9/22 février
Dimanche de l’abstinence des laitages, mémoire de
l’exil d’Adam du paradis – dimanche du Pardon
Saint Nicéphore d'Antioche, martyr (vers 257) ; inventions
des reliques de saint Innocent, évêque d’Irkoutsk (1805) et de saint Tykhon,
patriarche de Moscou et de toute la Russie (1992) ; saint Pancrace des
Grottes de Kiev (XIII) ; saint Nicéphore (1557) et saint Gennade (vers 1516) de
Vageozero ; saints Marcel, évêque de Sicile, Philagre, évêque de Chypre et
Pancrace, évêque de Taormine, martyrs (I) ; saint hiéromartyr Basile,
prêtre (1930) ; saint hiéromartyr Jean, prêtre (1938).
Lectures: Rom. XIII, 11-XIV, 4 ; Маtth. VI, 14-21
DIMANCHE DE L’ABSTINENCE DES LAITAGES
E
|
n ce dimanche, la sainte
Église fait mémoire de l’exil du paradis de nos premiers parents en raison de
leur désobéissance et leur absence de tempérance. Par cela est soulignée toute
l’importance du labeur du carême qui va commencer. En outre, dans la perte de
la béatitude paradisiaque, l’Église veut montrer ce qui est digne de la
pénitence et des larmes. « Voici le temps opportun, voici le temps du
repentir, écartons les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la
lumière : afin qu’en traversant l’océan du carême, nous atteignions la
Résurrection du troisième jour de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ qui
sauve nos âmes ». Par ces mots, nous sommes appelés à oublier dès ce
jour tout ce qui jusqu’à présent occupait nos pensées et nos sentiments et les
détournait « de l’unique nécessaire »
(Lc X, 42). Dans les lectures de l’épître et de l’Évangile, la sainte Église
nous présente ses dernières instructions concernant particulièrement l’ascèse
du carême. Le jeûne doit commencer par le pardon aux hommes de leurs
transgressions et la renonciation aux œuvres des ténèbres. Autrement dit, il convient d’accomplir
de façon non hypocrite les prescriptions du jeûne et d’adopter une attitude non
condamnable à l’égard du prochain. La réconciliation avec tous, le pardon à
tous de leurs péchés commis à notre égard, constitue la condition première,
principale et indispensable à notre réconciliation avec Dieu. Sans cette réconciliation
avec tous, on ne peut s’approcher du Seigneur et s’engager sur le stade du
carême et du repentir. De là vient l’usage orthodoxe de demander le pardon
mutuellement à la veille du Grand Carême. St Jean Chrysostome enseigne :
« nous devons pardonner aux autres non seulement en paroles, mais aussi
d’un cœur pur, afin de ne pas, par la mémoire des offenses, diriger le glaive
contre soi. Celui qui nous afflige ne nous fait pas autant de mal que
nous-mêmes, en nourrissant en soi la colère et nous exposant ainsi à la
condamnation de la part de Dieu. Si nous aimons celui qui nous offense, ce mal
retombe sur la tête de celui-ci, et il souffre ; mais si nous nous
indignons, nous souffrons nous-mêmes et ce à cause de nous-mêmes ».
Tropaire du dimanche du 4ème
ton
Свѣ́тлую воскресéнiя про́повѣдь отъ
Áнгела yвѣ́дѣвша Гoспо́дни yчени́цы и пра́дѣднee осужде́нie отве́ргша,
Aпо́столомъ xва́лящася глаго́лаху : испрове́́pжеся cме́рть, воскре́сe
Xpистócъ Бо́гъ, да́руяй мípoви ве́лiю ми́лость.
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Les saintes femmes, disciples du
Seigneur, ayant appris de l’Ange la radieuse nouvelle de la Résurrection,
rejetèrent la condamnation des premiers parents, et, pleines de fierté,
dirent aux Apôtres : « La mort a été dépouillée, le Christ est
ressuscité, donnant au monde la grande miséricorde ! »
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Kondakion du
dimanche de l’abstinence des laitages, ton 6
Пpeму́дpocти наста́вниче, смы́сла пода́телю, нему́дрыхъ наказа́телю, и ни́щихъ защи́тителю, yтвepди́, вpaзyми́ cépдце моé Bлады́ко : Tы́ да́ждь ми́ cло́во, Óтчее cло́во, cé бо ycтнѣ́ мои́ не возбpaню́, во éже зва́ти Тeбѣ́ : Mи́лостивe, поми́луй мя́ па́дшаго.
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Guide de
sagesse, Donateur de l’intelligence, pédagogue des insensés, protecteur des
pauvres, affermis et instruis mon cœur, Maître; accorde-moi la parole, ô
Parole du Père. Car voici, je n’empêcherai pas mes lèvres de Te crier :
Miséricordieux, aie pitié de moi qui suis tombé !
