risque de tomber dans l'hérésie d’Apollinaire. Car ce dernier osa dire que le Fils et  Verbe de Dieu a seulement reçu de la Vierge Sainte un corps sans âme et sans esprit, en disant que la divinité prenait la place de l'esprit et de l'âme."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 
le texte de Vladimir Moss 
publié le 19 juin/ 2 juillet 2015  
en la fête du saint apôtre Jude
et de saint Jean [Maximovitch]

Aucun commentaire: