Tout était mis en place dans la vie d’Alla Mestcherova, apparemment comme il se doit: classes
d'audit à l'Académie Repin des Arts deSaint-Pétersbourg, puis apprentissage de
l'iconographie à "l’Ecole de Arts Ecclésiastiques" de Tver, si ce
n’était pour une chose: Alfia (comme ses parents l'ont nommée) a grandi dans
une famille musulmane, qui tenait pour sacrées les traditions de ses ancêtres.
Néanmoins, son âme a trouvé sa demeure dans le christianisme orthodoxe.
-Peu de musulmans, en particulier de femmes
musulmanes, se résolvent à changer de religion contre la volonté de leur
famille. Qu'est-il arrivé pour que la roue de l'histoire de votre famille
opère un si fort virage?
-Je suis née
dans une famille musulmane. Mes deux grands-mères étaient croyantes et priaient
le namaz [nom persan de la prière musulmane]. La mère de mon père était
particulièrement pieuse-elle priait plusieurs fois par jour selon la coutume
musulmane, et elle m'a appris les prières musulmanes. Malheureusement, les
prières ne me touchaient pas parce
que je devais les répéter en langue arabe, que je ne comprenais pas. Grand-mère
ne connaissait pas la traduction. Comme je m’en souviens, je cherchais une foi
consciente, et c’est pourquoi une relation de confiance avec Dieu n’est jamais devenue
tangible alors.
-Quand cela a-t-il commencé?
-Après
avoir fini l'école, j’ai continué
avec détermination à rechercher le sens de la vie, en commençant par [lire]
l'ensemble du Coran. Mais je n’ai pas trouvé les réponses à mes questions dans
ce livre sage, et j’ai donc commencé à lire divers philosophes: marxistes,
idéalistes, puis Soloviev, Berdyaev et Rozanov. Le dernier de ceux-ci me poussa
vers le Christ. Mais mon chemin vers Lui fut très épineux:
A la fin des années
1980, dans le contexte d'un intérêt général pour toutes les choses
paranormales, certaines "capacités" se sont ouvertes en moi, et pendant
plusieurs années j’ai été coincée dans le bourbier de l'ésotérisme, puis par l'acquisition
d'une masse de phobies diverses. Dans ma tête, il y avait alors, selon les paroles du
Père André Kouryaev, le plat favori de l'intelligentsia russe -une casserole avec
du bouddhisme, de l'ésotérisme, et de la théosophie. Tout était aromatisé à la
sauce islamique et poivré avec une vague idée de christianisme.
C’est alors que
j’ai commencé à lire les Évangiles, et je les mettais sous mon oreiller la
nuit, car alors seulement je pouvais dormir paisiblement; sans eux j’étais
tourmentée par des cauchemars.
En 1987, ma grand-mère est tombée malade du
cancer et en automne, elle était alitée, se souciant avant tout du fait qu’elle
serait très probablement morte en hiver et qu’on l'enterrerait dans le sol
froid. Puis j’ai eu une conversation purement fortuite avec mon professeur
pendant que je dessinais sur les rives de la rivière Smolenka, et je lui ai dit
comment ma grand-mère était proche de la mort depuis plus de deux semaines, et que
les médecins avaient dit qu'elle ne vivrait pas. Il m’a offert de m’emmener à sainte Xénia [de Saint-Pétersbourg], dont la chapelle n’était pas loin dans le
cimetière de Smolensk, parce que Xénia aide tout le monde.
Quand nous sommes
arrivés, il m'a montré où acheter un cierge et où le placer. Il était environ
quatre heures. J’ai prié dans mon cœur, demandant à [sainte] Xénia d’aider ma grand-mère
et de soulager sa souffrance. Pour une raison étrange, j’avais tellement
confiance dans une sainte orthodoxe que je ne connaissais même pas, que lorsque
je rentrais à la maison ce soir-là, je ne fus même pas surprise de voir ma
grand-mère marcher dans l'appartement, ni du fait qu'elle avait commencé à se
sentir mieux à précisément quatre heures.
-Après
cela, vous êtes venue à l'Orthodoxie
sans aucun doute?
Icône de la
Descente aux enfers de Novgorod
-Ce n’était
pas si simple. A ce moment, j’avais lu les Evangiles et je me rendais à l'église
régulièrement, mais je n'avais pas eu la volonté de me faire baptiser. Après
tout, c’est une étape sérieuse que de changer de foi. J’ai compris que ce
serait un coup dur pour mes parents, et je craignais pour leur santé. J’ai
seulement demandé au Seigneur de me donner un signe clair et compréhensible
pour que je puisse comprendre si c’était sa volonté que je sois baptisée.
Et un jour je suis venue à l'église sur la Smolenka. Il y avait encore deux heures avant le début des offices, pas beaucoup de gens présents, et je me tenais debout dans l'église adjaçante de sainte Xénia de Saint-Pétersbourg, en m'appuyant sur la colonne.
Soudain, l'espace autour de moi a changé, tout a disparu. Il n'y avait pas de plancher, pas de plafond, et rien du tout; mais ce n’était pas le vide, mais un bleu foncé épais, presque noir. C’était le noir que l’on voit dans la mandorle sur l'icône de Novgorod, "Descente aux enfers."
Pendant longtemps, je ne pouvais pas comprendre pourquoi l'espace était sombre et seulement quelques années plus tard, j’ai lu dans les écrits de Denys l'Aréopagite que les gens voient la Divine Lumière Incréée comme obscurité. Eh bien, elle était incroyablement belle, absolument incompréhensible, et mes sentiments étaient comme ce que l'enfant doit ressentir au sein de la protection et de l'amour de sa mère.
Puis depuis la brume enveloppant toute la zone, une main s’est tendue vers moi, tenant une croix sur une chaîne. Je tendis la main avec la paume de ma main, et quand ils ont placé cette croix en elle, je suis immédiatement retournée à la réalité. Le lendemain, je suis allée pour être baptisée, sans doute aucun.
Et un jour je suis venue à l'église sur la Smolenka. Il y avait encore deux heures avant le début des offices, pas beaucoup de gens présents, et je me tenais debout dans l'église adjaçante de sainte Xénia de Saint-Pétersbourg, en m'appuyant sur la colonne.
Soudain, l'espace autour de moi a changé, tout a disparu. Il n'y avait pas de plancher, pas de plafond, et rien du tout; mais ce n’était pas le vide, mais un bleu foncé épais, presque noir. C’était le noir que l’on voit dans la mandorle sur l'icône de Novgorod, "Descente aux enfers."
Pendant longtemps, je ne pouvais pas comprendre pourquoi l'espace était sombre et seulement quelques années plus tard, j’ai lu dans les écrits de Denys l'Aréopagite que les gens voient la Divine Lumière Incréée comme obscurité. Eh bien, elle était incroyablement belle, absolument incompréhensible, et mes sentiments étaient comme ce que l'enfant doit ressentir au sein de la protection et de l'amour de sa mère.
Puis depuis la brume enveloppant toute la zone, une main s’est tendue vers moi, tenant une croix sur une chaîne. Je tendis la main avec la paume de ma main, et quand ils ont placé cette croix en elle, je suis immédiatement retournée à la réalité. Le lendemain, je suis allée pour être baptisée, sans doute aucun.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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