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Homélie de Saint Jean Chrysostome sur l’épître
du jour
Après leur
avoir donné tous les préceptes convenables, l’apôtre Paul incite à la pratique
du bien par la considération de l'urgence. Le jugement, dit-il, est à nos
portes; c'est ainsi qu'il écrivait aux Corinthiens : « Le temps est court » (I
Cor. VII, 29), et aux Hébreux : « Encore un peu de temps, et Celui qui doit
venir, viendra et ne tardera pas ». (Hébr. X, 37.) Mais, dans ces lettres, il
ranimait les fidèles au milieu de leurs épreuves; ses paroles avaient pour but
de rafraîchir les combattants inondés de sueur, de les consoler des
persécutions qu'ils subissaient coup sur coup; ici, au contraire, l'apôtre
réveille des endormis; car voilà la double utilité que nous pouvons retirer de
ses réflexions. Mais que signifie ce qu'il dit : « Que c'est l'heure de nous
réveiller de notre assoupissement? » Cela veut dire, la résurrection approche;
le jugement redoutable approche; le jour approche qui sera comme un four
embrasé, il faut enfin secouer notre engourdissement. « Puisque nous sommes
plus proches de notre salut que lorsque nous avons reçu la foi ». Voyez-vous
comme il leur montre déjà la résurrection? Le temps marche, dit-il, la vie
présente se consume, la vie à venir se rapproche de nous. Si donc vous êtes
prêt, si vous avez accompli toutes les prescriptions, voici le jour du salut;
si vous n'en avez rien fait, il n'en est pas de même. Mais, jusqu'à ce moment,
ce ne sont pas les pensées tristes, mais les pensées riantes qui lui
fournissent ses exhortations; et, par ce moyen, il les affranchit de tout
regret des choses présentes. Ensuite, comme il était à croire qu'ils avaient été
plus ardents au commencement, quand leur ferveur était dans toute sa force;
qu'à la longue leur zèle s'était refroidi, l'apôtre leur dit que c'est une
disposition toute contraire qu'ils doivent faire paraître; qu'ils ne doivent
pas se relâcher au fur et à mesure que le temps avance, mais bien plutôt
montrer plus d'ardeur que jamais. C'est en effet quand le roi est sur le point
d'arriver qu'il convient de faire de plus grands préparatifs; c'est quand
l'heure des prix approche, qu'il convient de s'animer le plus aux combats;
ainsi font les coureurs; c'est vers la fin de la course, au moment de recevoir
les prix, qu'ils s'animent le plus. Voilà pourquoi l'apôtre dit : « Puisque
nous sommes plus proches de notre salut que lorsque nous avons reçu la foi. La
nuit est déjà fort avancée, et le jour s'approche ».
Donc si la
nuit s'en va, si le jour approche, faisons désormais les oeuvres du jour, non
celles de la nuit. C'est la conduite que nous tenons dans la vie ordinaire;
quand nous voyons venir le point du jour qui hâte le départ de la nuit, quand
nous entendons chanter l'hirondelle, chacun de nous réveille son voisin,
quoique la nuit n'ait pas encore disparu; quand elle a tout à fait cédé la
place au jour, alors nous nous empressons tous en répétant les uns aux autres :
Il est jour, et nous entreprenons toutes les oeuvres qui se font le jour, nous
passons nos vêtements, nous secouons nos songes, nous chassons le sommeil, pour
que le jour nous trouve préparés, nous voulons avant que les rayons du soleil
aient brillé, être sur pied et à l'ouvrage. Ce que nous faisons dans ces
circonstances, faisons-le ici : rejetons nos visions, débarrassons-nous des
songes de la vie présente, secouons l'assoupissement profond; en guise de
vêtements, revêtons-nous de vertu, c'est tout ce que veulent dire ces paroles :
« Quittons donc les œuvres de ténèbres, et revêtons-nous des armes de lumière
». Car c'est à la mêlée, à la bataille que le jour nous appelle. Mais ne vous
troublez pas à ces mots d'armes et de mêlée. Les armes matérielles sont
pesantes et pénibles à porter, nos armes à nous sont désirables et dignes
d'envie, ce sont des armes de lumière; elles vous rendent plus éclatant que le
soleil, elles vous font resplendir au loin d'une éblouissante clarté; elles
sont pour vous un solide rempart: car ce sont des armes, et elles vous font
rayonner, parce que ce sont des armes de lumière. Quoi donc? Ne faut-il pas
combattre? Sans doute il faut combattre, c'est une nécessité; mais il n'y a ni
fatigue ni peine à supporter; car notre guerre à nous c'est une danse, c'est
une fête. Telles sont nos armes, telle est la puissance de Celui qui commande
nos légions. Beau comme l'époux qui sort de la chambre nuptiale, tel est celui
qui se munit de ces armes; car c'est tout ensemble un soldat, un époux.
Maintenant, quand l'apôtre dit que « le jour approche », il n'entend pas dire
seulement qu'il va venir, mais qu'il reluit déjà; en effet, il ajoute : «
Marchons avec honnêteté comme on marche pendant le jour ». Car il fait jour
déjà. Le motif qui ordinairement a le plus de puissance auprès du grand nombre,
lui sert ici à entraîner les fidèles, la bienséance : attendu qu'ils sont fort
jaloux de bonne renommée. L'apôtre ne dit pas : Marchez, mais : « Marchons »,
afin de mieux faire accepter L'exhortation et d'adoucir la réprimande. « Point
de débauches, d'ivresses ». Il ne défend pas de boire, mais de dépasser la
mesure; il ne proscrit pas l'usage, mais l'abus du vin; c'est avec la même
modération de langage qu'il continue. « Point d'impudicités, de dissolutions ».
Il ne supprime pas la fréquentation des femmes, mais la fornication. « Point de
querelles, ni d'envie ». Il veut éteindre les foyers où s'allument les passions
mauvaises, étouffer la concupiscence et la colère. Il ne suffit pas à l'apôtre
de combattre ces passions en elles-mêmes, il en tarit les sources. Rien
n'embrase la concupiscence, rien n'enflamme la colère comme le vin et
l'ivresse. Aussi, est-ce après « Point de débauches, d'ivresses », qu'il dit: «
Point d'impudicités, de dissolutions, point de querelles ni d'envie ». Et il ne
s'arrête pas là; mais, quand il nous a débarrassés de nos mauvais vêtements,
écoutez de quelle parure il nous embellit par ces paroles : « Mais revêtez-vous
de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». II ne parle plus d'œuvres à faire, mais il
s'exprime d'une manière plus propre à encourager. Quand il s'agissait du vice,
il parlait d'oeuvres; mais maintenant qu'il s'agit de la vertu, il ne parle
plus d'oeuvres, mais d'armes, afin de montrer par cette expression que la vertu
orne en même temps qu'elle protège celui qui la possède. Et l'apôtre ne
s'arrête pas là; il élève beaucoup plus haut son discours, il conçoit une image
d'une redoutable grandeur; c'est le Seigneur même qu'il nous donne pour
vêtement, le Roi des rois. Celui qui en est revêtu possède la vertu parfaite
dans son intégrité. Ces paroles : « Revêtez-vous », nous prescrivent de nous en
envelopper complètement. C'est la même pensée que l'apôtre exprime ailleurs : «
Si Jésus-Christ est en vous » (Rom. VIII, 10); et encore : « Que dans l'homme
intérieur habite le Christ ». (Ephés. III, 16, 17.) Ce qu'Il veut en effet,
c'est que notre âme soit Son domicile, c'est que le Christ soit pour nous comme
un vêtement, c'est qu'Il soit tout pour nous, et au dedans, et au dehors.
LES RÈGLES
DU JEÛNE
Le typicon –
livre qui détermine l’ordo des
offices et les règles du jeûne - prescrit pour le Grand Carême l’abstinence de
viande, du lait, des œufs et poisson. Il autorise le vin et l’huile le samedi
et le dimanche, le jeudi du grand Canon de St André de Crète et le Jeudi
Saint. Le poisson ne sera permis cette année que lors du dimanche
des Rameaux. La fête de l’Annonciation de la Très Sainte Mère de Dieu
coïncidant cette fois le mardi de la Grande Semaine, il n’y aura que dispense
d’huile et de vin. Le samedi de Lazare, les œufs de poissons sont permis. En
tout état de cause, il convient de jeûner avec discernement, selon ses forces,
ayant en vue que, selon les Pères de l’Église, il faut tuer les passions et non point le corps. St Païssy
Velitchkovsky écrit à ce sujet : « chacun a sa conscience pour mesure
et maître intérieur. Il ne peut y avoir une seule règle et une même ascèse pour
tous, parce que les uns sont forts et les autres sont faibles, les uns sont
comme le fer, les autres comme le cuivre, d’autres encore comme la cire... Un
jeûne modéré et raisonnable, c’est là le fondement et le chef de toutes les
vertus ». Le carême n’est pas seulement l’abstinence de certaines formes
de nourriture, son but est la
purification de l’âme. C’est à cela précisément qu’il doit servir.
LECTURES
DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc. XXIV, 12-35
Liturgie : Hébr. XI, 24-26, 32 – XII.2 ; Jn. I,
43-51
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